Fintech africain : levée historique de 640 millions de dollars au 1er semestre 2025, avec Wave en tête
Le contraste sectoriel est frappant (Crédit image : IFC)
Les points clés :
Le secteur fintech africain a levé 640 millions USD au premier semestre 2025, affirmant à nouveau sa domination sur les capitaux-risque continentaux.
Les cinq plus grosses opérations, menées par Wave, Bokra, Stitch, LemFi et Tasaheel, concentrent l’essentiel des fonds injectés.
La fintech représente 45 % du total des investissements technologiques (1,42 milliard USD) pour le semestre, loin devant la santé, l’énergie ou la logistique.
Le paysage du capital-risque africain connaît un puissant retour en grâce. Le secteur fintech s’impose plus que jamais, avec une levée de fonds de 640 millions USD au premier semestre 2025 (“Africa: The Big Deal”). Ce regain place la fintech au cœur du financement technologique sur le continent.
Quatre méga-opérations ont particulièrement soutenu cette dynamique : Wave Money, avec un financement par dette de 137 millions USD, Bokra (Égypte) qui a levé 59 millions USD, Stitch (Afrique du Sud) à 55 millions USD, LemFi (Nigeria) à 53 millions USD, et MNT-Halan via Tasaheel à 50 millions USD. Ces cinq transactions seules constituent l’épine dorsale de cette résurgence.
Le contraste sectoriel est frappant. Selon TechCabal, sur le total de 1,42 milliard USD levés par les startups africaines au S1 2025, près de 45 % de ce montant revient à la fintech, loin devant la santé (158,6 milliards), l’énergie et l’eau (219,4 millions). Là où la fintech opère surtout sur de gros tickets, 31 % des deals > 1 million USD et 46 % des deals > 10 millions, elle ne couvre que 21 % des petites levées (100 000 à 1 million), mais avec une valeur médiane bien plus élevée (1,7 million USD).
Cette surperformance fintech s’inscrit dans une reprise massive du financement global en 2025 : les startups africaines ont mobilisé 1,35 à 1,42 milliards USD en H1, soit une hausse de 78 % par rapport à l’année précédente. Les financements en équité atteignent 947 à 950 millions USD, tandis que les dettes augmentent de 55 %, à 400 millions USD, grâce notamment à l’opération record de Wave.
Au-delà des chiffres, ce regain témoigne d’une maturité croissante de l’écosystème africain des startups, qui aspire à la consolidation, aux partenariats stratégiques (M&A), et à un financement plus sélectif et impactant.
Pourquoi est-ce important ?
Avec 640 millions USD levés en six mois, la fintech s’affirme comme le pilier du financement privé africain. Elle entraîne une restructuration du modèle entrepreneurial et attire des capitaux plus conséquents et structurants. Wave, Bokra, Stitch et les autres enrichissent l’écosystème d’exemples de réussite, de croissance et d’impact régional.
Cette tendance contribue à réduire la dépendance aux capitaux étrangers dispersés, en ancrant des modèles digitaux adaptés aux réalités africaines. Elle alimente aussi le financement de projets à fort potentiel social, inclusion financière, santé digitale, énergie propre, reflétant une approche plus axée sur l’impact collectif, notamment face aux besoins immenses des populations.
Enfin, la dominance fintech montre l’émergence d’un tissu technologique solide, capable demain de passer de la consommation de technologie à sa production locale. C’est un tournant pour l’Afrique, dans sa quête d’autonomie économique et de transformation durable.