Déclin inexorable des majors pétroliers africains : grosse alerte sur une dépendance dangereuse
L’avenir s’annonce sombre sans un virage stratégique (Crédit image : 360Afrique)
Les points clés :
La production pétrolière africaine plafonne à 6,6 millions de barils par jour (mb/j) en juin 2025, soit seulement 2,76 % de la production mondiale, estimée à 105 mb/j.
Le Nigeria, premier producteur du continent, affiche un timide rebond à 1,547 mb/j en juin, contre un pic de 2,5 mb/j en 2005, mais ce redressement s’explique davantage par une réduction du vol de pétrole que par une réelle montée en production.
L’Angola, la Libye et l’Algérie sont dans une dynamique similaire : production en baisse chronique, forte dépendance aux hydrocarbures (jusqu’à 98 % de leurs exportations), et infrastructures vieillissantes.
Au 1er semestre 2025, les données de juin mettent en lumière la fragilité croissante des producteurs africains de pétrole. Le continent ne contribue qu’à 6,6 mb/j, soit moins de 3 % de l’offre mondiale. Le Nigeria, historiquement leader, peine à retrouver son lustre d’antan : sa production, en partie relancée à 1,547 mb/j, reste loin du pic de 2,5 mb/j atteint en 2005. Ce rebond récent reflète davantage une réduction du siphonnage (vol) de pétrole que de véritables gains de production.
L’Angola est confrontée au même constat. Sa production s’est stabilisée autour de 1,1 mb/j début 2025, contre 2 mb/j au pic de 2008. Malgré son retrait de l’OPEP et des incitations fiscales, les perspectives restent limitées, dans un contexte de déclin régulier.
La Libye, détentrice des plus grandes réserves africaines, ne parvient pas à franchir le cap du redressement économique : la production reste volatile, en raison notamment de l’instabilité politique et de l’absence de réformes incitatives pour attirer les majors.
Quant à l’Algérie, son déclin est tout aussi alarmant : la production a chuté à 0,92 mb/j, loin des 1,5 mb/j de 2019, et surtout des 1,9 mb/j enregistrés en 2007. D’ici 2050, elle pourrait perdre jusqu’à 65 % de sa production par rapport à 2019, menaçant profondément ses exportations d’autant que 80 % de l’énergie consommée sera d’origine domestique.
Pourquoi est-ce important ?
Cette érosion de la production pétrolière africaine n’est pas qu’un phénomène statistique : elle met en péril la stabilité économique de pays dont les budgets sont extrêmement dépendants des hydrocarbures. Déchelles fragiles, revenus en baisse, inquiétudes budgétaires aiguës : l’avenir s’annonce sombre sans un virage stratégique.
La nécessaire diversification des économies devient urgente. Les gouvernements africains doivent adoucir le terrain pour les investissements étrangers, sécuriser leurs champs vieillissants, soutenir le développement des secteurs non-pétroliers (agro-industrie, énergies renouvelables, technologies…), et institutionnaliser la transparence dans la gestion des ressources naturelles.
Plus largement, pour préserver leur souveraineté économique, l’Afrique doit transformer cette dépendance historique en opportunité. Le continent ne peut plus être un simple fournisseur de matières premières, il doit devenir acteur de la valeur ajoutée et de l’innovation, tout en sécurisant les équilibres macroéconomiques de demain.