Togo : l’OACI distingue la sûreté aéronautique togolaise, un atout pour le hub aérien ouest-africain

Parce que le secteur aérien est un vecteur de développement


Les points clés :

  • Le Togo a obtenu un taux de conformité de plus de 90 % lors de l’audit USAP-CMA 2025, se classant 1er en Afrique de l’Ouest et du Centre, 2ᵉ en Afrique, 3ᵉ au monde.

  • Cette certification OACI renforce la crédibilité de l’aviation civile togolaise et accroît l’attractivité du pays comme hub aérien régional.

  • La performance est le fruit d’efforts institutionnels, d’investissements dans la régulation et de la volonté politique de se conformer aux normes internationales.


L’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI) conduit régulièrement des évaluations de la sûreté aérienne des États membres via le programme USAP-CMA (Universal Security Audit Programme – Continuous Monitoring Approach). L’objectif est de vérifier le degré de conformité des États aux normes et pratiques recommandées (SARPs) de l’OACI, notamment celles des annexes 17 (sécurité) et 9 (facilitation). Ce mode d’audit combine des évaluations sur pièce, des audits sur site et une surveillance continue.

Du 25 février au 6 mars 2025, une mission USAP-CMA a été déployée au Togo pour auditer son système national de sûreté aéronautique. Le Togo a atteint un taux de conformité supérieure à 90 %, ce qui lui a valu la reconnaissance du certificat de reconnaissance OACI. Ce score le classe 1er en Afrique de l’Ouest et du Centre, 2ᵉ en Afrique, et 3ᵉ au plan mondial, derrière le Kenya (91 %) et Israël (99 %).

La remise officielle de cette distinction a eu lieu le 23 septembre 2025 à Lomé, à l’occasion de la 42ᵉ Assemblée de l’OACI à Montréal, où le Colonel Idrissou Abdou Ahabou, directeur général de l’ANAC-Togo, a représenté le pays.

Cette reconnaissance n’est pas purement symbolique. Elle atteste que le Togo a su structurer une supervision rigoureuse, appliquer les normes internationales de façon effective, et démontrer une surveillance crédible des acteurs aéroportuaires et des exploitants aériens.

Signification institutionnelle et stratégique

Pour le Togo, cette performance est une rupture dans le paysage régional de l’aviation. Beaucoup d’États africains peinent à franchir les seuils de conformité exigés, notamment dans les domaines de la formation, de la supervision nationale, du contrôle qualité, de la réglementation, des audits internes et de la réactivité aux déficiences.

Le choix de valoriser la sûreté aérienne s’inscrit dans une vision stratégique de positionnement du Togo comme hub. En démontrant un niveau élevé de sécurité reconnu à l’échelle internationale, Lomé peut attirer davantage de compagnies aériennes internationales, promouvoir des liaisons transitives, renforcer la confiance des investisseurs dans les infrastructures aéronautiques locales et améliorer l’intégration dans les chaînes logistiques.

Le Colonel Ahabou a salué ce succès comme le fruit de la mobilisation collective, de l’engagement du président Faure Gnassingbé et du renforcement des capacités de l’ANAC-Togo. En substance, cette distinction certifie que le Togo est désormais perçu comme un État fiable en matière de sûreté aérienne.

Enjeux, défis et leviers

Obtenir un taux de conformité élevé est une première étape : il faut ensuite maintenir, améliorer et pérenniser ce niveau. Les audits USAP-CMA évaluent non seulement les états actuels, mais aussi la capacité à corriger les déficiences, la qualité du contrôle, la formation des personnels, la supervision régulière et la réactivité face aux risques.

Un défi récurrent pour les États africains est le financement et la spécialisation technique : prévoir des ressources pour la formation continue, les audits internes, les mises à niveau technologiques (scanners, filtrage, systèmes de monitoring), le contrôle de la sûreté des installations et des personnels, etc.

Dans ce contexte, le Togo devra structurer des plans correctifs (Corrective Action Plans, CAP) pour traiter les observations de l’audit, maintenir les systèmes de retour d’expérience, et intégrer les évolutions des normes OACI. La nature continue du monitoring (CMA) impose que les États ne se reposent pas sur leurs lauriers.

Un autre défi pour le Togo est d’étendre cette crédibilité auprès des partenaires aériens, compagnies internationales, assurances et institutions financières. En d’autres termes, traduire cette certification en avantages opérationnels (meilleures fréquences, croissance du trafic, nouveaux accords de connectivité).

Enfin, le Togo doit insérer son avantage dans une stratégie régionale : stimuler les synergies avec les États voisins, faciliter les accords de transport aérien, encourager les routes multi-escales via Lomé, et promouvoir une vision logistique intégrée ouest-africaine.

Perspectives et retombées économiques

Cette reconnaissance pourrait accélérer l’essor du transport aérien au Togo. En renforçant la confiance, les compagnies pourraient programmer des escales, des correspondances régionales, voire des hubs de fret aérien. Le passage de transit est un levier souvent négligé : un hub sûr attire des opérateurs logistiques, des chaînes de valeur liées au transport aérien, des services adjacents (maintenance, carburant, services aéroportuaires, formation, sécurité privée).

Sur le plan touristique, une aviation civile reconnue pour sa sûreté est un argument non négligeable pour attirer des flux de passagers venant de marchés éloignés. Les investisseurs en infrastructure aéroportuaire (terminaux, fret, plateformes) pourraient être davantage enclins à financer des expansions.

À plus large échelle, cette performance place le Togo parmi les États africains les plus avancés dans le domaine de la sûreté aérienne, ce qui peut servir d’exemple régional. D’autres pays ouest-africains pourraient s’inspirer de cette démarche, échanger des bonnes pratiques, mutualiser des programmes de formation ou de coopération technique.

L’aviation est aussi un creuset de technologie, de compétences, de connectivité et d’intégration régionale. Un secteur aérien solide renforce les maillages économiques, les connexions internationales, et contribue indirectement aux secteurs du commerce, de la logistique, de l’environnement des affaires.

Pourquoi est-ce important ?

Parce que la sûreté aéronautique n’est pas un luxe abstrait : elle conditionne la sécurité des passagers, la crédibilité du transport aérien, les assurances, et la viabilité des liaisons. Une mauvaise réputation ou des audits défavorables dissuadent compagnies, assureurs et investisseurs. Avec cette reconnaissance OACI, le Togo réduit les barrières à l’entrée pour les opérateurs internationaux et abaisse le coût de la confiance.

Parce que dans une région ouest-africaine souvent confrontée à des défis d’infrastructure, de réglementation, de sécurité et de coopération, le Togo démontre que des pays de taille modeste peuvent atteindre des standards internationaux si la volonté politique, les ressources et la rigueur technique convergent.

Parce que le secteur aérien est un vecteur de développement : il connecte les marchés, facilite le commerce, la mobilité des personnes, le tourisme, les investissements étrangers. Une aviation civile forte, sûre et reconnue contribue à rendre un pays attractif, à fluidifier les échanges régionaux et à renforcer l’intégration sous-régionale.

En somme, cette distinction OACI donne au Togo un capital de crédibilité sur lequel bâtir des stratégies de croissance, d’aviation régionale et d’influence aéronautique. C’est une victoire formelle, mais aussi une invitation à capitaliser sur cet acquis, à maintenir l’effort, à renforcer la coopération régionale et à transformer la confiance en retombées économiques concrètes.

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