Ghana : après un gain de 50 %, le cedi chute de 13 % face au dollar, la faute aux importations

Les points clés :

  • Le cedi ghanéen s’effondre de 13 % au 3ᵉ trimestre, malgré une hausse de 50 % au précédent, tirée par le prix de l’or.

  • La demande de dollars par des entreprises importatrices excède l’offre disponible, la Banque du Ghana ne fournissant que la moitié des devises demandées.

  • Les réserves rassurantes de 11,1 milliards USD offertes en juin ne suffisent pas à stabiliser le marché, malgré l’objectif de conserver une volatilité maîtrisée.

De champion insolite dans les premiers mois de 2025, le cedi ghanéen est redevenu l’une des devises les plus fragiles du globe. Après une envolée spectaculaire de près de 50 % au premier semestre, portée par une montée des cours de l’or, la monnaie s’est effondrée de 13 % depuis début juillet, un recul qui en fait la pire performance mondiale sur cette période.

Ce retournement s’explique pour l’essentiel par un déficit de l’offre en dollars sur le marché ghanéen, où les entreprises importatrices n’ont reçu qu’environ la moitié de leurs demandes auprès de la Banque du Ghana, comme l’a confié Hamza Adam (UMB Bank) à des médias locaux. Cette tension est exacerbée par un afflux d’importations saisonnières, alors que les entreprises se préparent aux fêtes de fin d’année.

Malgré un niveau de réserves internationales brutes atteignant 11,1 milliards USD à fin juin, le plus haut en trois ans, la Banque, tout en se voulant rassurante, adopte une posture prudente face à une volatilité trop marquée qu’elle juge incompatible avec la confiance macroéconomique.

Pourtant, sur l’ensemble de l’année, le cedi conserve un gain appréciable de 23 %, encore soutenu par les revenus aurifères et la confiance des investisseurs du premier semestre. Cela étant, l’inflation continue de refluer : elle s’établissait à 11,5 % en août, un niveau historiquement bas depuis 2021, grâce à une politique monétaire prudente, avec un taux directeur ramené à 25 %, et un renforcement progressif de la stabilité macroéconomique.

Pourquoi est-ce important ?

Le cas du cedi illustre sa double condition de baromètre macroéconomique : volatile selon les cycles des matières premières, mais aussi sensible aux tensions externes liées aux importations. Cette forte fluctuation souligne les vulnérabilités structurelles d’une économie très dépendante des flux de biens étrangers.

La capacité de la Banque du Ghana à naviguer entre le maintien des réserves et la gestion de la trésorerie en devises est cruciale pour éviter un effondrement en spirale du cedi, qui aurait des répercussions directes sur l’inflation, les coûts de financement et le pouvoir d’achat.

Dans un contexte régional où plusieurs banques centrales africaines accumulent de l’or comme réserve de valeur, ces stratégies comportent des risques de liquidité qu’il faudra surveiller, notamment si les prix de l’or venaient à fléchir.

Enfin, l’avenir du cedi dépendra de l’équilibre à trouver entre stabiliser la monnaie, maitriser la demande de dollars et dynamiser les revenus d’exportation (or, cacao, pétrole). Une trajectoire exigeante, essentielle pour restaurer la confiance et consolider une croissance durable.


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