Controverse autour d’une proposition de la GSMA de réduire la qualité d'Internet pour en étendre l'accès en Afrique

Internet en Afrique (Crédit image : RFI)

Les points clés :

  • La GSMA suggère d'assouplir les normes de qualité de service pour accélérer la couverture Internet en Afrique.​

  • Cette approche pourrait diminuer les coûts d'investissement et rendre l'accès plus abordable.​

  • Des experts expriment des réserves quant aux conséquences potentielles sur la qualité et la fiabilité des services.

L'Afrique subsaharienne affiche un taux de pénétration d'Internet d'environ 40 %, le plus faible au monde. Pour remédier à cette situation, l'Association mondiale des opérateurs de téléphonie mobile (GSMA) propose de réduire les exigences en matière de qualité de service (QoS), estimant que des normes trop strictes freinent les investissements, notamment dans les zones rurales et périurbaines. ​

Selon la GSMA, doubler les exigences de débit peut augmenter les coûts d'infrastructure de 20 à 50 %. Un assouplissement des critères de fiabilité 4G, par exemple de 95 % à 50 % aux heures de pointe, pourrait réduire de 30 % le coût de fourniture du haut débit universel en Afrique subsaharienne. ​

Cette stratégie vise à rendre les investissements plus viables et à abaisser les tarifs pour les consommateurs. Le rapport de la GSMA prévoit qu'une approche moins exigeante en matière de QoS pourrait diminuer de 33 % le prix des données mobiles d'ici 2028 et augmenter de 23 % le nombre d'utilisateurs d'Internet par rapport au scénario actuel. ​

Cependant, cette proposition suscite des débats. Certains experts craignent que la diminution de la qualité pénalise les utilisateurs, notamment les entreprises nécessitant une connexion stable pour des services tels que la vidéo à la demande, le gaming ou le cloud. D'autres plaident pour des investissements publics accrus dans les infrastructures télécoms haut débit et une politique fiscale incitative pour les opérateurs. ​

Pourquoi est-ce important ?

L'accès à Internet est un levier essentiel pour le développement économique et social en Afrique de l'Ouest. Une connectivité fiable favorise l'innovation, l'éducation et l'inclusion financière. Les gouvernements de la région, comme ceux du Bénin, du Togo et de la Côte d'Ivoire, ont élaboré des stratégies nationales ambitieuses pour étendre l'accès à Internet haut débit à l'ensemble de leurs populations. Toutefois, la mise en œuvre de ces plans reste à ses débuts. La proposition de la GSMA soulève donc des questions cruciales sur l'équilibre entre l'extension de la couverture Internet et le maintien de standards de qualité indispensables au développement durable de l'économie numérique en Afrique de l'Ouest.​

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