L’Afrique face au défi de l’intelligence artificielle : une opportunité à 1 500 milliards de dollars
Nouvelles technologiques et IA en Afrique (Crédit image : Emile Mag)
Les points clés
L’intelligence artificielle (IA) pourrait ajouter jusqu’à 1 500 milliards de dollars au PIB africain d’ici 2030, selon Google.
Le continent est freiné par des lacunes en infrastructures numériques, en données exploitables et en compétences spécialisées.
Des initiatives émergent en Afrique de l’Ouest pour combler ces écarts, mais les efforts doivent s’intensifier.
Lors du Sommet économique nigérian d’octobre 2024 à Abuja, Olumide Balogun, directeur de Google pour l’Afrique de l’Ouest, a estimé que l’intelligence artificielle (IA) pourrait contribuer à hauteur de 1 500 milliards de dollars au PIB africain d’ici 2030. Ce chiffre reflète le potentiel de l’IA pour transformer des secteurs clés tels que l’agriculture, l’énergie, la santé et les services publics.
Cependant, un rapport de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) souligne que l’Afrique est actuellement mal préparée pour exploiter pleinement ce potentiel. Trois domaines critiques sont identifiés : les infrastructures numériques, la disponibilité des données et les compétences en IA.
Trois défis majeurs identifiés par la CNUCED
Le rapport 2025 de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) met en lumière trois obstacles principaux à l’adoption de l’IA en Afrique.
Infrastructures numériques : un retard persistant
En 2024, seulement 38 % des Africains avaient accès à Internet, contre une moyenne mondiale de 68 %, selon l’Union internationale des télécommunications (UIT) . Ce faible taux de connectivité limite l’accès aux services numériques et freine le développement de l’IA.
En matière de centres de données, l’Afrique ne représente que 1 % de la capacité mondiale. Pour remédier à cette situation, la Banque mondiale, via la Société financière internationale (IFC), a investi 100 millions de dollars dans le groupe Raxio pour développer des centres de données dans plusieurs pays africains, dont l’Éthiopie, l’Angola et la Côte d’Ivoire.
Par ailleurs, Microsoft et l’entreprise émiratie G42 ont annoncé un investissement d’un milliard de dollars pour construire un centre de données au Kenya, alimenté par de l’énergie géothermique. Ces initiatives visent à renforcer l’infrastructure numérique du continent.
Données : une ressource encore sous-exploitée
L’IA repose sur la disponibilité de données de qualité. Or, la faible numérisation des services publics et privés en Afrique limite la collecte et l’exploitation de données pertinentes.
Selon l’indice 2024 de développement du gouvernement électronique, seuls deux pays africains — l’Afrique du Sud et l’île Maurice — affichent un score très élevé . La majorité des pays du continent restent en dessous de la moyenne mondiale, ce qui entrave le développement de solutions d’IA adaptées aux réalités locales.
Compétences : un besoin urgent de formation
Le manque de compétences en IA constitue un obstacle majeur. La CNUCED note que les pays africains enregistrent des scores faibles en matière de développeurs et de diplômés dans les domaines technologiques.
Initiatives prometteuses en Afrique de l’Ouest
Malgré ces défis, plusieurs projets émergent pour renforcer l’écosystème numérique en Afrique de l’Ouest :
La Banque mondiale, via la Société financière internationale (IFC), investit 100 millions de dollars dans Raxio Group pour développer des centres de données en Éthiopie, Angola, Côte d’Ivoire, Mozambique, RDC et Ouganda.
Microsoft et la société émiratie G42 prévoient d’investir 1 milliard de dollars dans un centre de données au Kenya, alimenté par l’énergie géothermique, pour étendre les services cloud en Afrique de l’Est.
Des programmes de formation aux compétences numériques, tels que ceux de Digify Africa, se multiplient pour préparer la jeunesse africaine aux métiers de demain.
Pourquoi est-ce important ?
L’adoption de l’IA en Afrique pourrait transformer l’économie du continent, en améliorant la productivité, en créant des emplois et en favorisant l’innovation. Cependant, sans investissements significatifs dans les infrastructures numériques, la collecte de données et la formation aux compétences technologiques, l’Afrique risque de rester en marge de la révolution de l’IA.
Des efforts concertés sont nécessaires pour combler ces lacunes. Les initiatives en cours dans des pays comme le Kenya, le Nigeria et l’Égypte montrent la voie, mais une approche panafricaine est essentielle pour garantir que l’ensemble du continent bénéficie des avantages de l’IA.