Recul des impôts miniers sur l’or en Afrique de l’Ouest : une baisse de 13 % en 2024, atteignant 296 millions de dollars

De l’Or (Crédit image : Pouvoir d’Afrique)

Les points clés :

  • Les impôts payés par Endeavour Mining en Afrique de l’Ouest ont chuté de 13 % en 2024, atteignant 296 millions de dollars.

  • La mine d’or Ity en Côte d’Ivoire est le plus grand contributeur fiscal, avec 78 millions de dollars, tandis que la mine Sabodala-Massawa au Sénégal a vu ses impôts baisser de 34 %.

  • Malgré cette baisse, la compagnie a augmenté les versements à ses actionnaires en 2024, distribuant 277 millions de dollars sous forme de dividendes et de rachats d'actions.

Endeavour Mining, premier producteur d’or en Afrique de l’Ouest, a annoncé une baisse de 13 % de ses paiements fiscaux dans la sous-région en 2024. Cette réduction, qui s'élève à 296 millions de dollars contre 340 millions en 2023, affecte particulièrement les contributions aux gouvernements de Côte d'Ivoire, du Sénégal et du Burkina Faso, trois pays où le secteur minier joue un rôle crucial dans les recettes fiscales.

Les contributions fiscales par pays : Côte d’Ivoire en tête, Sénégal en recul

Les résultats financiers publiés par Endeavour Mining montrent une disparité dans la répartition des contributions fiscales. La mine d’or Ity, située en Côte d'Ivoire, se positionne comme la principale source de revenus fiscaux pour l’entreprise, avec une contribution en hausse à 78 millions de dollars en 2024, contre 62 millions en 2023. Ce bond reflète la solidité de la production dans cette mine, malgré un contexte économique difficile.

En revanche, la mine Sabodala-Massawa au Sénégal, autrefois un contributeur majeur, a vu sa fiscalité baisser de 34 % en glissement annuel, atteignant 76 millions de dollars. Endeavour Mining attribue cette diminution à une réduction des bénéfices imposables au Sénégal, un phénomène également observé à la mine Mana au Burkina Faso, où les paiements d’impôts ont chuté de 27 millions de dollars en 2023 à seulement 11 millions en 2024.

Un recul qui impacte les recettes fiscales des États

Le secteur minier constitue une part significative des recettes budgétaires de nombreux pays d'Afrique de l'Ouest. Selon l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE), les mines représentaient environ 6 % des recettes budgétaires de la Côte d’Ivoire en 2021, 9 % des recettes du Sénégal en 2023, et 21 % des revenus du Burkina Faso en 2022. La baisse des contributions fiscales d’Endeavour Mining en 2024 pourrait donc avoir des conséquences directes sur les finances publiques de ces pays, en particulier au Burkina Faso où les recettes minières sont un pilier essentiel de l'économie.

Investissements dans les sociétés d'exploration et autres contributions

En dépit de cette baisse des impôts directs, Endeavour Mining a maintenu son engagement dans la région avec des investissements supplémentaires. En 2024, l'entreprise a versé 80 millions de dollars à travers ses sociétés d'exploration opérant en Afrique de l'Ouest, et a également contribué 51 millions de dollars à la mine d’or Houndé au Burkina Faso, un chiffre légèrement inférieur aux 52 millions versés en 2023. De plus, la mine ivoirienne Lafigué, entrée en production à la mi-2024, a généré 1 million de dollars de paiements fiscaux. Toutefois, la compagnie n’a pas précisé si ces chiffres incluaient les redevances sur la production ou les dividendes versés aux gouvernements locaux.

Une hausse des distributions aux actionnaires

Malgré la diminution des paiements fiscaux, Endeavour Mining a augmenté les montants versés à ses actionnaires. En 2024, l’entreprise a distribué un total de 277 millions de dollars sous forme de dividendes et de rachats d’actions, contre 266 millions en 2023. Cela montre une priorité accrue donnée aux rendements des actionnaires, malgré la baisse des contributions fiscales aux États ouest-africains.

Pourquoi est-ce important ?

Cette baisse des contributions fiscales d’Endeavour Mining en Afrique de l’Ouest a des répercussions significatives sur les budgets nationaux, notamment au Burkina Faso et au Sénégal, où le secteur minier joue un rôle clé dans le financement des services publics. Alors que ces pays comptent sur les recettes minières pour soutenir leur développement économique et financer des infrastructures essentielles, une réduction des impôts payés par les grandes entreprises minières comme Endeavour pourrait limiter les ressources disponibles pour les dépenses publiques.

Dans le contexte actuel, où les économies ouest-africaines sont confrontées à des défis croissants, y compris l’instabilité politique et les fluctuations des prix des matières premières, cette tendance à la baisse des recettes minières met en lumière la nécessité pour les gouvernements de diversifier leurs sources de revenus. Des efforts sont en cours dans certains pays pour renforcer la transparence dans les industries extractives et pour maximiser les bénéfices tirés de leurs ressources naturelles, mais il reste beaucoup à faire pour garantir une gestion durable et équitable de ces ressources.

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