Divo renoue avec l’or brun : 32 milliards FCFA pour transformer le cacao en valeur ajoutée ivoirienne
La Côte d’Ivoire est le leader mondial du cacao (Crédit image : Africa 24)
Les points clés :
La Côte d’Ivoire inaugure une nouvelle usine à Divo de 36 000 t/an, portée par un investissement de 32 milliards FCFA.
Plus de 1 000 emplois directs et indirects seront créés dans une usine solaire et biomasse, signant une orientation vers l’industrie durable.
Le pays vise à transformer 50 % de sa production de fèves d’ici 2030, réaffirmant la volonté d’émerger comme un hub continental de la chocolaterie.
Ce 2 août 2025, la région du Lôh‑Djiboua a accueilli l’inauguration de Cacao SA, une nouvelle unité industrielle de transformation du cacao à Divo, grâce à un investissement privé de 32 milliards FCFA initié par les frères Alahassane et Fousseni Diakité, surnommés « Jumeaux Suprêmes ». Dotée d’une capacité annuelle de 36 000 tonnes, elle produira beurre, pâte, poudre, tourteaux, masse et chocolat, une première en zone centre-ouest.
Pour allier performance économique et impact environnemental, l’usine a été équipée de panneaux solaires et d’une chaudière à biomasse alimentée par les coques de cacao, réduisant ainsi la dépendance aux énergies fossiles, un signe fort d’engagement écologique.
Le ministère du Commerce, de l’Industrie et de la Promotion des PME, représenté par le Dr Souleymane Diarrassouba, a souligné combien cette initiative s’inscrit dans la stratégie économique nationale impulsée par le président Ouattara. Il s’agit de maximiser la valeur ajoutée locale tout en créant des emplois parmi les jeunes et les femmes. Les efforts de soutien à la digitalisation, la création des guichets uniques (GUCE, GUDE‑PME, CEPICI, etc.) et la modernisation administrative vont dans le même sens de facilitation de l’investissement industriel.
Renforcer la souveraineté économique du premier producteur mondial
Avec 2,2 millions de tonnes de fèves par an, la Côte d’Ivoire dispose d’une capacité nationale installée de broyage écologique proche de 950 000 tonnes/an. À ce jour, une quinzaine d’usines déjà en activité jouent un rôle clé, parmi lesquelles figurent Barry Callebaut, Cargill, Olam ou GCB Cocoa. Cependant, l’objectif du gouvernement est clair : atteindre 50 % de transformation locale d’ici 2030, un cap de plus en plus accessible grâce à l’essor d’initiatives industrielles dans les zones de production.
Sur ce modèle, l’Allocation dirigée vers les unités nationales renforce l’ancrage technologique et économique du pays. Par exemple, la nouvelle usine d’État Transcao à Akoupé‑Zéudji, inaugurée en juin 2025 pour un investissement de 130 milliards FCFA (€235 M), double sa capacité de broyage à 100 000 tonnes/an, inclut un centre de formation et favorise des partenariats techniques avec le groupe malaisien GCB, dans l’optique d’un transfert de savoir-faire vers les Ivoiriens. Le pays a ainsi traité 777 000 t de cacao en 2024, soit 44 % de sa production annuelle.
Pourquoi est-ce important ?
La Côte d’Ivoire est le leader mondial du cacao, mais est longtemps restée en marge de la valeur ajoutée significative, vendant l’essentiel de sa production en tant que fèves brutes. En misant massivement sur l’industrialisation locale, elle s’inscrit dans une dynamique nouvelle : créer des connaissances techniques, des emplois qualifiés, des retombées économiques internes et offrir une réserve de souveraineté face aux marchés mondiaux. La multiplication d’unités comme Cacao SA a un effet domino : les zones productrices deviennent des clusters industriels vertueux, où transformation, logistique et innovation convergent avec des politiques publiques actives.
Cette stratégie rejoint des initiatives panafricaines de régulation alternée, comme l’Initiative Cacao Côte d’Ivoire–Ghana (CIGCI), qui visent à mieux répartir les marges entre producteurs, transformateurs et consommateurs finaux ([turn0search22], [turn0search21]). Elle place aussi la Côte d’Ivoire comme hub continental : forte de ses infrastructures industrielles, elle peut alimenter le marché africain en chocolat fini, soutenir les PME agro‑locales, et renforcer sa position économique au sein de la ZLECAf.
Enfin, au-delà des frontières ivoiriennes, ce modèle construit un modèle économique inspirant pour l’Afrique de l’Ouest, qui ne peut plus se contenter de définir son avenir comme simple base d’exportation de matières premières. Il s’agit désormais de bâtir une industrialisation inclusive, écologique et souveraine, où la transformation locale devient fondamentalement un levier du progrès social, durable et économique.