Climat & innovation à Lomé : le Climathon 2025 installe le Togo comme laboratoire ouest-africain des solutions durables

L’initiative avait déjà fait ses preuves (Crédit image : Climathon Lomé)


Les points clés :

  • Le 3 et 4 octobre 2025, Lomé accueille la 3ᵉ édition du Climathon de l’initiative CATAL1.5°T pour stimuler les start-ups climatiques au Togo et en Afrique de l’Ouest.

  • L’initiative, financée par le BMZ et le Fonds vert pour le climat, vise à promouvoir des « climate ventures » portées par les jeunes et les femmes, via une plateforme de co-création.

  • En 2024, les Climathons CATAL1.5°T avaient mobilisé plus de 1 000 candidatures et généré 67 idées innovantes dans plusieurs pays ouest-africains.


Les 3 et 4 octobre 2025, Lomé se prépare à vibrer au rythme de l’innovation climatique. La ville togolaise accueillera la 3ᵉ édition du Climathon, un événement qui concentre l’énergie créative des jeunes, des entrepreneurs, des étudiants et des acteurs engagés autour de défis concrets liés au changement climatique. À une époque où les impacts climatiques, sécheresses, inondations, aléas agricoles, menacent la sécurité alimentaire et les moyens d’existence, ce rendez-vous s’annonce comme un moment décisif pour transformer les idées en prototypes, les projets en opportunités.

Porté par l’initiative CATAL1.5°T, financée par le ministère allemand de la coopération (BMZ) et le Fonds vert pour le climat (GCF), le Climathon est plus qu’un simple hackathon : il s’agit d’un moteur régional d’accélération pour les entreprises climatiques émergentes, particulièrement celles portées par des jeunes et des femmes. Le Togo, à travers cet événement, se positionne comme un hub d’innovation aux frontières du défi climatique en Afrique de l’Ouest.

CATAL1.5°T et les Climathons ouest-africains : une dynamique structurée

L’initiative CATAL1.5°T, qui pilote les Climathons en Afrique de l’Ouest, s’inscrit dans une stratégie forte : identifier, soutenir et catalyser des climate ventures à fort potentiel dans le “Global South”. L’objectif est de construire des écosystèmes régionaux durables d’innovation climatique, en mobilisant les talents locaux, les investisseurs et les institutions.

Dans la région ouest-africaine, les Climathons CATAL1.5°T s’étalent sur plusieurs villes. Lomé en est l’un des jalons : l’édition togolaise (3-4 octobre) est prévue aux côtés d’autres villes comme Parakou (Bénin), Ouagadougou, Abidjan, Conakry, Niamey, Thiès, Nouakchott, etc.

En 2024, l’initiative avait déjà fait ses preuves : plus de 1 000 candidatures reçues, engagements citoyens, porteurs de solutions, et 67 idées retenues à travers les villes participantes. Le Climathon de Lomé, en tant qu’organisé par Impact Hub Cotonou en appui local, s’inscrit dans cette chaîne d’événements interconnectés. 

Impact Hub Cotonou est un acteur clé dans l’écosystème francophone de l’innovation : plateforme d’espaces collaboratifs, incubateur, catalyseur d’initiatives à fort impact. Il opère dans la région du Bénin mais agit également comme point de relais pour les Climathons de la zone ouest-africaine, en particulier pour Lomé. 

Les enjeux locaux du Climathon Lomé

Le Togo est un territoire particulièrement touché par les effets du dérèglement climatique : les variations pluviométriques perturbent les cultures, la montée du niveau de la mer menace les zones côtières, et les ressources rurales sont fragilisées. Organiser le Climathon à Lomé, c’est prendre acte que la réponse ne peut venir que des acteurs locaux eux-mêmes, ceux qui vivent les impacts et qui possèdent les idées adaptées à leur contexte.

Un des enjeux majeurs est de valoriser les innovations portées par les femmes et les jeunes, souvent les plus vulnérables aux chocs climatiques, mais aussi souvent les moins bien dotés en financements, en réseaux ou en mentorat. La dimension inclusive est centrale : le modèle du Climathon cherche à réduire les barrières (financières, sociales, techniques) à la participation de ces groupes.

Un autre enjeu est la connexion entre idées et capitaux. Le Climathon n’est pas uniquement un sprint d’idéation : c’est une plateforme de rencontres entre porteurs de projets, experts, institutions, investisseurs. L’objectif est de faire émerger des prototypes, des business models, et d’offrir aux meilleurs projets des opportunités d’accompagnement ou de financement.

Enfin, l’événement vise à renforcer l’écosystème de l’innovation climatique au Togo : renforcer les liens entre start-ups, incubateurs, universités, pouvoirs publics et financeurs. Si l’édition de Lomé parvient à inspirer des projets qui perdurent, cela pourrait accélérer une dynamique nationale de résilience.

Déroulé probable & mécanisme d’innovation

Pendant deux jours, les participants (jeunes, étudiants, entrepreneurs) seront invités à constituer des équipes multidisciplinaires autour de thématiques locales prioritaires : agriculture résistante, gestion des déchets, adaptation urbaine, solutions énergétiques renouvelables, résilience hydrique, etc. Avec l’appui de mentors, experts, facilitateurs, ces équipes passeront par des étapes d’idéation, prototypage rapide, pitchs et évaluation. Certaines idées sélectionnées seront peut-être dotées de soutien pour la maturation ou l’accélération.

Dans l’édition précédente (2024), le Climathon avait généré 67 idées dans les différentes villes de la région. Certaines de ces idées concernent la conversion des déchets organiques en énergies, l’irrigation intelligente, la valorisation de plastiques, etc. À Lomé, une équipe a proposé (en 2024) une solution de valorisation des sachets plastiques en matériaux de construction, “turning rubbish into gold”.

Pour 2025, l’édition de Lomé est annoncée avec pour objectif de rassembler 36 participants en trois jours (soit un format similaire) afin d’élaborer des solutions locales pour améliorer l’accès à l’énergie, notamment renouvelable. Un des projets lauréats porté dans le contexte de Lomé était “ECOWATT” (valorisation des déchets bovins en énergie) lors de l’édition.

Forces, défis et conditions de succès

Le Climathon à Lomé bénéficie de plusieurs points forts. D’abord, il s’inscrit dans un réseau régional (CATAL1.5°T), ce qui lui donne une visibilité, une légitimité et des connexions aux ressources techniques, mentors, et financements. Le soutien institutionnel (via Impact Hub, AIESEC, initiatives publiques) apporte un socle opérationnel.

Ensuite, la force de l’approche réside dans sa proximité : des solutions imaginées par ceux qui vivent les réalités locales, adaptées au contexte togolais. Cela augmente la pertinence, la faisabilité technique et l’appropriation.

Mais des défis restent majeurs. Le passage de l’idée au prototype, puis à la commercialisation, exige des ressources (financières, matérielles) souvent difficiles à mobiliser dans les phases initiales. La durabilité des prototypes exige un soutien post-évènement (mentorat prolongé, accompagnement technique).

L’inclusion effective des femmes, des régions rurales, des personnes éloignées des centres urbains est une condition de légitimité : si seules des élites citadines participent, le Climathon risque d’être perçu comme un exercice symbolique.

Enfin, fournir un continuum entre le Climathon et les dispositifs de financement (subventions, capital-risque, microcrédit climatique) est vital pour que les idées ne restent pas des propositions mais deviennent des entreprises.

Pourquoi est-ce important ?

Parce que l’Afrique de l’Ouest est l’un des territoires les plus exposés aux effets du dérèglement climatique, avec des marges d’adaptation fragiles, une dépendance agricole élevée, et des systèmes de gouvernance souvent limités. Le Climathon à Lomé est un signal puissant : au lieu d’attendre des solutions extérieures, les communautés locales peuvent être les créatrices de leur propre résilience.

Pour le Togo, c’est l’occasion de catalyser un écosystème national d’innovation climatique, de renforcer les capacités des jeunes et des femmes, et de créer des ponts entre l’imaginaire technologique et le terrain. Si quelques solutions trouvent des débouchés économiques, cela peut amorcer une dynamique durable de transition verte.

Pour la région ouest-africaine, le modèle CATAL1.5°T démontre que l’innovation climatique locale peut être structurée, interconnectée, et soutenue par des dispositifs régionaux de ressources. Le succès d’une édition comme celle de Lomé peut encourager d’autres villes (Accra, Ouagadougou, Dakar, Niamey) à imiter ou coopérer, renforçant un maillage d’innovateurs climatiques.

Enfin, dans un contexte mondial où les financements climatiques sont fortement sollicités et où les écarts entre les besoins et l’offre sont énormes, l’approche du Climathon montre une voie complémentaire : celle de l’entreprenariat vert, de la co-création locale, de l’appropriation des solutions. Si le Togo, à Lomé, peut prouver que ce modèle fonctionne, cela pourrait devenir un exemple inspirant pour toute l’Afrique francophone.

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