Togo : le Port Sec Franc d’Adétikopé franchit un nouveau cap, 9 014 conteneurs en septembre

Les points clés :

  • Le Port Sec Franc d’Adétikopé (PSA) a traité 9 014 conteneurs EVP en septembre 2025, un record depuis son démarrage.

  • La plateforme logistique, intégrée à la Plateforme Industrielle d’Adétikopé (PIA) en partenariat public-privé, vise à devenir un corridor stratégique pour l’hinterland sahélien.

  • Ce succès marque une étape charnière dans l’industrialisation et la logistique au Togo, tout en renforçant l’attractivité du pays pour les chaînes de valeur régionales.

Le Port Sec Franc d’Adétikopé (PSA), situé à environ trente kilomètres au nord de Lomé, est la composante logistique de la Plateforme Industrielle d’Adétikopé (PIA). Inauguré récemment, il a enregistré en septembre 2025 un flux inédit de 9 014 conteneurs équivalents vingt pieds (EVP). Ce chiffre, communiqué par la PIA via ses canaux officiels, témoigne d’un tournant opérationnel pour cette infrastructure.

Depuis son lancement, la plateforme a dû surmonter plusieurs obstacles : adaptation des flux, formation du personnel, coordination entre les différents acteurs (ports, douanes, transporteurs). L’atteinte de ce niveau de traitement de conteneurs indique que ces efforts commencent à porter leurs fruits. Le document brochure de la PIA précise que le yard à conteneurs est dimensionné pour accueillir jusqu’à 12 500 EVP et dispose d’infrastructures modernes (pesage, accès direct, entrepôts, parkings).

Situé dans un contexte où le Port Autonome de Lomé (PAL) consolide son rôle de hub maritime de premier plan en Afrique de l’Ouest, le PSF de l’Adétikopé s’impose comme une extension logistique de choix pour désengorger le port, fluidifier les flux vers l’hinterland (Burkina Faso, Mali, Niger) et héberger des activités de stockage et de transformation. Selon une étude spécialisée, le PIA fait partie des infrastructures logistiques identifiées comme clés pour le corridor Lomé-Ouagadougou.

La performance de 9 014 conteneurs en un mois est notable. Pour envisager l’impact, on peut la comparer au port de Lomé qui, dans un palmarès de 2024, avait traité 1,91 million de TEU (équivalents vingt-pieds) sur l’année. Le PSA, bien que plus modeste, contribue donc de façon concrète à ce maillage logistique national et régional.

L’orientation internationale de la plateforme est confirmée par l’arrivée d’opérateurs mondiaux de shipping (MSC, Maersk, CMA­CGM) sur le site et par la volonté du Togo de devenir une porte d’entrée pour le marché africain via Lomé et Adétikopé.

Au-delà du simple transit, l’ambition est de déployer un véritable hub logistique industriel : entrepôts, zone de stockage, services à valeur ajoutée, transformation locale de produits (agroalimentaire, textile, industries légères) s’appuyant sur l’infrastructure. La brochure PIA évoque un “agribusiness & agri value chain” intégré, avec zone industrielle, portail d’export, zone logistique.

Cependant, le chemin reste encore plein de défis : la synchronisation totale des flux, l’interopérabilité des systèmes douaniers et logistiques, la réduction des délais de transit, la sécurité ferroviaire ou routière pour desservir l’hinterland, sont autant de leviers à actionner. L’étude sur la durabilité des flux logistiques relève notamment que le transfert routier reste majoritaire (et créateur de congestion) alors que des alternatives (fer) sont envisageables.

Pourquoi est-ce important ?

Pour l’économie ouest-africaine, cette évolution est plus qu’un simple record logistique : elle représente une montée en puissance dans l’intégration régionale des chaînes de valeur. Le PSF d’Adétikopé s’inscrit dans un rôle de plateforme trans-frontalière : marchandises destinées au Sahel, désengorgement du port maritime, réduction des coûts de transit pour les pays enclavés. En fluidifiant le corridor Lomé–hinterland, le Togo renforce son attractivité logistique et son rôle d’acteur central dans l’espace de la Union économique et monétaire ouest‑africaine (UEMOA) et de la Zone de libre‑échange continentale africaine (ZLECAf).

La création de valeur ne se limite pas à la logistique : en hébergeant la transformation, l’entreposage, la re-distribution, le site permet de capter davantage la chaîne de valeur locale. Cela signifie marché du travail, création d’emplois qualifiés, compétitivité accrue des entreprises locales et positionnement du Togo comme plateforme industrielle Africaine.

Enfin, dans un contexte mondial de concurrence accrue pour les hubs logistiques (Afrique de l’Ouest vise à capter les flux Chine-Afrique, Inde-Afrique ou encore commerce intra-Afrique), disposer d’une infrastructure moderne, performante, interconnectée est un atout majeur. Le record de septembre est un signal clair pour les investisseurs et les partenaires internationaux : le Togo joue désormais dans la cour des plateformes logistiques de référence.

En somme, le PSF d’Adétikopé, par son exploitation accrue et son rôle stratégique, illustre comment la logistique peut devenir un levier concret pour le développement industriel, la compétitivité régionale et l’inclusion économique en Afrique de l’Ouest.

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