Togo : grosse surprise, Yawa Djigbodi Tsègan à la tête de l’Office Togolais des Recettes
Les points clés :
Yawa Djigbodi Tsègan, ancienne présidente de l’Assemblée nationale togolaise, a pris les rênes de l’Office togolais des recettes (OTR) le 24 octobre 2025.
Sa nomination s’inscrit dans une dynamique de modernisation de l’administration fiscale et de renforcement du recouvrement des recettes internes.
Le Togo ambitionne de transformer son administration fiscale en levier clé du financement du développement national, à travers transparence, optimisation et performance.
L’entrée en fonction de Mme Yawa Djigbodi Tsègan à la tête de l’OTR marque un tournant dans l’architecture institutionnelle togolaise. Le 24 octobre 2025, à Lomé, elle succède à Philippe Kokou Tchodié, au moment où le pays insiste sur la mobilisation accrue des ressources internes pour accompagner sa trajectoire de développement. Ce choix illustre la volonté du gouvernement de donner à l’administration fiscale un visage nouveau, plus technique, plus expérimenté, à la hauteur des ambitions nationales.
Le profil de Mme Tsègan est notable. Inspectrice des impôts de formation, titulaire d’une maîtrise en droit des affaires (1995, Université du Bénin à Lomé) et diplômée de l’École nationale des impôts de Clermont-Ferrand (France), elle a occupé plusieurs postes de direction au sein du ministère de l’Économie et des Finances (division PME, direction de l’administration, organisation et services d’appui) et a également été directrice de cabinet au ministère des Transports. En outre, sa carrière politique, élue députée, présidente de l’Assemblée nationale (2019-2024), lui confère une double compétence technocratique et parlementaire.
Cette nomination intervient dans un contexte où le Togo renforce ses efforts pour la modernisation de son administration fiscale. L’OTR est érigé en pilier du financement du développement, dans un contexte de mobilisation domestique croissante et de contraintes externes (taille de la dette, impératifs de gouvernance, performances budgétaires). Les défis sont nombreux : accroissement des bases imposables, lutte contre l’évasion, modernisation des procédures, digitalisation, transparence et responsabilité.
Le nouveau leadership devra impulser plusieurs chantiers clés. D’abord, l’optimisation des outils de gestion de l’OTR : systèmes informatiques, procédures de recouvrement, réduction des délais de paiement et de remboursement, amélioration de la relation contribuable-administration. Ensuite, la transparence et la gouvernance sont sur le devant de la scène ; la confiance des citoyens et des entreprises dans l’administration fiscale est un levier de mobilisation des recettes. Enfin, l’ancrage de l’OTR dans le modèle du développement durable, via un financement interne plus robuste, est un impératif pour le Togo.
L’enjeu est stratégique : une administration fiscale performante permet non seulement de dégager des ressources pour l’investissement public et les services essentiels, mais aussi de réduire la dépendance aux financements externes, d’améliorer la crédibilité du pays auprès des investisseurs et des bailleurs, et d’orienter le pays vers une trajectoire de développement plus durable.
Pourquoi est-ce important ?
La nomination d’une personnalité aussi qualifiée à la tête de l’OTR a des implications majeures pour l’économie ouest-africaine. L’action de l’administration fiscale au Togo ne concerne pas que ce pays : elle s’inscrit dans une dynamique régionale où la mobilisation de ressources domestiques devient un moteur de croissance, de stabilisation macro-économique et d’intégration.
Dans l’espace de la Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), l’amélioration des performances fiscales est un facteur clé pour réduire la dépendance aux recettes d’exportation ou aux financements externes, et pour soutenir les investissements dans les infrastructures, la santé, l’éducation et l’agriculture. Le Togo, en renforçant son administration fiscale, peut servir de modèle pour d’autres États membres.
Par ailleurs, une administration fiscale plus efficace contribue à la gouvernance et à la crédibilité du pays. Cela peut attirer davantage d’investissements, améliorer les notations souveraines ou les perceptions de risque, et soutenir la croissance inclusives. Dans un contexte ouest-africain caractérisé par des défis budgétaires, des besoins d’infrastructures et une concurrence globale pour les investissements, cette structuration de l’OTR est un atout.
Enfin, la transformation de l’administration fiscale touche directement la vie quotidienne des citoyens et des entreprises. Une fiscalité juste, transparente et efficace améliore le climat des affaires, encourage la formalisation, réduit la corruption, et permet un meilleur service public. Dans une perspective de développement durable, c’est une condition de taille.
En conclusion, ce nouveau chapitre à la tête de l’OTR n’est pas simplement un changement de direction : il symbolise l’affirmation d’une stratégie plus ambitieuse de développement du Togo, fondée sur la mobilisation des ressources internes, l’efficacité institutionnelle et la confiance. Pour la sous-région ouest-africaine, c’est un signal encourageant que la transformation administrative est un levier réel pour la croissance, l’intégration et l’inclusion.