Intégration : l’UEMOA dissèque 3 milliards FCFA à Lomé pour passer aux actes concrets


Les points clés :

  • La 11ᵉ revue annuelle de l’UEMOA, tenue du 10 au 12 novembre 2025 à Lomé, examine près de 3 milliards FCFA destinés à 145 textes réglementaires et 3 projets communautaires.

  • Le Togo, pays hôte, revendique un taux de transposition des textes communautaires supérieur à 77 % et une exécution technique des projets en hausse de “près de 28 points” par rapport à l’an passé.

  • L’enjeu est double : renforcer l’intégration régionale via l’application des réformes et piloter des investissements structurants dans l’agriculture, les transports, la santé et l’environnement.


À Lomé, la capitale togolaise, la 11ᵉ revue annuelle de l’UEMOA s’est ouverte avec des enjeux accrus. L’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) y a convoqué ses États membres afin d’évaluer l’avancement des réformes communautaires, l’exécution des politiques sectorielles et la mise en œuvre de projets structurants. Selon le média Afrikahabari, « du 10 au 12 novembre 2025, la capitale togolaise va accueillir la phase technique de la 11ᵉ édition de la revue… Au total, 145 textes réglementaires ainsi que 3 projets communautaires, pour un montant de près de 3 milliards FCFA, seront examinés. »

Ce montant de près de 3 milliards FCFA représente l’investissement financier le plus important de cette session à Lomé. Il cible des secteurs jugés essentiels : gouvernance économique, finances publiques, fiscalité, agriculture, transports, santé et environnement. La directrice de cabinet du ministère togolais de l’Économie et des Finances, Mawussé Adetou Afidenyigba, l’a rappelé : « Chaque franc investi doit produire un impact tangible pour les populations. »

Le choix du Togo en tant que pays hôte illustre sa montée en puissance dans l’espace UEMOA. En effet, l’intervention officielle mentionne un taux de transposition des textes communautaires “qui dépasse désormais 77 %”, tandis que l’exécution technique des programmes affiche un gain d’« environ 28 points » comparé à l’année antérieure. Cette performance est significative dans un contexte où l’intégration régionale dépend fortement de la mise en œuvre effective des engagements.

Derrière ce chiffre, ce sont plusieurs transformations qui se jouent. Lors de la revue, la phase technique vise à vérifier l’état d’avancement des textes communautaires et des projets. Selon les documents de l’UEMOA, l’évaluation couvre la convergence des politiques économiques, le fonctionnement du marché commun, la fiscalité, les réformes sectorielles, etc. Ensuite, la session politique qui suit se chargera de valider les conclusions, d’ajuster la stratégie et de planifier les prochaines étapes. Ce double mécanisme (technique + politique) témoigne de la volonté de l’UEMOA de rendre ses processus plus rigoureux et orientés résultats.

Pour illustrer l’impact concret, les 3 milliards FCFA examinés ne sont pas simplement des montants : ils sont liés à des projets dans l’agriculture (sécurité alimentaire), les infrastructures de transport (facilitation du commerce intra-régional), la santé et l’environnement (bien-être et durabilité). C’est là une articulation claire entre l’intégration macro-régionale (réformes, marché commun) et la transformation du quotidien des populations.

Il faut aussi noter que l’UEMOA, puisque historique (créée dans les années 1970 comme un espace de convergence et de marché commun) , traverse un environnement global où les financements extérieurs se raréfient, où l’intégration régionale doit produire des résultats tangibles et où les États membres sont de plus en plus appelés à mobiliser des ressources internes et à garantir l’exécution des projets.

Le Togo, en tant que hôte, joue donc un rôle moteur : non seulement il accueille la session, mais il démontre des taux de mise en œuvre élevés. Cela renforce sa stature dans l’espace ouest-africain et crédibilise son ambition de hub régional. Il en profite pour promouvoir son image d’État visant une croissance inclusive fondée sur l’intégration, les infrastructures et l’innovation.

Cependant, le défi reste immense. Passer de l’évaluation à l’exécution. Les montants examinés sont significatifs, mais la vraie mesure est la réalisation effective des résultats. Le Togo lui-même mentionne un avant-après (augmentation de 28 points dans l’exécution technique), mais les fichiers ne montrent pas encore une évaluation indépendante des impacts sur les populations. L’efficacité, la transparence, la gouvernance seront donc des questions clés dans les mois à venir.

En outre, l’intégration régionale ne se limite pas à la transposition des textes : elle implique une réelle harmonisation, des infrastructures connectées, une libre circulation, des chaînes de valeur partagées, et un accès au marché commun effectif. Les fonds examinés ici peuvent contribuer à cela, à condition d’être bien ciblés et suivis.

Enfin, la session à Lomé permet aussi de renforcer la visibilité de l’UEMOA comme institution crédible d’intégration économique en Afrique de l’Ouest. En choisissant un pays comme le Togo, qui affiche des progrès, l’UEMOA envoie un signal de dynamique renouvelée, ce qui peut inciter davantage d’investisseurs, de partenariats et d’engagements.

Pourquoi est-ce important ?

Pour l’économie ouest-africaine, cette 11ᵉ revue de l’UEMOA constitue un moment charnière. D’abord, elle matérialise l’effort d’intégration : ce n’est plus seulement un cadre politique mais un processus d’évaluation, de mobilisation de ressources et de suivi. Les 3 milliards FCFA concernés ne sont pas anecdotiques ; ils représentent un flux important dédié à la régionalisation des politiques sectorielles.

Ensuite, l’engagement du Togo à la fois comme hôte et acteur crédible renforce l’idée d’un leadership régional renouvelé. Pour les autres États membres, c’est un signal : les réformes sont récompensées, la mise en œuvre est une condition. Cela peut inciter à plus de discipline, de transparence, d’efficacité.

Enfin, dans un contexte global marqué par la raréfaction des financements externes, par la montée de l’incertitude géopolitique, et par la nécessité pour l’Afrique de générer ses propres dynamiques de croissance, ce genre de mécanisme (évaluation + financement + intégration) est vital. Il participe à la construction d’un espace régional plus solide, capable de mobiliser ses ressources, d’augmenter sa résilience et d’améliorer les conditions de vie de ses populations.

En conclusion, si la session de Lomé est bien un moment analytique, elle peut devenir un moment de bascule si les engagements sont suivis d’actions concrètes. Pour l’Afrique de l’Ouest, c’est un test : celui de la capacité des États à transformer les cadres d’intégration en valeur ajoutée réelle pour les citoyens.

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