Programme BRIDGES : 9 contrats doctoraux débloqués pour transformer la pêche et la biodiversité
Les points clés :
Le programme BRIDGES financera au moins neuf contrats doctoraux, chacun doté d’un budget de 20 000 € sur trois ans.
Le plan de recherche couvre une enveloppe globale de 28 millions € sur dix ans, consacrée à la pêche, à la biodiversité et à la résilience des systèmes socio-écologiques dans le sud-ouest de l’océan Indien.
Les candidatures pour ces thèses doivent être soumises au plus tard le 13 février 2026, avec un démarrage attendu au 31 octobre 2026 pour les contrats retenus.
Le lancement du programme BRIDGES (Fisheries and Biodiversity in the Western Indian Ocean) constitue un moment stratégique pour la recherche océanique et la gestion durable des pêches dans la région du sud-ouest de l’océan Indien. Cette initiative, pilotée par les institutions françaises CNRS, Ifremer et IRD, s’inscrit dans la logique du plan « France 2030 » et mobilise une enveloppe de 28,31 millions € sur 10 ans.
L’un des volets majeurs du programme vient d’être dévoilé : un appel à propositions de thèses doctorales pour 2026. Il s’agit de sélectionner « au moins neuf contrats doctoraux de trois ans, chacun doté d’un budget de 20 000 € ». Cette offre de formation-recherche apparaît comme une clé de voûte pour former « une nouvelle génération d’experts capables de comprendre, gérer et transformer les systèmes marins du sud-ouest de l’océan Indien ».
Le contexte est lourd de défis. L’Océan Indien sud-occidental est l’un des foyers mondiaux de biodiversité marine, mais aussi de forte vulnérabilité : pressions climatiques, pêche artisanale non régulée, intensification des usages, et dépendances sociétales. Le programme BRIDGES a pour ambition d’articuler la conservation de la biodiversité, la sécurité alimentaire et la justice environnementale.
À travers ses composantes, BRIDGES entend travailler sur les systèmes socio-écologiques liés à la pêche (petite échelle, côtière, pélagique) et à l’aquaculture, dans des sites d’étude répartis dans la région. Le programme prévoit notamment un soutien à la formation, bourses, masters, écoles d’été, à la modélisation des systèmes, à l’innovation de gouvernance et à des réseaux de données et observatoires.
L’appel doctoral précise que « la co-encadrement avec les chercheurs de la région (SWIO) est particulièrement encouragé », que les thèses devront être interdisciplinaires, et que les candidats bénéficieront d’un « programme de formation intégré mêlant recherche scientifique, développement personnel et ateliers de co-construction ».
Sur le plan des chiffres, la durée de l’actuel programme est de dix ans (2023-2033), 28 M€ de budget, cinq à six sites d’étude principaux.
Si l’on creuse l’impact potentiel, il faut envisager une chaîne complète : le renforcement des capacités locales (doctorants, chercheurs régionaux), la création de données pertinentes, l’amélioration des politiques de gestion de la pêche et de la biodiversité, la promotion d’outils spatialisés de gestion (aires marines protégées, zones de pêche fermées, systèmes de gouvernance locale) et l’élargissement des retombées via la formation et les partenariats scientifiques.
L’appel à projets doctoral agit ainsi comme un levier de long terme : non seulement on finance la recherche, mais on construit des passerelles entre acteurs, des réseaux, des compétences en réseau, qui permettront de répondre aux défis de résilience, de transition écologique, de justice sociale liés à la mer et à la pêche. Ce type de dispositif a un rôle structurant pour la région, car il promeut une autonomie scientifique et opérationnelle et donc un contrôle plus grand des ressources marines.
Toutefois, les défis sont nombreux. Le programme devra s’assurer que les résultats de recherche se traduisent en politiques effectives. L’encadrement régional, la reconnaissance académique et l’employabilité des doctorants devront être garantis. Les liens entre recherche et action opérationnelle devront être solides et la question de la pérennité de financement devra être traitée. Enfin, la gouvernance des ressources marines reste une question complexe où l’intervention transnationale, intersectorielle et collaborative est incontournable.
Pourquoi est-ce important ?
Pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique de l’Est, ce type d’initiative, bien que ciblée sur l’Océan Indien, fournit un modèle pertinent à adapter : l’articulation recherche-formation-gestion de ressources naturelles. Les États ouest-africains, fortement dépendants de la pêche artisanale et confrontés à des défis de biodiversité, de sécurité alimentaire et de changement climatique, peuvent tirer des enseignements de ce dispositif BRIDGES.
La mobilisation de contrats doctoraux entièrement financés montre qu’investir dans la compétence locale et la recherche endogène est une voie majeure pour que les pays africains prennent en main leurs ressources naturelles plutôt que d’en rester dépendants. Ceci crée un tissu de savoir, de gouvernance et de valeur ajoutée dans les chaînes de pêche, ce qui est un socle de développement durable.
Enfin, ce programme permet de réaffirmer que la « valorisation des mers et océans » n’est pas seulement un enjeu écologique mais un levier économique : transformation locale, innovation, emplois qualifiés, résilience aux chocs, sécurité alimentaire, participation des jeunes et des femmes. Pour l’économie ouest-africaine et pour la planète, c’est un signal fort : la recherche, la formation et la gestion durable peuvent et doivent être au cœur de la stratégie de développement.