Togo : l’IPDCP et l’ANCy forment 3 000 jeunes à la cybersécurité
Les points clés :
Le Togo forme 3 000 jeunes aux bonnes pratiques numériques pour protéger leurs données personnelles.
La campagne s’inscrit dans la stratégie nationale de cybersécurité 2024-2028 et dans la construction de la souveraineté numérique.
La prévention des cybermenaces devient un élément central pour renforcer la confiance dans l’économie numérique et soutenir la digitalisation des services publics et privés.
À Lomé, la fin de semaine dernière a été marquée par une initiative cruciale pour l’avenir numérique du Togo : une campagne de sensibilisation des jeunes à la protection des données personnelles. Organisée conjointement par l’Instance de Protection des Données à Caractère Personnel (IPDCP) et l’Agence nationale de la Cybersécurité (ANCy), cette action a touché environ 3 000 jeunes, leur fournissant des outils concrets pour naviguer en toute sécurité dans l’univers numérique.
Cette initiative illustre une prise de conscience croissante des autorités togolaises sur l’importance de la cybersécurité comme pilier stratégique de l’économie numérique. Dans un contexte où le pays accélère la digitalisation des services publics et privés, les risques liés à la cybercriminalité se multiplient. Selon l’ANCy, les jeunes représentent la population la plus exposée aux menaces en ligne, allant des arnaques aux vols d’identité et aux fuites de données personnelles.
La formation a porté sur des thématiques concrètes, telles que la protection des informations sur les téléphones et Internet, la sauvegarde régulière des données et la vigilance face aux messages suspects. Malik Arnold Geraldo, directeur de la formation et du renforcement des capacités à l’ANCy, a insisté sur des gestes simples mais essentiels : « Sauvegardez régulièrement vos données, vérifiez les messages avant d’y répondre et évitez de partager trop d’informations sur les réseaux. Ces gestes simples peuvent épargner bien des problèmes ».
Le programme s’inscrit dans un cadre plus large : la Stratégie nationale de cybersécurité 2024-2028, ainsi que la création du Centre national de réponse aux incidents de cybersécurité (CERT.tg). Ces structures visent à renforcer la souveraineté numérique du Togo, en réduisant la dépendance vis-à-vis des solutions externes et en sécurisant les infrastructures critiques, y compris les systèmes bancaires, les services de santé et les plateformes de commerce électronique.
D’après les experts consultés, la sensibilisation préventive constitue un levier essentiel de lutte contre la cybercriminalité. Dans un rapport publié par l’Agence Nationale de la Sécurité Informatique de Côte d’Ivoire en 2023, l’éducation des citoyens aux pratiques sécurisées a permis de réduire de 30 % les incidents de phishing ciblant les jeunes adultes. Cette tendance confirme que l’éducation numérique n’est pas seulement une question de protection individuelle, mais un vecteur de stabilité pour l’économie digitale régionale.
En Afrique de l’Ouest, les enjeux économiques de la cybersécurité deviennent stratégiques. Selon le rapport de l’Union Internationale des Télécommunications (UIT, 2024), la cybercriminalité coûte aux économies africaines environ 3 % du PIB par an, avec un impact direct sur le commerce en ligne, les services financiers numériques et l’investissement technologique. Les initiatives comme celles du Togo contribuent donc à protéger non seulement les individus, mais aussi la confiance dans l’ensemble de l’écosystème numérique, condition sine qua non de l’attractivité du pays pour les investisseurs locaux et étrangers.
La synergie entre IPDCP et ANCy montre également une volonté politique claire : il ne suffit pas de créer des lois ou des infrastructures techniques, il faut former la population à les utiliser efficacement. Cette approche proactive se rapproche des stratégies observées au Maroc et au Kenya, où les programmes de sensibilisation des jeunes et des entrepreneurs ont permis de réduire significativement les incidents liés à la fuite de données et au piratage informatique.
L’initiative togolaise prend également place dans le cadre continental de la transformation numérique. Le Togo, à travers ces campagnes, s’aligne sur la vision de l’Union Africaine pour une cybersécurité et une protection des données harmonisées, visant à stimuler le commerce numérique intra-africain et à renforcer l’intégration économique régionale.
Pourquoi est‑ce important ?
La sensibilisation à la cybersécurité au Togo n’est pas un simple programme éducatif : elle constitue un levier stratégique pour l’économie numérique ouest-africaine. Premièrement, elle permet de protéger les citoyens et les infrastructures critiques, condition indispensable pour bâtir un environnement numérique sûr et attractif pour les investisseurs. Deuxièmement, elle contribue à renforcer la souveraineté numérique, un enjeu clé pour les pays africains face à la domination technologique et aux pressions extérieures sur les données. Enfin, en formant une génération de jeunes responsables et conscients de la valeur de leurs données, le Togo crée un capital humain capable de soutenir la croissance du numérique, stimulant ainsi l’innovation, la création d’emplois qualifiés et la compétitivité régionale.
En multipliant ces initiatives, le Togo devient un exemple pour ses voisins et participe à la consolidation d’une économie numérique intégrée en Afrique de l’Ouest, où la confiance et la sécurité deviennent des moteurs du développement durable et inclusif. La campagne de sensibilisation n’est donc pas seulement un acte pédagogique : c’est un investissement stratégique dans l’avenir économique du pays et de la sous-région.