Ghana : l’inflation tombe à 8 %, vers une relance économique crédible


Les points clés :

  • Le taux d’inflation au Ghana a atteint 8 % en octobre 2025, répondant précisément à l’objectif fixé par la Bank of Ghana.

  • Cette baisse marque le dixième mois consécutif de ralentissement des prix à la consommation, après 9,4 % en septembre.

  • La stabilisation de l’inflation constitue un signal fort pour la croissance, l’investissement et le pouvoir d’achat dans une économie ouest-africaine en transition.


Au Ghana, l’évolution récente de l’inflation ouvre une nouvelle page dans la trajectoire macroéconomique du pays. Le taux à 8 % en octobre 2025 marque un retour au cœur de la cible de la banque centrale (8 % avec une marge de tolérance ±2 points). Après une longue période de fortes tensions inflationnistes (avec des niveaux dépassant les 20 % au premier semestre 2025), cette performance est le fruit d’une politique monétaire et d’un ajustement économique rigoureux.

L’inflation avait déjà montré des signes de ralentissement : en juin elle s’établissait à 13,7 % après 18,4 % en mai. Parallèlement, la banque centrale avait commencé à relâcher son taux directeur : un premier découplage majeur a été opéré en juillet avec une baisse de 300 points de base du taux directeur, pour le faire redescendre à 25 %. Ainsi la dynamique montre que l’inflation a été sous contrôle grâce à la combinaison d’une monnaie plus stable (le cedi s’est redressé), d’efforts de consolidation budgétaire et d’un resserrement monétaire antérieur.

Le recul des prix s’explique majoritairement par une baisse des prix alimentaires, dimension critique au Ghana où l’alimentation représente une part significative du panier de consommation. Le statisticien gouvernemental, Alhassan Iddrisu, l’a souligné dans un communiqué : « le processus de désinflation est bien lancé… les moteurs qui alimentaient la double-chiffre sont désormais en retrait. » Cette amélioration n’est pas seulement un effet de base ou conjoncturel : elle s’inscrit dans une tendance prolongée de dix mois de ralentissement des prix.

Pour les investisseurs, les entreprises et les ménages ghanéens, ce taux atteint est plus qu’un chiffre : c’est un message de stabilité retrouvée. Quand l’inflation se stabilise autour de la cible, les coûts de financement peuvent redescendre, les marges des entreprises se redresser et la consommation des ménages retrouver de la vigueur. La Firme d’analyse financière Fitch Solutions avait anticipé cet ajustement en révisant à la baisse ses projections de 2025 (15,4 % d’inflation moyenne) en raison de l’accélération de la désinflation.

Toutefois, la route reste encore longue et semée de défis. Même si le taux nominal est revenu à 8 %, il était bien plus élevé quelques mois plus tôt, et certains prix (comme ceux des matières importées ou des services) restent volatils. De plus, atteindre la cible ne signifie pas automatiquement que le pouvoir d’achat est pleinement restauré : il faudra encore du temps pour compenser les pertes passées et pour que les effets de cette désinflation se traduisent dans la vie quotidienne des citoyens.

Enfin, cette baisse intervient alors que le Ghana est engagé dans un programme d’ajustement avec le International Monetary Fund (IMF) qui impose un cadre budgétaire strict et des objectifs de stabilité macroéconomique. Le contexte international reste également vulnérable : une remontée rapide des prix des matières premières, ou un renchérissement des factures énergétiques importées pourraient remettre en question ce progrès.

Pourquoi est-ce important ?

Dans la sous-région ouest-africaine, la réussite du Ghana à ramener l’inflation à 8 % revêt une importance stratégique. D’abord, cela démontre qu’une économie confrontée à des turbulences graves (monnaie affaiblie, inflation élevée, pression sur le pouvoir d’achat, endettement) peut redresser le cap grâce à des réformes monétaires et budgétaires cohérentes. Cet exemple inspire les pays voisins de l’UEMOA et de la CEDEAO, qui cherchent eux aussi à stabiliser leurs économies.

Ensuite, sur le plan économique, une inflation maîtrisée est un préalable pour stimuler la croissance, favoriser l’investissement et relancer la consommation. Les entreprises locales peuvent planifier avec plus de confiance, les taux d’intérêt peuvent baisser et les financements devenir plus accessibles, ce qui stimule l’innovation, l’emploi et la diversification de l’économie. À terme, cet environnement permet de mieux soutenir des secteurs stratégiques comme l’agriculture, l’industrie et les services numériques — essentiels pour la transformation économique de l’Afrique de l’Ouest.

Enfin, cet ajustement renforce la crédibilité du Ghana auprès des investisseurs internationaux, des marchés financiers et des institutions de développement. Quand le pays atteint ses objectifs de stabilité, il améliore ses conditions d’accès aux capitaux, renforce la confiance des partenaires et renvoie l’image d’un État capable de gouverner efficacement. Ce gain de confiance est essentiel pour les efforts de financement de l’infrastructure, de l’énergie et de l’innovation dans la sous-région.

En conclusion, le retour de l’inflation au Ghana à un niveau ciblé n’est pas qu’un indicateur macroéconomique : c’est un signal de redressement, un levier de relance et une pierre angulaire pour une Afrique de l’Ouest plus résiliente et mieux intégrée dans la croissance mondiale.

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