Togo : estimé à plus de 2 751 milliards FCFA, les grands axes du budget colossal de 2026 adopté par l’Assemblée nationale
Les points clés :
Le Parlement togolais a adopté, le 9 décembre 2025, le projet de loi de finances 2026 pour 2 751 542 015 000 FCFA, soit une hausse de 14,8 % par rapport à 2025.
Près de 48 % du budget est destiné aux dépenses sociales, notamment l’éducation, la santé, l’accès à l’eau, à l’énergie et la protection sociale.
Le budget intègre des mesures nouvelles en faveur de l’inclusion financière, des jeunes entrepreneurs, des femmes et des personnes en situation de handicap.
Le 9 décembre 2025, à Lomé, les députés togolais ont adopté à une large majorité le projet de loi de finances pour l’exercice 2026, marquant ainsi une étape cruciale du cycle budgétaire avant l’examen par le Sénat dans le cadre du bicaméralisme constitutionnel. Le budget, équilibré en ressources et en charges à 2 751 542 015 000 FCFA, témoigne d’une ambition affirmée du gouvernement de renforcer les bases macroéconomiques du pays tout en répondant aux besoins sociaux et productifs des populations.
L’évolution de ce budget représente une progression notable de 14,8 % par rapport à 2025, illustrant la dynamique économique positive du pays ainsi que la volonté de mieux mobiliser les ressources internes pour financer les priorités nationales. Dans un contexte régional marqué par des ajustements budgétaires et une maîtrise prudente des finances publiques, cette trajectoire expansive contraste avec des politiques de resserrement adoptées ailleurs en Afrique, comme au Tchad où le budget 2026 est bien moins élevé et montre des contraintes financières plus fortes.
Selon le ministre des Finances, Georges Barcola, le budget 2026 s’articule principalement autour de trois axes stratégiques : l’inclusion financière et le capital humain, la transformation économique, et le renforcement de l’État.
Le premier axe, consacré à l’inclusion financière et au capital humain, se voit attribuer 669 milliards FCFA, soit près de 48 % des dépenses totales. Cette enveloppe vise à renforcer l’éducation, la santé, l’accès à l’eau potable, à l’énergie et la protection sociale des secteurs essentiels pour améliorer le bien-être des populations et soutenir le développement humain. Cette orientation reflète une démarche sociale qui place les besoins des citoyens au cœur des choix budgétaires, même dans un environnement global où de nombreuses économies expriment des contraintes fiscales.
La transformation économique, qui constitue le second pilier du budget, est dotée de 407 milliards FCFA, en progression de près de 29 % par rapport à 2025. Ces ressources sont destinées à soutenir l’agriculture, l’industrie, les nouvelles technologies et l’emploi, des secteurs clefs pour diversifier l’économie et renforcer sa résilience. Cette hausse significative traduit une volonté d’accélérer la création d’emplois, de stimuler l’investissement privé et de favoriser l’émergence de chaînes de valeur nationales.
Le troisième axe, dédié au renforcement de l’État, est doté de 324 milliards FCFA, avec une rationalisation de certaines dépenses au profit des secteurs sociaux et productifs. Cette approche budgétaire, combinant efficience administrative et priorisation des investissements, reflète la stratégie du gouvernement de construire un État plus fort mais plus orienté vers l’impact des politiques publiques.
Le budget intègre également des mesures nouvelles destinées à renforcer l’équité et l’inclusivité de l’économie. Parmi celles-ci figurent l’exonération de la TVA sur les produits locaux de l’élevage et de la pêche, la facilitation de l’enregistrement des marchés réservés aux jeunes et aux femmes entrepreneurs, et un crédit d’impôt en faveur du recrutement des personnes en situation de handicap. Ces mesures traduisent une volonté de soutenir les segments économiques vulnérables et d’encourager l’entrepreneuriat inclusif, particulièrement dans les zones rurales et auprès des populations historiquement marginalisées.
Cette adoption constitue aussi une étape politique importante du processus parlementaire, soulignant la coopération constructive entre l’Assemblée nationale et le gouvernement, sous l’égide du Président Komi Selom Klassou et du Président du Conseil Faure Essozimna Gnassingbé. La discussion approfondie des axes budgétaires, couplée à des amendements ciblés, reflète un engagement collectif en faveur d’une gestion transparente et stratégique des ressources publiques.
Pourquoi est-ce important ?
L’adoption du budget 2026 à 2 751,5 milliards FCFA représente bien plus qu’un simple exercice comptable ; elle incarne une vision politique et stratégique pour le Togo au service du développement inclusif et durable. En allouant près de la moitié des dépenses aux secteurs sociaux, le Togo entend traduire en actions concrètes la promesse d’améliorer l’accès à des services essentiels, santé, éducation, eau et énergie, éléments cruciaux pour renforcer le capital humain et favoriser une croissance durable.
L’attention portée à l’inclusion financière et à la transformation économique indique une compréhension claire que la stabilité macroéconomique doit être accompagnée d’investissements productifs générateurs d’emplois et de richesse. Dans un contexte régional caractérisé par des défis économiques liés aux tensions géopolitiques et aux incertitudes financières, ce budget ambitieux place le Togo parmi les pays de la sous-région qui misent sur une stratégie budgétaire expansive mais responsable.
Enfin, cette loi de finances, qui progresse dans un cadre de démocratie parlementaire active, souligne l’importance d’un processus participatif et transparent dans la définition des priorités publiques. Elle permet au Togo de poursuivre son engagement envers les objectifs de la Feuille de Route Gouvernementale Togo 2025, visant une croissance inclusive, une mobilisation accrue des ressources domestiques, et une meilleure gouvernance économique.
À l’échelle ouest-africaine, un budget orienté vers l’humain et la transformation productrice donne un signal fort aux marchés, aux partenaires de développement et aux citoyens : le Togo mise sur une croissance durable, inclusive et résiliente, un modèle qui pourrait inspirer d’autres économies de la région à aligner leurs choix budgétaires sur les besoins réels de leurs populations.