Togo : comment la 40ᵉ grande quinzaine commerciale relance l’économie nationale
Les points clés :
La 40ᵉ Grande Quinzaine Commerciale à Lomé réaffirme la force du Made in Togo comme moteur de transformation économique et soutien aux PME nationales.
L’événement, qui attire plus de 220 exposants et des milliers de visiteurs, s’inscrit dans une stratégie publique de valorisation des chaînes de valeur locales et de stimulation de la demande intérieure.
Le secteur privé, qui représente près de 77 % du PIB togolais, trouve dans ce rendez-vous un levier concret pour renforcer son rôle central dans la croissance inclusive.
Dans une Afrique de l’Ouest en pleine mutation économique, la Grande Quinzaine Commerciale du Togo se distingue comme un véritable baromètre de la santé du tissu économique local, un espace d’échanges où se rencontrent ambition publique et dynamisme privé. Depuis son lancement officiel le 23 décembre 2025 par le ministre de l’Économie et de la Veille stratégique, Badanam Patoki, cette 40ᵉ édition marque une étape clé dans l’histoire du commerce togolais, culminant au 4 janvier 2026 après plusieurs semaines d’animation populaire et d’affaires.
À la croisée des traditions et de la modernité, cet événement crée un carrefour d’opportunités économique, sociale et culturelle, en mettant l’accent sur la valorisation du Made in Togo et la promotion du tissu entrepreneurial national. Plus qu’un marché de fin d’année, la Quinzaine incarne une stratégie collective de renforcement des chaînes de valeur locales, favorisant l’intégration des petites et moyennes entreprises (PME) dans les circuits commerciaux formels et informels de la sous-région.
Depuis sa première édition il y a quarante ans, la Grande Quinzaine Commerciale s’est inscrite progressivement dans l’agenda économique togolais comme une plateforme incontournable de promotion des produits locaux et de dynamisation de l’activité des opérateurs économiques, notamment à une période essentielle du cycle commercial annuel. Traditionnellement organisée durant la période de fêtes, elle permet aux commerçants de liquider leurs stocks, de tester l’acceptabilité des produits sur le marché et de consolider des relations business-to-consumer qui perdurent au-delà des jours de foire.
Un événement transformé pour une économie en mouvement
L’édition anniversaire 2025 se distingue par plusieurs innovations notables. Le site d’Agbadahonou, cœur traditionnel de l’événement, a été entièrement reconfiguré pour améliorer la circulation, l’accessibilité et l’expérience des visiteurs, créant un environnement plus convivial et efficace pour les transactions commerciales. Par rapport aux années précédentes, le nombre d’exposants est passé d’environ 150 à plus de 220, un signe non seulement de la confiance retrouvée des opérateurs économiques mais aussi de la capacité d’attraction croissante de la foire.
Un espace dédié exclusivement au Made in Togo a été aménagé, illustrant une volonté politique assumée de mettre en lumière les produits nationaux et de renforcer leur compétitivité face aux articles importés. Cette initiative s’inscrit dans une logique plus large de politique publique qui considère le commerce comme un levier stratégique de croissance inclusive et de création de richesse durable. Le message est clair : la production locale ne doit plus être un simple slogan, mais une réalité économique structurée et soutenue par les institutions publiques et privées.
Cette nouvelle configuration met également l’accent sur l’intégration des espaces familiaux et de loisirs, renforçant le caractère social de l’événement, ainsi que l’intégration progressive du numérique dans les circuits commerciaux, en phase avec les mutations technologiques mondiales qui influent sur les modes de consommation. Au-delà de la simple transaction, la foire devient un lieu de partage d’informations, de rencontres d’affaires, de formation et d’innovation.
Le contexte économique togolais : un terreau fertile pour l’événement
La place grandissante de la Grande Quinzaine Commerciale ne se comprend qu’en replaçant cet événement dans le cadre plus large de l’économie togolaise. Selon les données économiques récentes, le secteur privé a contribué à hauteur de 76,8 % du PIB national en 2024, illustrant le rôle central des entreprises, grandes, petites et informelles, dans la croissance et la création d’emplois.
Ce chiffre, en progression constante, reflète la dépendance structurelle de l’économie togolaise vis-à-vis de son secteur privé dynamique, qui génère près de 98 % des emplois du pays. Ce poids considérable renforce la pertinence d’événements comme la Grande Quinzaine Commerciale, qui offrent une vitrine stratégique pour les activités formelles et informelles et favorisent l’insertion des acteurs locaux dans des chaînes de valeur plus larges.
Sur le plan sectoriel, l’économie togolaise se caractérise par une prépondérance du secteur des services, qui représentait 61,9 % du PIB en 2024, un niveau parmi les plus élevés de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Ce poids élevé du secteur tertiaire s’explique par le dynamisme des activités de commerce, de transport, de télécommunications et de services financiers, mais souligne aussi l’importance de renforcer les autres secteurs, notamment l’industrie et l’agriculture, pour une croissance plus équilibrée et résiliente.
La PME : moteur du renouveau économique
Au cœur de la stratégie portée par la Grande Quinzaine Commerciale se trouve la valorisation des très petites, petites et moyennes entreprises (TPPME). Ces entités, qui représentent près de 99 % des entreprises enregistrées au Togo et génèrent environ 80 % du PIB national, constituent le pivot de l’écosystème économique.
La foire offre un cadre de rencontres directes entre producteurs, commerçants et consommateurs, renforçant les liaisons commerciales directes et réduisant les intermédiaires coûteux. Dans un pays où l’accès aux marchés constitue souvent une barrière majeure pour les PME, des plateformes comme la Grande Quinzaine deviennent des instruments essentiels de facilitation de l’accès au marché intérieur, ce qui peut avoir des effets multiplicateurs sur les revenus, la production locale et l’intégration dans les chaînes de valeur régionales, notamment dans le contexte de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).
Le capital humain : socle d’une croissance durable
L’importance du capital humain n’est pas en reste au sein de l’écosystème économique. L’intervention de personnalités telles que Dr John Egbeto, ancien président d’AIESEC Togo, rappelle que la formation professionnelle, l’employabilité des jeunes et la transition entre formation académique et besoins du marché sont des enjeux centraux. Le développement des compétences, particulièrement en lien avec l’entrepreneuriat et l’innovation, est indispensable pour doter les jeunes d’un avantage compétitif dans un marché du travail en mutation rapide.
L’intégration progressive du numérique dans les opérations commerciales lors de la foire illustre cette ambition. Dans un monde où l’économie digitale devient une condition sine qua non de compétitivité, des initiatives qui intègrent les technologies de l’information au commerce local contribuent à moderniser les pratiques et à accroître l’efficience des entreprises.
Pourquoi est-ce important ?
La réussite de la 40ᵉ Grande Quinzaine Commerciale est révélatrice d’une évolution structurelle profonde de l’économie togolaise. Au-delà de la simple foire de fin d’année, elle se positionne comme une véritable plateforme stratégique de valorisation du Made in Togo, d’intégration des PME dans des chaînes de valeur plus larges, et de stimulation de la demande intérieure.
Sur le plan national, cet événement agit comme un levier de croissance inclusive en renforçant la visibilité des acteurs économiques, en facilitant l’accès des produits locaux aux consommateurs et en consolidant les échanges entre opérateurs. Il permet également de créer des effets d’entraînement positifs sur la consommation, l’innovation et la transformation productive, essentiels pour impulser un développement économique durable.
À l’échelle ouest-africaine, ce type d’initiative place le Togo comme un exemple de dynamisation du commerce local et de promotion de la production nationale, un modèle inspirant pour d’autres économies de la sous-région qui cherchent à renforcer leurs systèmes productifs et commerciaux face à la concurrence internationale.
En définitive, la Grande Quinzaine Commerciale n’est pas seulement un lieu d’échanges économiques, mais un symbole de résilience économique, d’ambition collective et de transformation structurelle. Elle illustre comment, dans un contexte mondial incertain, des politiques publiques cohérentes et des acteurs privés engagés peuvent converger pour bâtir des fondations solides d’une croissance durable et inclusive.