Le Niger nationalise la SML : contrôle total de sa seule mine d’or industrielle
Les points clés :
Le Niger a nationalisé la Société des Mines du Liptako (SML), seule mine d’or industrielle du pays, accusant son exploitant d’Australie de ne pas respecter ses engagements depuis 2019.
La production plafonnait à seulement 177 kg d’or en 2023, conséquence d’arrêts fréquents, de dettes croissantes et de retards de paiement de salaires et cotisations.
Cette décision s’inscrit dans une stratégie plus large visant à s’approprier les ressources naturelles stratégiques, alignée avec d’autres nationalisations dans le secteur extractif.
Depuis le 8 août 2025, l’État nigérien a pris le contrôle intégral de la Société des Mines du Liptako (SML SA), opératrice de la seule mine d’or industrielle du pays, située dans la région de Tillabéri. Signée par le président Abdourahamane Tiani, cette ordonnance traduit une volonté affirmée de renforcer la souveraineté nationale sur les ressources minières stratégiques du Niger.
La SML avait été cédée à hauteur de 80 % en mai 2019 à McKinel Resources, via SOPAMIN, la société publique. Ce partenariat devait permettre un relancement industriel avec un investissement estimé à 10 millions USD. Six ans après, aucun plan d’investissement n’a été présenté, et la situation s’est détériorée : production limitée à 177 kg en 2023, arriérés de salaires, arrêt de certaines prestations sociales, cotisations sociales non versées, exploitation partielle et arrêts prolongés.
Le gouvernement justifie cette nationalisation comme nécessaire pour « sauver une entreprise hautement stratégique » et là où les manquements contractuels sont manifestes. Les permis d’exploitation concernés, Samira Libiri (renouvelé pour cinq ans en 2019) et Boulondjounga, passent désormais sous contrôle intégral de l’État.
Cette décision renforce une tendance amorcée dans le secteur extractif nigérien : en juin 2025, la filiale de l’uranium Somaïr, appartenant à Orano, a déjà été nationalisée, suivie de la reprise des opérations pétrolières étrangères et la suspension des exportations de pierres précieuses, initiatives illustrant une revalorisation nationale des ressources minières.
Pourquoi est-ce important ?
La nationalisation de la SML symbolise la volonté croissante des pays d’Afrique de l’Ouest d’affirmer leur souveraineté économique. En reprenant le contrôle des mines, le Niger cherche à garantir que l’exploitation de ses ressources profite directement à sa population et à son développement.
Dans un contexte de défis sécuritaires et de fragilité économique, garantir la stabilité et la rentabilité d’une entreprise stratégique comme la SML est crucial. L’or demeure un pilier économique important pour le Niger, et cette décision peut revitaliser un secteur minier affaibli depuis plusieurs années.
Régionalement, cette action s’inscrit dans une réorientation géopolitique, où États comme le Niger, le Mali et le Burkina Faso revendiquent une meilleure valorisation de leurs richesses naturelles. Ces nationalisations dessinent une carte plus autonome des ressources africaines, moins dépendante des firmes étrangères ou des anciennes métropoles.
Enfin, cette prise de contrôle pourrait ouvrir la voie à des partenariats alternatifs, notamment avec la Russie, la Chine ou des pays du Golfe, à la recherche de sources stratégiques. Le Niger pourrait ainsi diversifier ses relations commerciales et redonner du souffle à son économie intérieure.