Mali : le déficit budgétaire réduit de plus de 40 milliards FCFA en 2025

Cette décision illustre la capacité du Mali à adapter sa politique budgétaire (Crédit image : Agence Nigérienne de presse)


Les points clés :

  • Le déficit budgétaire du Mali reculera de 40,8 milliards FCFA, passant de 581 à 540,2 milliards après la révision de la loi de finances.

  • Les recettes sont en progression : +90,8 milliards FCFA (+3,43 %), tirées par le contrôle des importations et des contributions exceptionnelles.

  • Les dépenses augmentent malgré tout d’environ 50 milliards FCFA (+1,55 %), soutenant les infrastructures, les programmes sociaux et le renforcement sécuritaire.


Le gouvernement malien a adopté, le 6 août 2025, une loi de finances rectificative qui consacre un rééquilibrage budgétaire notable. Le déficit passe ainsi à 540,189 milliards FCFA, contre les 580,986 milliards prévus initialement, soit un allègement de 40,797 milliards FCFA.

Cette amélioration s’appuie sur une reprise assez équilibrée : d’un côté, les recettes sont réévaluées à 2 739,697 milliards FCFA, en progression de 3,43 % ou 90,8 milliards FCFA, grâce notamment à des mesures renforcées de contrôle des importations et des apports exceptionnels du secteur des télécoms et du fonds d’infrastructures. De l’autre, les dépenses sont légèrement revues à la hausse, à 3 279,886 milliards FCFA, soit un accroissement de 50 milliards FCFA (+1,55 %), destinés à financer les infrastructures de base, les actions sociales et la sécurité nationale.

Concrètement, en proportion du PIB, le déficit prévu s’établit à 3,4 % en 2025, contre 4,3 % en 2024, selon le FMI. Cela marque une amélioration significative, si modérée, de la soutenabilité des finances publiques du pays.

Le contexte demeure pourtant tendu. La Banque africaine de développement (BAD) rappelle que les dépenses liées à la sécurité et aux programmes sociaux continuent de peser lourdement sur les équilibres budgétaires, soulignant les défis persistants portant sur le recours à l’endettement et la résilience structurelle.

Pourquoi est-ce important ?

Cette décision illustre la capacité du Mali à adapter sa politique budgétaire en période de fragilité économique et politique. En allégeant le déficit malgré une hausse des dépenses prioritaires, les autorités font la preuve d’un effort de réconciliation entre rigueur et réponse aux besoins urgents.

Dans un contexte de transition politique marqué par des pressions sécuritaires et sociales, cette révision offre un signal positif aux partenaires financiers et aux institutions régionales, l’UEMOA impose un plafond de déficit à 3 % du PIB, une cible encore éloignée, mais à laquelle le Mali se rapproche progressivement.

Pour l’économie ouest-africaine, la trajectoire budgétaire malienne peut servir d’exemple de gestion pragmatique sous contraintes. Alors que la zone vit une baisse des perspectives de croissance (3,7 % en moyenne pour l’Afrique subsaharienne selon la Banque mondiale), maintenir une discipline budgétaire tout en conservant des investissements critiques est essentiel pour préserver la stabilité macroéconomique.

Au-delà, cette politique budgétaire influence la confiance des marchés et des donateurs, conditionnant les marges de manœuvre pour soutenir des secteurs clés comme les infrastructures, l’éducation, la santé et la sécurité — autant de leviers essentiels pour le développement inclusif dans la région.

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