Ecobank Togo : 20 milliards pour l’agriculture, 10 000 PME financées et 80 % de clients digitalisés
Après 100 jours d’immersion, Estelle Fafa Akue Komlan s’est employée à saisir les dynamiques internes et externes de la banque (Crédit image : BRVM)
Les points clés :
Estelle Komlan célèbre ses 100 jours à la tête d’Ecobank Togo avec une stratégie affirmée : soutenir 10 000 PME, injecter 20 milliards FCFA dans l’agriculture et digitaliser 80 % des clients.
Elle déploie la version enrichie du programme Ellever, qui offre désormais des prêts sans garantie jusqu’à 50 000 USD aux femmes entrepreneures, renforçant l’autonomie économique féminine.
Cette feuille de route se veut "phygitale" : une banque agile, alliant innovation digitale et ancrage local, pour transformer le Togo en vitrine de la transformation panafricaine.
Plongée au cœur d’un leadership en pleine ascension, l’époque initiale à la tête d’Ecobank Togo est révélatrice de la vision d’Estelle Fafa Akue Komlan. Après 100 jours d’immersion, elle s’est employée à saisir les dynamiques internes et externes de la banque : visites d’agences, échanges avec les équipes, clients et partenaires. Autant de rencontres qui ont confirmé la robustesse institutionnelle et le potentiel de transformation d’Ecobank Togo.
Trois axes stratégiques émergent de son diagnostic. D’abord, le soutien aux PME/PMI, considérées comme le socle de l’économie togolaise. La DG se fixe un objectif ambitieux : financer 10 000 entreprises. Ensuite, l’agriculture, moteur de croissance pour le Togo, bénéficiera d’un fonds de 20 milliards FCFA. Enfin, la transformation digitale est au cœur des priorités : digitaliser 80 % des clients grâce à des partenariats solides avec les opérateurs mobiles et les fintechs.
Parallèlement, Komlan engage le programme Ellever dans une nouvelle dimension. Lancé en 2020, ce programme destiné aux femmes entrepreneures a vu sa version enrichie dévoilée le 8 mars 2025, à l’occasion de la Journée Internationale des Droits des Femmes. Il offre désormais des prêts sans garantie allant jusqu’à 50 000 USD (≈ 30 millions FCFA) pour les femmes entrepreneurs, avec des garanties assouplies et des conditions d’accès simplifiées (minimum de deux ans d’historique).
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : la première version d’Ellever a déjà inscrit 1 280 femmes, pour un financement total de 5,6 milliards FCFA. En outre, une ligne de financement dédiée de 1 milliard FCFA soutient 125 entreprises féminines dans le développement de leur solvabilité et un plan de formation exhaustif pour accroître leurs revenus d’au moins 30 %.
Cette ambition s’insère dans la stratégie plus large du groupe Ecobank, dont le siège à Lomé incarne la convergence entre leadership régional et ancrage local. Komlan souhaite déployer des solutions transfrontalières innovantes et faire du Togo une vitrine de croissance, transformation et performance. Le modèle "phygital" prôné par la DG, combinant technologie et présence terrain, vise à fluidifier les processus tout en restant proche des réalités clientèles.
Pourquoi est-ce important ?
L’initiative d’Estelle Komlan intervient à un moment crucial pour le Togo. Le pays, où le secteur privé représente 77 % du PIB, a besoin d'un acteur bancaire agile, innovant, et formateur de capital humain. Soutenir massivement les PME et l’agriculture, tout en renforçant l’inclusion digitale, c’est aussi répondre aux enjeux de résilience économique face aux chocs mondiaux.
Par ailleurs, en élargissant le programme Ellever, Ecobank Togo contribue à l’autonomisation des femmes, un facteur d’accélération pour le développement national. L'économie togolaise y gagne en performance et en diversité.
Sur le plan régional, cette stratégie reflète aussi un virage plus global d’Ecobank vers une finance africaine inclusive, orientée création de valeur réelle. Faire du Togo une vitrine, c’est aussi renforcer la confiance des investisseurs envers la sous-région.
Enfin, ce leadership fait office de modèle pour les autres filiales Ecobank et pour les banques africaines en quête de pertinence sociale. La combinaison stratégique d’inclusion financière, d’innovation technologique et de gouvernance responsable représente un chemin possible pour juguler les fractures économiques tout en stimulant la croissance.