Le Burkina Faso scelle un partenariat énergétique stratégique avec la Russie

Un programme nucléaire civil avec Rosatom se précise (Crédit image : SikaFinance)


Les points clés :

  • Le Burkina Faso signe un mémorandum avec interRAO, société publique russe, pour construire des centrales thermiques afin de répondre à un déficit énergétique chronique.

  • Les pourparlers incluent également le développement futur d’une centrale nucléaire avec Rosatom, marquant une ambition d’autonomie énergétique sans précédent.

  • Une commission intergouvernementale, un conseil d’affaires, et même une liaison aérienne directe font partie des nouvelles passerelles diplomatiques et économiques conclues avec la Russie.


À Ouagadougou, les 29 et 30 juillet 2025, une rencontre d’envergure a cristallisé le renforcement des liens entre la Fédération de Russie et le Burkina Faso. Sous l’égide des ministres de l’Énergie des deux pays, un mémorandum d’entente avec la société d’État russe interRAO a été signé. Il engage la construction de centrales thermiques pour pallier la pénurie énergétique nationale, frein durable au développement économique burkinabè.

Mais l’alliance ne s’arrête pas là. Un programme nucléaire civil avec Rosatom se précise, reprenant les accords signés en 2023–2024, et officialisés dans une démarche intergouvernementale formelle en juin 2025, structurée autour d’une formation, de transfert technologique et d’infrastructures modernes.

Toutefois, ce partenariat se veut à 360 degrés. Les discussions ont également porté sur la mise en place d’un laboratoire mobile de microbiologie capable d’analyser jusqu’à 800 échantillons par jour, renforçant la souveraineté sanitaire du Burkina Faso. Une ligne aérienne directe, une commission intergouvernementale russo-burkinabè, présidée par le ministre russe Sergey Tsivilyev, et la création d’un conseil d’affaires sont autant de mesures destinées à accroître les échanges commerciaux, universitaires et diplomatiques entre les deux nations.

Le ministre burkinabè de l’Énergie, Yacouba Zabré Gouba, souligne l’importance de ces initiatives pour accompagner la croissance démographique, l’urbanisation rapide et la volonté du pays d’atteindre une souveraineté énergétique totale, à la fois durable et technologiquement ambitieuse.

Pourquoi est-ce important ?

Le Burkina Faso, souvent perçu comme une économie fragile, ambitionne avec ce partenariat de combler une fracture énergétique structurelle qui limite son développement industriel, sanitaire et humain. À court terme, les centrales thermiques représenteront une réponse pragmatique à un besoin urgent en électricité ; à moyen terme, la coopération nucléaire avec Rosatom positionne le pays sur une trajectoire d’industrialisation technologique avancée.

D’un point de vue géopolitique, cette convergence avec la Russie illustre la redéfinition des alliances africaines dans un monde multipolaire. Pour l’Afrique de l’Ouest, un Burkina indépendant sur le plan énergétique deviendra un modèle pour ses voisins, libérant les marges budgétaires et renforçant sa résilience face aux chocs externes.

Enfin, la dimension transversale de l’accord, énergétique, sanitaire, éducative, logistique, illustre la volonté du gouvernement burkinabè de placer la coopération au service d’une transformation inclusive, créatrice de bénéfices durables sur plusieurs secteurs clés de l’économie nationale.

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