L’Eco sera lancée en 2027 : la CEDEAO opte pour « l’intégration progressive »

Cette décision fait suite à une longue période d’impasse (Crédit image : RTS)


Les points clés :

  • La CEDEAO confirme le lancement de sa monnaie unique, l’Eco, pour 2027, après des reports successifs.

  • Adopter la monnaie via une stratégie flexible, avec démarrage pour les pays prêts et soutien aux autres, relance la dynamique régionale.

  • L’Eco devient un levier central d’intégration économique, de souveraineté monétaire et de valorisation de l’espace ouest-africain.


L’annonce de la date officielle du lancement de l’Eco, monnaie unique de la CEDEAO, marque un tournant : 2027 sera l’année de son introduction, selon Omar Alieu Touray, président de la Commission régionale, lors d’une audience à Banjul avec le président gambien Adama Barrow. Après avoir été reportée à plusieurs reprises, initialement prévue autour des années 2015 ou 2020, cette décision fait suite à une longue période d’impasse liée aux difficultés d’harmonisation économique.

Ce qui distingue cette étape, c’est la flexibilité nouvelle : l’Eco sera introduite avec les États membres prêts à remplir les critères de convergence. Ceux en retard pourront rejoindre ultérieurement, en bénéficiant d’un accompagnement technique et financier. Les critères principaux fixés par l’Institut Monétaire Ouest-Africain (WAMI) incluent une inflation à un chiffre, un déficit budgétaire maximal de 4 % du PIB, une maîtrise du financement monétaire et des réserves couvrant au moins trois mois d’importations.

Cette approche vise à briser l’impasse institutionnelle engendrée par les divergences économiques entre pays francophones (UEMOA) et anglophones (WAMZ), notamment pour la Nigeria, première économie régionale, dont l’intégration à l’Eco est jugée cruciale pour la viabilité du projet.

La relance de la perspective monétaire unique s’est accompagnée d’intenses discussions lors de la 11ᵉ réunion du Conseil de convergence (mars 2025), mobilisant ministres des Finances et gouverneurs de banques centrales, autour des avancées macroéconomiques, des réformes institutionnelles et des cadres juridiques nécessaires à sa mise en œuvre.

Aux yeux des chefs d’État de la CEDEAO, l’Eco est plus qu’une devise : elle incarne l’aspiration à l’intégration régionale, la réduction de la dépendance aux monnaies extérieures et un engagement vers une souveraineté monétaire collective.

Pourquoi est-ce important ?

L’annonce du déploiement de l’Eco en 2027 redonne une impulsion forte à l’intégration ouest-africaine. Envisager une monnaie commune, même partielle, pourra accroître les échanges transfrontaliers, stabiliser les taux de change et encourager les investissements régionaux.

L’approche graduelle, lancer avec les États disposant déjà des critères, tout en soutenant progressivement les autres, tranche avec les blocages passés, souvent liés à des disparités budgétaires ou inflationnistes trop marquées. Elle offre une voie pragmatique désormais plus réaliste.

L’enjeu est économique bien sûr, mais aussi politique et symbolique : l’Eco incarne une volonté collective de souveraineté monétaire, capable de libérer les pays francophones de leur dépendance au Franc CFA et les anglophones des errances monétaires nationales.

Enfin, pour l’Afrique de l’Ouest et le continent en général, l’Eco, s’il est bien déployé, pourrait devenir un modèle réussi d’un marché intégré durable, propice à l’émergence financière africaine. La prochaine étape sera de voir l’adhésion concrète des pays majeurs, notamment Nigeria, Ghana ou Côte d’Ivoire, et la suite du dispositif institutionnel (Banque Centrale Ouest-Africaine, surveillance macroéconomique régionale).

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