Togo : le projet PERECUT accélère l’accès à l’électricité avec 46 milliards Fcfa d’investissements
Les points clés :
Le projet PERECUT entre dans sa phase opérationnelle dans la région Centrale.
Le taux d’électrification national est passé de 40 % en 2018 à près de 70 % en 2025.
L’objectif reste l’accès universel à l’électricité d’ici 2030, malgré des disparités urbain-rural persistantes.
Le Togo accélère sa marche vers l’accès universel à l’électricité. Le Projet d’Extension des Réseaux Électriques des Centres Urbains (PERECUT), financé à hauteur de 46 milliards de Fcfa par l’Agence Française de Développement (AFD), la banque publique allemande KfW et l’Union européenne, vient de franchir une nouvelle étape décisive avec le lancement de sa phase opérationnelle dans la région Centrale.
L’ambition du programme est claire : élargir la couverture électrique, réduire les inégalités d’accès et soutenir le développement socio-économique des centres urbains et périurbains. Concrètement, les travaux prévoient la construction de 290,2 km de réseau basse tension et 21,1 km de réseau moyenne tension, l’installation de 36 postes transformateurs, le raccordement de nouveaux clients ainsi que le renforcement de l’éclairage public grâce à de nouveaux lampadaires.
Les localités des préfectures de Blitta, Sotouboua, Tchamba, Tchaoudjo et Mô figurent parmi les bénéficiaires directs. Pour leurs habitants, l’arrivée de l’électricité rime avec amélioration de la qualité de vie, développement de petites activités économiques et renforcement de la sécurité grâce à l’éclairage public. “D’autres projets sont en gestation pour fournir l’électricité dans les zones encore non couvertes”, a indiqué le directeur de cabinet du ministère des Mines et de l’Énergie, Aboulaye Abbas, soulignant la volonté de mettre fin au phénomène des “toiles d’araignées” électriques qui caractérisent encore certains quartiers.
Ces avancées s’inscrivent dans un contexte de transformation énergétique plus large. Depuis 2018, le taux d’électrification au Togo est passé de 40 % à près de 70 %, selon les chiffres communiqués par le ministère de l’Énergie. Dans le même temps, la capacité nationale de production a augmenté de 190 à 270 mégawatts, tandis que la part des énergies renouvelables a quasiment doublé. Mais la demande progresse rapidement, à raison de 7 % par an, portée par l’urbanisation et l’essor industriel.
Derrière ces progrès se cache cependant une fracture criante entre villes et campagnes. Si 85 % des citadins ont accès à l’électricité, à peine 25 % des zones rurales en bénéficient, selon l’Agence togolaise d’électrification rurale (AT2ER, données du 10 mai 2025). Une disparité que le gouvernement s’est juré de combler d’ici à 2030. À cinq ans de cette échéance, les projections les plus optimistes estiment que le taux d’accès national pourrait atteindre 75 % dès la fin de l’année 2025.
Pourquoi est-ce important ?
L’accès à l’électricité n’est pas seulement un enjeu de confort domestique : il conditionne la compétitivité économique, la modernisation des services publics et la réduction des inégalités territoriales. Dans une Afrique de l’Ouest où la croissance démographique et urbaine exerce une pression croissante sur les infrastructures, le Togo fait figure de laboratoire régional. Le financement conjoint mobilisant l’AFD, la KfW et l’Union européenne illustre par ailleurs l’importance des partenariats internationaux pour accompagner la transition énergétique.
Si les défis restent immenses, notamment dans les zones rurales enclavées, les efforts engagés témoignent d’une volonté politique forte de bâtir un modèle énergétique plus inclusif et durable. Pour l’économie togolaise et, au-delà, pour la sous-région ouest-africaine, réussir cette transformation signifie poser les bases d’une croissance plus résiliente, capable de répondre aux aspirations de millions de citoyens.