Au TICAD9 à Yokohama : Bloomfield plaide pour l'autofinancement africain et des évaluations financières équitables
Bloomfield Investment Corporation, représenté par Soraya Diallo, Senior Vice-Présidente (Crédit image : Bloomfield Investment Corporation)
Les points clés :
Soraya Diallo de Bloomfield Investment a identifié l'agriculture, les énergies renouvelables et la digitalisation comme moteurs clés pour le Sahel.
Bloomfield a remis en cause les notations souveraines biaisées, appelant à valoriser les réformes africaines et à renforcer les marchés financiers domestiques.
L’entreprise prône la création de systèmes de notation locaux (comme l’AfCRA) pour réduire les coûts de financement et stimuler l’intégration financière régionale.
Lors de la Tokyo International Conference on African Development (TICAD9) organisée à Yokohama du 20 au 22 août 2025, Soraya Diallo, Senior Vice-Présidente de Bloomfield Investment Corporation, a pris part à deux panels stratégiques porteurs pour le financement africain. Le premier, consacré au développement du Sahel, a mis en lumière trois secteurs complémentaires, l’agriculture et l’agro-industrie, les énergies renouvelables et la digitalisation, susceptibles de stimuler une croissance inclusive, créer de la valeur, et générer emplois et inclusion sociale. Diallo a également souligné l’importance pour les pays africains de s'appuyer sur leurs marchés financiers domestiques, souvent insuffisamment exploités, pour financer leur propre développement.
Le second panel adressait les problèmes liés aux notations financières souveraines en devises, souvent biaisées et générant des coûts de financement excessifs pour les États africains. Bloomfield a plaidé pour une meilleure valorisation des réformes et trajectoires économiques pertinentes menées par les États, renforçant l’idée d’évaluations africaines du risque plus justes et plus alignées sur les réalités locales.
Ces interventions s’inscrivent dans un contexte plus large affirmé lors de TICAD9 : le besoin urgent de réformes structurelles du système financier international, d’un renforcement des acteurs africains tels que l’Agence africaine de notation (AfCRA), et d’une plus grande mobilisation de l’épargne locale pour réduire la dépendance extérieure. L’African Union Commission a d'ailleurs appelé à co-construire des solutions innovantes, à mobiliser les investissements privés et à soutenir les infrastructures, l’agriculture, l’énergie et la digitalisation, conformément à l’Agenda 2063 (Union Africaine).
Au-delà du discours, TICAD9 a vu la signature de quelque 300 accords de coopération entre le Japon et divers États africains, couvrant l’infrastructure, la technologie, l’agro-industrie, la santé ou l’éducation (Africanews). L’African Development Bank (AfDB), présente lors de nombreux panels, a également plaidé pour des partenariats Japon-Afrique basés sur l’innovation, les infrastructures durables et les fonds d’impact (African Business, Banque mondiale).
Pourquoi est-ce important ?
En plaçant l’agriculture, les énergies vertes et la digitalisation au cœur de sa stratégie, Bloomfield met en exergue ce qui doit être une vision intégrée du développement dans le Sahel : une économie diversifiée, souveraine et résiliente. Insister sur l’usage de marchés financiers africains dynamiques, un point central de leur intervention, répond à deux enjeux cruciaux : réduire la vulnérabilité aux chocs externes et promouvoir une gouvernance économique locale plus mature.
La remise en question du cadre des notations internationales, favorisant des alternatives africaines telles que l’AfCRA, est structurante. Elle vise à corriger une distorsion chronique qui fait payer aux pays africains des taux d’intérêt plus élevés que ceux qu’ils mériteraient selon leurs réformes réelles.
De manière complémentaire, le fort partenariat avec le Japon, souligné par les 300 nouveaux accords de TICAD9, démontre une dynamique renouvelée pour mobiliser des financements, technologies et expertises nécessaires à la transformation économique de l’Afrique.
En somme, les interventions de Bloomfield au TICAD9 incarnent cette conviction : l’Afrique peut financer durablement ses ambitions, renforcer sa souveraineté financière et bâtir des institutions plus équitables, inclusives et productives, tant au Sahel que sur l’ensemble du continent.