Énergie au Burkina : le Ghana fournit 81 % des importations d’électricité grâce à l’interconnexion stratégique
Les points clés :
Le Ghana fournit 80,8 % des importations d’électricité du Burkina, soit 1 279 GWh en 2023.
Les importations représentent 58,2 % de l’offre nationale, malgré une hausse de production locale de 12 % (2022-2023).
L’interconnexion Bolgatanga–Ouagadougou renforce la sécurité énergétique régionale, tandis que le solaire local progresse.
Le Burkina Faso reste fortement dépendant de ses voisins pour répondre à ses besoins en électricité. En 2023, le Ghana s’est imposé comme le principal fournisseur, assurant à lui seul 80,8 % des importations, soit 1 279,1 GWh, selon les données compilées par Sika Finance. Ces importations ont augmenté de 6 % par rapport à 2022, grâce à une interconnexion renforcée via le corridor Bolgatanga–Ouagadougou, un axe stratégique mis en service depuis 2018 via une ligne de 225 kV financée par la Banque mondiale, l’AFD, la BEI, GRIDCo et SONABEL.
Au-delà de cette interconnexion, Ghana exporte désormais jusqu’à 200 MW, dont environ 140 MW vers le Burkina, contribuant à sécuriser et diversifier l’approvisionnement énergétique du pays.
Au total, les importations d’électricité couvrent 58,2 % de l’offre nationale, illustrant une dépendance élevée malgré une dynamique de production nationale. Celle-ci a progressé de 12 %, passant de 1 013,5 GWh en 2022 à 1 135,6 GWh en 2023. Ce renforcement des capacités domestiques, soutenu par des investissements dans les infrastructures et les énergies renouvelables, semble porter ses fruits.
Cette tension structurelle entre importations dominantes et production locale croissante trouve un premier écho dans la progression de la diversification énergétique.
Parmi les projets les plus marquants, plusieurs centrales solaires ont été mises en service récemment : Kodeni (38 MW, 73 GWh/an), Zina (26,6 MW, 33 GWh/an) et Pâ (30 MW), augmentant ainsi la contribution des énergies renouvelables au mix électrique national. Le projet Donsin de 25 MW, avec stockage, est en cours de développement, grâce à un financement de €45,7 millions de la Banque Export–Import de Chine.
Pourquoi est-ce important ?
La forte dépendance du Burkina Faso vis-à-vis des importations électriques, bien que cruciale pour pallier les déficits structurels, révèle une vulnérabilité à l’instabilité régionale ou aux fluctuations des approvisionnements. L’interconnexion avec le Ghana atténue ce risque mais ne remplace pas une stratégie énergétique souveraine.
La montée en puissance de la production locale, notamment grâce aux centrales solaires, offre une voie d’autonomie énergétique durable. Elle permet de réduire les coûts liés aux importations fossiles, de stabiliser l’offre, et de lutter contre le changement climatique.
Sur le plan régional, l’intégration énergétique via le West African Power Pool (WAPP) et les projets d’interconnexion renforcent la solidarité entre nations de l’UEMOA et de l’Afrique de l’Ouest. Ils facilitent le commerce énergétique, optimisent les ressources régionales, et contribuent à la résilience collective.
Enfin, au-delà de la question énergétique, ce virage vers les renouvelables et la consolidation des infrastructures régionales représente un levier clé pour le développement équitable, la réduction des inégalités entre zones urbaines et rurales, et l’amélioration de l’attractivité économique du Burkina Faso.