UEMOA : la BCEAO révolutionne les paiements transfrontaliers avec la plateforme instantanée PI-SPI
Les points clés :
Les délais de paiement interbancaires régionaux ont été réduits de 45 à moins de 2 jours, pour des coûts quasi symboliques.
La BCEAO a lancé une plateforme de paiement instantané interopérable (PI-SPI), avec intégration de fintechs, banques, mobile money et microfinance.
Ces innovations soutiennent l’inclusion financière et l’intégration économique de l’UEMOA, tout en s’alignant sur les initiatives continentales EPSS et PAPSS.
Le gouverneur de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), Jean-Claude Kassi Brou, a détaillé les progrès majeurs obtenus sur les paiements transfrontaliers au sein de l’UEMOA. Présent à la réunion semestrielle du Conseil de stabilité financière (FSB) sur l’Afrique subsaharienne, il a rappelé que les réformes entamées au début des années 2000 ont permis de réduire les délais de paiement de 45 jours à moins de deux jours, avec des frais quasi inexistants, de l’ordre de quelques centimes par transaction.
La transformation ne s’arrête pas là : la BCEAO construit un système moderne et inclusif où les paiements vers des comptes de monnaie électronique facilitent l’accès aux services financiers des populations jusque-là exclues du secteur bancaire formel.
Clé de cette modernisation, la plateforme interopérable de paiements instantanés PI-SPI sera opérationnelle fin septembre 2025. Depuis juin, une phase pilote permet à des utilisateurs sélectionnés, banques, microfinance, mobile money, de réaliser des transactions instantanées peu importe le type de compte, dans les huit États membres de la zone. Ce test permet de vérifier la fiabilité, la sécurité et la fluidité du système avant son déploiement complet.
Sur le plan réglementaire, la BCEAO renforce la transparence tarifaire bancaire et a déjà autorisé neuf fintechs à opérer dans la zone, selon les nouvelles normes entrées en vigueur début 2024. Par ailleurs, l’institution accompagne deux initiatives continentales phares, le Système de paiement de la CEDEAO (EPSS) et le Système panafricain de paiement et règlement (PAPSS), pivotaux pour la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).
Le gouverneur invite à un effort de coordination autour de cinq axes : convergence réglementaire, supervision harmonisée, gestion des risques de change et de règlement, mutualisation des outils de gestion des risques, et partage d’informations entre autorités. Il insiste également sur l’inclusion indispensable des fintechs et des institutions de microfinance dans ce nouvel écosystème.
Pourquoi est-ce important ?
La réduction drastique des délais et coûts de paiement transforme immédiatement l’économie ouest-africaine. Les entreprises et les particuliers pourront transférer de l’argent rapidement, à moindre coût, facilitant le commerce intra-régional et les envois de fonds. Cette avancée libère la croissance des PME, améliore l'accès aux services financiers pour les zones isolées, et stimule l’activité économique locale.
L’interopérabilité mise en œuvre par la BCEAO constitue un modèle d’intégration monétaire et digitale en Afrique. Elle dépasse les frontières classiques des banques et ouvre la voie à une finance inclusive, agile et intégrée.
En liant la plateforme régionale (PI-SPI) aux initiatives continentales EPSS et PAPSS, la BCEAO inscrit l’UEMOA au cœur de l’agenda de l’union monétaire et commerciale africaine. Ces infrastructures financières modernisées sont des briques essentielles pour une intégration économique effective avec la ZLECAf.
Enfin, à l'ère de la digitalisation globale, ces efforts positionnent durablement l’UEMOA comme un laboratoire de solutions financières innovantes, promouvant résilience, inclusion et compétitivité, tout en servant de référence aux autres blocs régionaux.