20e Foire internationale de Lomé - 2025 : la Chine, invitée de poids pour les 40 ans de la FIL

Comment la Chine va marquer la 20e édition (Crédit image : RT)


Points clés :

  • La Chine renforce sa présence à la 20ᵉ Foire internationale de Lomé grâce à un partenariat stratégique.

  • La FIL s’impose comme un hub régional de croissance pour les PME, les investisseurs étrangers et les innovateurs.

  • La digitalisation de l’événement et le thème anniversaire marquent un tournant vers une nouvelle ambition économique régionale.


Depuis 1985, la Foire internationale de Lomé (FIL) est bien plus qu’un événement commercial : elle est un thermomètre de l’intégration économique ouest-africaine. À l’heure où le continent accélère la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), cette vitrine togolaise devient un point nodal stratégique pour les échanges Sud-Sud et les partenariats Nord-Sud. Et cette année, à l’occasion de son 40e anniversaire et de sa 20e édition, c’est un tournant majeur qui s’annonce : la Chine s’apprête à en faire un levier d’expansion inédit sur l’Afrique de l’Ouest.

Cette ambition n’est pas anodine. Elle découle d’un accord de partenariat conclu en 2024 entre le Centre Togolais des Expositions et Foires (CETEF) et l’Hebei Enterprise Culture Association, une puissante organisation regroupant plus de 500 entreprises de la province du Hebei. Ce pacte stratégique a déjà accouché de résultats concrets : une délégation chinoise de haut niveau a séjourné à Lomé en juillet 2025 pour peaufiner les modalités de participation à la FIL.

Un positionnement économique qui dépasse le cadre événementiel

À première vue, la FIL est un événement commercial comme tant d’autres. Pourtant, elle a progressivement acquis le statut de plateforme économique régionale. En 2024, selon les chiffres officiels du CETEF, elle a rassemblé 1 300 exposants de 22 pays, contre 1 200 en 2023, et plus de 700 000 visiteurs, une croissance significative par rapport à l’édition précédente. Ces chiffres sont à comparer à ceux de foires similaires en Afrique : la Foire internationale de Dakar (FIDAK) n’enregistre en moyenne que 250 000 visiteurs par édition, selon les chiffres du CICES.

À travers la FIL, le Togo joue donc une carte stratégique : devenir la porte d’entrée logistique et commerciale des investisseurs asiatiques, européens et africains vers le reste du continent. Cela cadre parfaitement avec sa politique d’industrialisation, notamment le Plan Togo 2025, qui mise sur le secteur privé, la logistique, l’agro-industrie et les nouvelles technologies.

La Chine, un partenaire qui redéfinit les règles

La présence chinoise est loin d’être symbolique. Elle s'inscrit dans une dynamique plus large de la stratégie "Going Out" de la Chine, qui vise à encourager les entreprises à investir à l’étranger, notamment dans les infrastructures, l’énergie et les technologies. Le Hebei, province d’où proviennent les entreprises partenaires, est un centre industriel de premier plan en Chine, avec des champions dans les domaines du BTP, des équipements industriels, de l’automobile et de l’électronique.

Selon les données du Ministère chinois du Commerce, les investissements directs chinois en Afrique ont atteint 2,59 milliards USD en 2022, avec un bond significatif dans les pays d’Afrique de l’Ouest. Le Togo, avec son climat des affaires relativement stable, ses infrastructures portuaires (Port de Lomé, premier port en eau profonde de la sous-région) et ses politiques fiscales incitatives, s’impose comme une destination stratégique.

La FIL comme outil diplomatique et levier numérique

Loin d’être un simple salon d’exposition, la Foire de Lomé est aussi devenue un outil de diplomatie économique. Elle attire non seulement des entreprises, mais aussi des ministères, des chambres de commerce et des banques régionales comme la BOAD, la BIDC et Ecobank. La 20e édition prévoit d’accueillir un Espace start-up, symbole de la volonté du Togo de capter l’innovation locale et de favoriser l’entrepreneuriat des jeunes.

Autre grande nouveauté : la digitalisation complète de l’inscription via e-fil.cetef.tg. Le CETEF a mis en place un portail unique qui permet non seulement de réserver un stand, mais aussi d’effectuer des paiements, de télécharger des documents, et de gérer la logistique. Cela répond à une exigence croissante de transparence et d’efficacité, alors que l’économie numérique devient un moteur de croissance.

Une foire en phase avec les objectifs de la ZLECAF

Dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), la FIL de Lomé peut jouer un rôle de catalyseur. L’édition 2025 coïncide avec l’accélération des échanges intra-africains, notamment dans les domaines agricoles, manufacturiers et numériques. Le rapport 2023 de la CEA (Commission Économique pour l’Afrique) estime que la ZLECAF pourrait augmenter les exportations intra-africaines de 81 % d’ici 2035 si elle est pleinement mise en œuvre.

Avec ses 40 ans d’existence, la Foire de Lomé n’est plus un simple rendez-vous économique, mais une infrastructure régionale de diplomatie économique, un incubateur de partenariats, et un point d’ancrage pour les entreprises étrangères désireuses de tester le marché ouest-africain.

Pourquoi est-ce important ?

La montée en puissance de la Foire internationale de Lomé et l’entrée massive des entreprises chinoises ne sont pas anecdotiques. Elles signalent une transformation profonde du positionnement du Togo dans l’économie régionale. Le pays devient une plateforme d’accueil, de test et d’expansion pour des puissances étrangères désireuses de capter un marché régional en pleine mutation.

Cette dynamique a des répercussions multiples sur l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest. Elle démontre que des événements comme la FIL peuvent générer de la valeur ajoutée, attirer des IDE (Investissements Directs Étrangers), créer des emplois et favoriser le transfert de technologie. Elle pose aussi une exigence : celle d’une régulation équilibrée entre ouverture au capital étranger et protection des intérêts locaux.

Enfin, cette dynamique renforce l’intégration régionale prônée par la CEDEAO et l’Union africaine. Elle montre qu’un événement national, bien structuré et modernisé, peut devenir un levier continental de développement économique.

Précédent
Précédent

Togo : une académie pour booster le capital humain

Suivant
Suivant

“Allez les Champions”-Edition 7 : Ecobank mise sur la jeunesse pour stimuler l’entrepreneuriat et l’inclusion financière au Togo