Côte d’Ivoire ‑ Sénégal : les appels sans frontière enfin réalité, adieu le surcoût pour les appels, SMS et internet
Cet accord incarne l'aspiration d’un marché numérique ouest-africain intégré (Crédit image : Koaci)
Les points clés :
La signature du protocole d’itinérance bilatérale entre la Côte d’Ivoire et le Sénégal met fin aux surcoûts de communication pour des appels, SMS et données entre les deux pays.
Les deux régulateurs, ARTCI et ARTP, appliquent le règlement CEDEAO 2017 sur la libre itinérance, concrétisant un espace numérique sous-régional unifié.
Cette avancée catalyse une dynamique régionale déjà à l’œuvre entre plusieurs États de l’UEMOA et l’Afrique de l’Ouest : Togo–Burkina, Ghana–Côte d’Ivoire, etc.
Le 24 juillet 2025, à Abidjan, la Côte d’Ivoire et le Sénégal ont conclu un accord bilatéral historique avec l’objectif de supprimer les frais de roaming pour appels, SMS et internet entre les deux pays. Désormais, les citoyens en déplacement conservent leur numéro d’origine et bénéficient des services mobiles du pays visité aux mêmes tarifs que les résidents locaux. Le protocole, signé par les autorités de régulation ARTCI et ARTP, concrétise la mise en œuvre du règlement CEDEAO adopté en 2017, validant ainsi un cadre légal d’intégration numérique sous-régionale.
Les usagers ivoiriens et sénégalais accédant aux services mobiles dans le pays voisin ne seront plus facturés en tant qu’étrangers. Ce dispositif favorise l’inclusion numérique, réduit les coûts de communication et soutient l’intégration sociale et économique, en brisant un frein technique pourtant ancien à la mobilité intra‑régionale.
Une mise en œuvre progressive dans un contexte régional d’élan
La Côte d’Ivoire fait figure de précurseur en la matière. Elle fut l’un des premiers pays à concrétiser des accords bilatéraux de roaming avec le Ghana dès 2023, avant d’étendre la coopération à Togo et Bénin. Le processus avec le Sénégal s’insère naturellement dans cette progression régionale. Par ailleurs, des accords similaires entre Togo et Burkina Faso ou Ghana‑Bénin ont déjà permis de baisser les coûts de communication jusqu’à 90 % dans certains cas.
Ces initiatives bousculent les pratiques : les appels entrants deviennent gratuits, les données mobiles et messages sont facturés au tarif local, et les utilisateurs peuvent voyager sans se soucier de frais exorbitants. Ce modèle, déjà testé avec succès dans plusieurs États, tend à devenir la norme dans l’espace CEDEAO.
Une cale stratégique pour l’intégration économique et numérique
Au-delà du seul bénéfice tarifaire, cet accord incarne l'aspiration d’un marché numérique ouest-africain intégré. En supprimant les barrières de communication, les échanges commerciaux et culturels deviennent plus fluides, soutenant l’objectif d’une circulation sans frein des personnes et des services. De plus, l’essor des flux inter‑États favorise le e‑commerce, le tourisme d’affaires ou les investissements logistiques transfrontaliers.
Le modèle ivoiro‑sénégalais inspire déjà d’autres États de la sous‑région : la Côte d’Ivoire négocie actuellement des accords avec le Nigéria, le Liberia ou encore la Guinée, amplifiant le potentiel de cette architecture numérique commune en devenir.
Pourquoi est-ce important ?
La suppression des frais de roaming entre la Côte d’Ivoire et le Sénégal constitue un jalon concret dans le projet de construction d’une Afrique de l’Ouest digitale et solidaire. C’est la preuve que des régulations concertées peuvent transformer l’expérience des citoyens et faciliter les échanges régionaux tout en réduisant les coûts de transaction.
Sur le plan économique, cette avancée est significative. En facilitant les appels entre professionnels, entrepreneurs et consommateurs au sein de la zone CEDEAO, l’accord soutient la croissance des TPE‑PME, le développement des services transfrontaliers et renforce l’attractivité des marchés locaux auprès des investisseurs.
Politiquement, cet accord illustre la mise en œuvre d’un projet communautaire longtemps resté théorique. Il montre également que des pays d’Afrique de l’Ouest peuvent agir de manière concertée pour améliorer la vie quotidienne des citoyens, renforcer la cohésion régionale et promouvoir une intégration économique durable. Une vision concrète de ce que pourrait être un espace CEDEAO pleinement connecté.