Aliko Dangote quitte la présidence de Dangote Cement : une décision bouleversante
La décision de se retirer du conseil de son empire cimentier n’est pas une retraite
Les points clés :
Aliko Dangote a quitté la présidence et le conseil de Dangote Cement Plc le 25 juillet 2025, pour se consacrer à ses projets énergétiques majeurs tels que la raffinerie, les fertilisants et les relations gouvernementales.
L’administrateur indépendant Emmanuel Ikazoboh, ancien président d’Ecobank Transnational, lui succède, tandis que Mariya Aliko Dangote rejoint le conseil d’administration.
Dangote Cement affiche une capacité de production portée à 52 Mt/an, des revenus en hausse de 17,7 % au T1 2025 et un bénéfice net multiplié par près de 2,5.
Le 25 juillet 2025 marque un tournant historique pour le groupe Dangote. Aliko Dangote, figure emblématique du développement industriel africain, a officiellement démissionné de son poste de président du conseil d’administration de Dangote Cement Plc. Cette décision s’inscrit dans une volonté affichée de concentrer ses efforts sur ses projets les plus ambitieux : la gigantesque raffinerie pétrolière, les unités de pétrochimie et la complexification des relations avec les gouvernements régionaux.
Emmanuel Ikazoboh, avec quatre décennies d’expérience en management pan-africain et ancien président d’Ecobank Transnational, a été nommé nouveau président du conseil. Ce choix s’appuie sur une gouvernance modernisée, conforme aux standards internationaux et tournée vers la performance durable. Aux côtés du nouveau président, Mariya Aliko Dangote fait son entrée au conseil d’administration, symbolisant une transition familiale progressive et réfléchie.
L’empire cimentier demeure une force économique
Dangote Cement reste au cœur de l'empire industriel africain, avec une capacité totale désormais évaluée à 52 millions de tonnes par an et des expansions prévues, notamment une usine en Côte d’Ivoire de 3 Mt/an et à Itori (Nigeria) de 6 Mt/an, portant la capacité totale à 61 Mt/an dès 2025. Durant le premier semestre de 2025, le chiffre d’affaires du groupe a crû de 17,7 %, le bénéfice brut (EBITDA) de 41,8 %, et le bénéfice net après impôt de 174,1 %. Les exportations africaines, notamment vers le Ghana et le Cameroun, ont augmenté de 18,2 %.
Sous la direction de Dangote, l’entreprise est devenue le plus grand producteur de ciment en Afrique subsaharienne et le principal exportateur de clinker. C’est également le plus grand contributeur fiscal du Nigeria, avec plus de 402 milliards de nairas versés en 2024.
L’héritage d’un capitaine industriel et la voie pour d’autres champions africains
La décision de se retirer du conseil de son empire cimentier n’est pas une retraite, mais un repositionnement stratégique. Aliko Dangote a construit un modèle de mandarin africain : commencer avec un produit de base (ciment), asseoir une domination régionale, puis réinvestir dans des secteurs à valeur ajoutée tels que la pétrochimie et l’énergie. Cet héritage industriel fort se prolonge avec l’intégration progressive de la nouvelle génération, incarnée par Mariya Dangote, prête à prolonger la vision familiale.
Avec plus de 28 milliards USD de fortune personnelle en mars 2025, Dangote confirme sa puissance économique, accrue par ses projets industriels majeurs et une stratégie de localisation ambitieuse. Le modèle qu’il incarne, fondé sur la production locale, la consolidation continentale, une gouvernance familiale cadrée et une vision à long terme, devient une référence pour les industries africaines souhaitant s’imposer globalement.
Pourquoi est-ce important ?
Cette transition symbolise une maturation historique du secteur privé africain. Le règne discret mais incessant de Dangote sur l’industrie lourde a été remplacé par un modèle de leadership moderne, structuré, associant expérience bancaire africaine et gouvernance collégiale.
Au-delà du sort particulier de Dangote Cement, l’évolution du groupe illustre une nouvelle forme de capitalisme africain : intégration verticale, diversification sectorielle, transmission maîtrisée entre générations, impact régional, et gouvernance conforme aux normes internationales.
Pour l’économie ouest-africaine, cette trajectoire montre que les champions régionaux peuvent se transformer progressivement en acteurs mondiaux. Le repositionnement d’Aliko Dangote vers l’énergie confirme le basculement stratégique des grands groupes africains depuis les matières premières vers les industries de transformation.
Enfin, cette étape est un modèle inspirant pour d’autres conglomérats : investir dans des infrastructures, pérenniser l’emploi, et créer de la valeur sur le continent nécessite vision, longueur de vue, et adaptation des mécanismes de gouvernance.