Cap‑Vert : un saut historique vers le statut “upper-middle income”
Cette trajectoire dynamique au-delà du Cap‑Vert représenterait un message fort pour toute l’Afrique de l’Ouest. (Crédit image : Got2Globe)
Points clés :
Le Cap‑Vert bascule vers la catégorie “revenu intermédiaire supérieur”.
Son PIB a bondi de 7,3 % en 2024, porté par le tourisme (+16,5 %).
Le revenu par habitant dépasse les 5 000 USD, avec inflation maîtrisée et correction démographique.
Le 1er juillet 2025 marque un tournant pour l’archipel cap‑verdien, désormais le seul pays d’Afrique de l’Ouest à accéder à la catégorie de revenu intermédiaire supérieur, selon la mise à jour annuelle du classement de la Banque mondiale.
Cette requalification repose sur un RNB par habitant de 5 000 USD, dépassant le seuil de 4 496 USD exigé pour ce palier. Derrière cette performance, trois moteurs essentiels émergent.
1. Une croissance robuste et durable
Le pays a enregistré une croissance économique de 7,3 % en 2024, un bond depuis les 5,3 % de 2023. Le tourisme, principal pilier de l’économie, a connu une explosion de 16,5 %, avec près de 1,2 million d’arrivées. Ce secteur inclut désormais une large part de séjours non “all‑inclusive”, signe d’une diversification qualitative des services.
2. Un rééquilibrage des prix
Autre facteur clé du rebond économique, l’inflation a été contenue grâce à la baisse du déflateur du PIB, passant de 4,1 % à 1,7 % entre 2023 et 2024. Cette désinflation a redonné du pouvoir d’achat aux ménages tout en assainissant les équilibres macroéconomiques .
3. Une révision démographique favorable
L’ONU a corrigé à la baisse la population 2023 du Cap‑Vert de 12,8 %, un ajustement technique mais aux conséquences significatives : le revenu par habitant s’en est trouvé mécaniquement augmenté de 16,8 %.
Au-delà du classement : les leviers de développement cap‑verdiens
Le modèle économique de l’île repose actuellement sur trois piliers : tourisme, remises de la diaspora et services. Selon la Banque mondiale, ces secteurs génèrent 78 % du PIB, dopés par les hôtels, le transport et les services annexes.
Aux côtés du tourisme, l’agriculture montre un léger redémarrage après une période de sécheresse, soutenant la résilience de l’économie. Dans le même temps, les réformes fiscales et la gouvernance renforcée, notamment via la gestion des entreprises publiques (SOE), améliorent l’environnement des affaires et la capacité d’attirer des investisseurs .
La Banque mondiale anticipe une croissance de 5,9 % en 2025, avec une inflation stabilisée vers 2 % à moyen terme . Le déficit budgétaire devrait suivre une trajectoire de consolidation, reflétant un choix clair de rigueur financière et d’investissement sélectif.
Pourquoi est‑ce important ?
Essaimer cette trajectoire dynamique au-delà du Cap‑Vert représenterait un message fort pour toute l’Afrique de l’Ouest. Le continent pourrait s'inspirer de ce modèle alliant croissance touristique, stabilité macroéconomique et réformes structurelles. Des pays comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire ou le Ghana, engagés dans des réformes similaires, gagneraient à renforcer leurs capacités dans l’afflux de devises, la gestion des SOE et la diversification économique.
L’obtention du statut intermédiaire supérieur ouvre aussi de nouvelles perspectives : meilleure attractivité pour les prêts non concessionnels, opportunités d’investissements privés et accès indirect à des financements réservés aux pays plus avancés.
En fin de compte, le succès cap‑verdien montre qu’un petit État, sans ressources minières, peut s’élever dans la hiérarchie mondiale en misant sur le tourisme, la gouvernance et une stratégie macroéconomique cohérente. Un scénario encourageant pour l’ensemble de la sous‑région ouest‑africaine.