Togo : Cap sur une transition énergétique pleine, totale et ambitieuse

L’enjeu est multidimensionnel (Crédit image : Jeune Afrique)


Les points clés :

  • Le Togo vise l’électrification universelle d’ici 2030 en misant sur le solaire et les réseaux décentralisés.

  • La centrale de Blitta passera de 50 à 100 MW, tandis que 73 mini‑réseaux et 2,4 millions de kits solaires CIZO seront déployés.

  • Le secteur privé ouest‑africain est fortement appelé à jouer un rôle central dans cette accélération énergétique.


À l'horizon 2030, le Togo s’engage résolument dans une transformation énergétique profonde, articulée autour du solaire et des approches hors réseau. Le pays a déjà atteint un taux d'accès à l'électricité de 70 % en 2024, contre seulement 50 % en 2020, selon les données officielles, plaçant la stratégie nationale sur une trajectoire crédible vers l’électrification universelle.

La centrale solaire de Blitta, inaugurée en juin 2021 et d’une capacité initiale de 50 MW, représente l’un des plus grands projets PV de l’Afrique de l’Ouest. Elle a permis d’alimenter environ 600 000 ménages et PME à moindre coût et sans émissions fossiles. Avec l’expansion programmée à 70 puis 100 MW, et l’ajout d’un stockage batterie de 4 MWh, cette centrale accentue son impact énergétique et environnemental durable pour toute une région.

CIZO et mini‑réseaux : l’inclusion énergétique à la base

Le programme CIZO, lancé en 2017, repose sur un modèle de kits solaires à paiement fractionné (PAYG) via mobile money. Jusqu’en juin 2023, plus de 134 431 kits ont été distribués à des zones rurales isolées, touchant plus de 500 000 personnes et réduisant significativement l’usage de lampes à kérosène. Grâce à ces efforts, la barre de 200 000 ménages ciblés devrait être atteinte avant 2025 et l’ambition est de 2,4 millions de bénéficiaires d’ici 2030.

En parallèle, 73 mini‑réseaux solaires sont en cours de déploiement via l’Agence AT2ER. Ceux-ci visent à électrifier environ 317 localités rurales, fournissant de l’électricité à près de 45 000 ménages via des réseaux décentralisés. La mini‑grid de Dapaong, d’une capacité prévue de 25 MW avec stockage 40 MWh, interviendra dans la région des Savanes, desservant environ 600 000 à 700 000 utilisateurs.

Formation et renforcement du secteur privé

Le Togo a également misé sur le développement d'un capital humain spécialisé avec la création de cinq académies solaires régionales, confiées à la société locale Kya Energy pour former quelque 3 000 techniciens qualifiés d'ici 2030 à l’installation et maintenance des systèmes solaires. Ce volet formation fait partie intégrante de la stratégie de participative locale de l’Agence AT2ER.

Au-delà de l’accès à l’énergie, l’objectif est de stimuler l’économie locale par l’émergence de PME spécialisées dans des services solaires, salles de recharge hors réseau ou irrigation solaire. L’initiative privée est ainsi encouragée à proposer des solutions adaptées aux communautés rurales, consolidant l’approche inclusive du plan énergétique national.

Pourquoi est‑ce important ?

L’enjeu est multidimensionnel. D’abord social, car l’électricité améliore les conditions de vie : éclairage, santé, éducation, PME rurales, irrigation solaire. Ensuite économique, en réduisant la dépendance aux importations d’énergie fossile, créant des emplois locaux et distribuant les retombées à l’échelle nationale.

Régionalement, les efforts togolais inspirent les voisins. En appuyant les entreprises locales, en formant des techniciens et en promouvant des solutions solaires viables, Togo inscrit sa feuille de route énergétique dans les principes de la ZLECAf, avec une production locale intégrée et durable.

Enfin, dans un contexte où les crises climatiques et les chocs énergétiques mondiaux menacent la croissance africaine, électrifier les zones rurales et promouvoir le solaire ne sont plus des options, mais une condition de souveraineté énergétique, de résilience et de développement inclusif.

En résumé, le plan énergétique du Togo est bien plus qu’un programme technique : il incarne une vision stratégique de croissance propre, sociale et intégrée. Grâce à des partenariats publics‑privés et une gouvernance volontariste, le pays trace une voie crédible vers l’électrification totale et un avenir énergétique autonome.

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