Togo : un audit de gouvernance du FMI annoncé pour août 2025, enjeux et retombées attendues
L’audit constitue un levier structurant pour renforcer le climat des affaires (Crédit image : Sika Finance)
Les points clés :
Un diagnostic FMI de la gouvernance débute en août à la demande du Togo.
Ce processus volontaire vise à sécuriser les marchés publics, la transparence budgétaire et la crédibilité institutionnelle.
Des retombées attendues pour attirer investissements, renforcer la confiance et approfondir les réformes du programme FEC.
En mars 2024, le Togo a signé un accord de Facilité Élargie de Crédit (FEC) avec le FMI, pour un total de près de 293,6 millions de DTS (≈ 390 M USD), destiné à consolider la croissance, réduire les vulnérabilités budgétaires et initier des réformes structurelles majeures. À l’issue des première et deuxième revues, en décembre 2024 et juin 2025, le FMI a débloqué deux tranches de 44 DTS chacune (≈ 58–60 M USD).
Dans ce contexte, une mission d’évaluation de la gouvernance (Governance Diagnostic Assessment, GDA) démarre dès août 2025, à la demande expresse des autorités togolaises. Cette initiative volontariste, rare en Afrique francophone, vise à diagnostiquer la lutte contre la corruption, la transparence budgétaire, la gestion des marchés publics, la déclaration de patrimoine et l’indépendance des organes de contrôle. Ses conclusions sont attendues d’ici la fin de l’année pour guider un plan de réformes ciblées.
Qu’est-ce que l’évaluation de la gouvernance (GDA) ?
Ce diagnostic, mené par les équipes du FMI en collaboration avec les institutions locales, mesure les écarts avec les normes internationales et identifie les priorités de réforme sur plusieurs axes, notamment les marchés publics, la transparence des bénéficiaires effectifs et l’efficacité institutionnelle. Les résultats serviront à structurer une feuille de route de réformes en concertation avec les partenaires techniques.
Des progrès déjà tangibles dans le cadre de la FEC
Les revues intermédiaires du Programme FMI ont confirmé des performances économiques solides. Le FMI a salué les efforts de mobilisation fiscale, la modération de l’inflation (≈ 2,6% en avril 2025) et une croissance projetée à 5,2–5,5% par an. Tous les indicateurs quantitatifs à fin 2024 ont été atteints, à l’exception du déficit budgétaire structurel, tandis que les recommandations sur la réforme des banques publiques et du cadre budgétaire ont progressé favorablement.
Le FMI a également salué la publication d’une note explicative sur l’évolution budgétaire 2024, un pas concret vers une gouvernance plus transparente.
Axes sensibles passés au crible par l’audit
Les domaines suivants sont particulièrement scrutés : la transparence des marchés publics, notamment via l’obligation de publier les bénéficiaires effectifs des contrats, la déclaration patrimoniale des hauts responsables, l’indépendance des organes de régulation et l'efficacité de la dépense publique. L’objectif est de rapprocher les standards nationaux des meilleures pratiques internationales et accroître la crédibilité des institutions togolaises auprès des investisseurs et des partenaires.
Enjeux et retombées attendues
L’audit constitue un levier structurant pour renforcer le climat des affaires, améliorer la gestion des finances publiques et ouvrir la voie à davantage de transparence. Il vise à accroître la confiance des investisseurs internationaux et des bailleurs, tout en consolidant la légitimité des réformes engagées dans le cadre du programme FEC et les efforts de mobilisation fiscale.
Pourquoi est-ce important ?
Cette démarche assume une claire ambition : établir un modèle africain de bonne gouvernance volontaire, là où beaucoup subissent des diagnostics conditionnés à l’octroi de nouveaux financements. En consolidant les institutions, en améliorant la transparence et la passation des marchés publics, le Togo se place en pionnier régional.
Sur le plan économique ouest-africain, cette initiative peut inspirer d’autres États à adopter des approches similaires, surtout dans un contexte où la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) exige des standards élevés en matière de compétitivité, de légalité et de transparence institutionnelle. Une gouvernance améliorée favorise la mobilisation des ressources internes, réduit les coûts de transaction, et soutient une croissance plus inclusive.
En définitive, l’évaluation FMI prévue en août 2025 représente un tournant politique et économique. Elle ouvre une opportunité rare pour établir un État moderne, capable de répondre aux défis budgétaires et de renforcer la confiance intérieure et extérieure. Les conclusions de cette mission serviront de levier pour améliorer l’attractivité du Togo, stabiliser la dette et construire les bases d’un développement viable à long terme.