Croissance mondiale : des trajectoires divergentes mais des défis toujours persistants

Croissance économique

Les points clés :

  • Disparités économiques entre régions

  • Tensions inflationnistes et politiques monétaires

  • Réformes structurelles nécessaires


La dynamique de la croissance mondiale évolue à des rythmes de plus en plus disparates, avec des économies avancées et émergentes qui montrent des trajectoires de développement variées. Selon des projections récentes, la croissance mondiale devrait se stabiliser autour de 3,3 % cette année et l’an prochain, un taux en phase avec son potentiel affaibli depuis la période pré-pandémique. L'inflation devrait également ralentir, passant à 4,2 % cette année et 3,5 % l'année prochaine. Ce recul permettra aux banques centrales de normaliser progressivement leurs politiques monétaires, mettant ainsi fin à l’instabilité qui a marqué l’économie mondiale ces dernières années.

Cependant, selon les informations du journaliste Pierre-Olivier Gourinchas, cette stabilité apparente masque des disparités importantes entre les pays. Aux États-Unis, une demande intérieure vigoureuse a poussé la croissance au-delà des prévisions initiales, atteignant 2,7 % pour l’année en cours. À l’inverse, la zone euro peine à suivre, avec une croissance modeste de 0,8 % prévue en 2024, freinée par des secteurs manufacturiers affaiblis, une confiance des consommateurs au plus bas et des prix de l'énergie encore cinq fois supérieurs à ceux observés aux États-Unis.

Dans les pays émergents, les prévisions restent stables à 4,2 % pour cette année et 4,3 % pour l’année prochaine. La Chine, un acteur clé de cette catégorie, devrait voir sa croissance s'établir à 4,5 % en 2026. Cependant, l'incertitude entourant les politiques économiques, notamment les échanges commerciaux, continue d’éroder la demande globale.

L’ombre des risques conjoncturels et structurels

Les divergences actuelles entre les grandes puissances économiques ne sont pas toutes structurelles. Aux États-Unis, l'économie tourne au-dessus de son potentiel, alors qu’en Europe et en Chine, l’activité est en deçà des capacités. Si rien n'est fait pour améliorer cette situation, notamment en Europe, la déconnexion avec les États-Unis pourrait perdurer, en partie à cause de la productivité supérieure et du climat d’affaires plus favorable de l'économie américaine. Cette dynamique alimente les flux de capitaux vers les États-Unis, renforçant le dollar et accentuant les écarts de niveaux de vie entre les pays avancés.

L’année 2024 est marquée par l’arrivée de nouveaux gouvernements, notamment aux États-Unis, où des réorientations stratégiques sont en cours. Certaines de ces mesures, comme l'assouplissement budgétaire ou la déréglementation, stimuleront la demande intérieure et pourraient relancer l'inflation à court terme. D’autres, comme le durcissement des politiques commerciales et des restrictions sur l'immigration, pourraient avoir des effets négatifs sur l’offre, provoquant ainsi une hausse des prix.

Les tensions inflationnistes à court terme, particulièrement aux États-Unis, pourraient obliger la Réserve fédérale à maintenir des taux d'intérêt élevés. Cela pourrait également entraîner un renforcement du dollar et durcir les conditions financières, notamment pour les pays émergents.

Les risques à moyen terme pour l'économie mondiale

Les perspectives à moyen terme, sur environ cinq ans, soulèvent des inquiétudes. Les États-Unis, malgré une période de croissance stimulée par des politiques budgétaires, pourraient faire face à des vulnérabilités croissantes si des réformes structurelles ne sont pas mises en place. Un relâchement excessif de la réglementation pourrait exposer l'économie à des cycles d’expansion suivis de récessions, aggravés par des politiques commerciales restrictives et des limites à l'immigration.

Dans les pays émergents, l'influence des taux de change du dollar et les effets de la croissance chinoise affaiblie resteront des défis majeurs. La gestion des politiques monétaires sera cruciale pour assurer la stabilité des prix tout en adaptant les taux de change aux conditions économiques locales. Le FMI recommande que les pays émergents adoptent des approches prudentes face aux flux de capitaux et aux ajustements de change afin de ne pas compromettre leur stabilité financière.

Vers une réforme structurelle nécessaire

Les pays, tant développés qu'émergents, doivent impérativement entreprendre des réformes structurelles pour surmonter les disparités de croissance. Des efforts ciblés pour améliorer l’allocation des ressources, accroître les recettes publiques, promouvoir l’innovation et renforcer la concurrence seront essentiels pour stimuler la productivité et réduire les écarts économiques persistants.

Enfin, un renforcement des institutions multilatérales s’impose pour soutenir une économie mondiale plus résiliente, durable et prospère. Des politiques unilatérales telles que l'instauration de barrières tarifaires et non tarifaires risquent de nuire aux perspectives économiques mondiales à long terme, en accentuant les tensions commerciales et en freinant la croissance. Le dialogue international et la coopération multilatérale restent les clés pour libérer le plein potentiel économique de chaque nation.

Avec des risques accrus à la fois sur le plan conjoncturel et structurel, la gestion de la croissance mondiale et de l'inflation demandera des politiques économiques agiles et une coordination accrue entre les pays, afin de garantir une stabilité à long terme dans un contexte de trajectoires divergentes.



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