Fraudes sur le Mobile Money : une menace croissante pour l’inclusion financière en Afrique

Fraudes sur le Mobile Money (Crédit image : 360 Afrique)

Les points clés :

  • L’Afrique subsaharienne compte 835 millions de comptes Mobile Money, représentant 912 milliards $ de fonds transférés en 2023.

  • Cinq principales fraudes affectent le secteur : usurpation d'identité, ingénierie sociale, fraude d'initié, échange de cartes SIM et cyberfraude.

  • La coopération entre gouvernements, opérateurs et institutions de sécurité est cruciale pour lutter contre ces menaces croissantes.

Le Mobile Money, utilisé par plus de 835 millions d'utilisateurs en Afrique subsaharienne, est devenu un outil central pour l’inclusion financière, notamment dans les zones rurales où les taux de bancarisation sont faibles. Cependant, malgré ses nombreux avantages, ce système est de plus en plus vulnérable à des attaques frauduleuses qui fragilisent l'écosystème financier africain. Selon un rapport de la GSMA, publié en mars 2024, les fraudes liées au Mobile Money se sont multipliées, menaçant des milliards de dollars de transactions.

En 2023, les services financiers mobiles ont traité plus de 62 milliards de transactions, représentant un volume de 912 milliards $ de fonds transférés rien qu'en Afrique subsaharienne. Ces chiffres attirent les fraudeurs et cybercriminels, qui exploitent les failles du système pour s'enrichir illégalement. Cinq principaux types de fraude dominent le secteur, selon la GSMA : l'usurpation d'identité, l'ingénierie sociale, la fraude d'initié, l'échange de cartes SIM et la cyberfraude.

Cinq types de fraudes récurrents

  1. L'usurpation d'identité : Les fraudeurs se font passer pour des proches ou des agents légitimes afin d'obtenir des informations sensibles ou de demander des transferts d'argent.

  2. L'ingénierie sociale : Les escrocs manipulent les utilisateurs pour leur faire divulguer leurs données personnelles ou accéder à leurs comptes Mobile Money.

  3. La fraude d’initié : Des employés ou ex-employés des opérateurs de Mobile Money utilisent leur connaissance du système pour commettre des fraudes.

  4. L'échange de cartes SIM : Une technique où les escrocs prennent le contrôle d'un numéro de téléphone et accèdent aux comptes Mobile Money.

  5. La cyberfraude : Piratage du système via des logiciels malveillants ou des liens frauduleux envoyés aux utilisateurs.

En 2023, 94 % des professionnels du secteur s'inquiétaient des fraudes d'initiés, souvent perpétrées en collaboration avec des acteurs externes. L’attrait du Mobile Money pour les criminels est renforcé par l’énorme volume de transactions qu’il génère, faisant du service une cible privilégiée pour les cybercriminels.

Lutte contre la fraude : des efforts conjoints pour sécuriser le Mobile Money

Les opérateurs télécoms tels que Orange, MTN, Safaricom et Airtel, qui dominent le marché africain du Mobile Money, ainsi que les autorités locales et internationales, ont mis en place plusieurs mesures pour renforcer la sécurité. Ils préconisent notamment :

  • L'authentification à deux facteurs (2FA) pour protéger les comptes.

  • La sensibilisation des usagers à travers des campagnes visant à les éduquer sur les risques.

  • Le développement de technologies de pointe telles que l'Intelligence artificielle pour surveiller et prévenir les fraudes.

De plus, des collaborations entre opérateurs, gouvernements et institutions de sécurité, comme Interpol, sont encouragées pour partager des informations sur les nouvelles menaces et améliorer les cadres juridiques afin de poursuivre efficacement les fraudeurs.

Pourquoi est-ce important ?

La fraude sur le Mobile Money représente un risque sérieux pour l'économie africaine, particulièrement en Afrique de l’Ouest, où ce système joue un rôle clé dans l'inclusion financière et l'autonomisation des populations rurales. Si les fraudes ne sont pas maîtrisées, la confiance des utilisateurs dans le système pourrait s’éroder, mettant en péril des milliards de dollars de transactions. La fragilisation de ce secteur compromettrait également les efforts des différents pays visant à moderniser leurs infrastructures financières et à promouvoir une plus grande inclusion économique. Les initiatives conjointes des gouvernements et des opérateurs sont donc essentielles pour garantir la sécurité des services et soutenir la croissance économique de la région.

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