Togo : 6,5 M $ pour booster l'aéroport de Lomé
Ce projet aéroportuaire est bien plus qu’une simple extension (Crédit image : Togo first)
Les points clés :
Le Togo inaugure deux nouveaux parkings avions (Code E) à l’aéroport de Lomé, financés par la Chine pour un montant de 6,5 millions USD, soit 3,67 milliards FCFA.
La capacité de stationnement grimpe de 15 à 17 appareils simultanément sur une aire de 35 481 m², améliorant la sécurité, les recettes et la logistique.
Cette extension s'inscrit dans la « feuille de route Togo 2025 », alignée sur la croissance du trafic aérien (1,5 million de passagers en 2024) et l’essor d’ASKY et Ethiopian Airlines.
Lomé renforce sa vocation de carrefour aérien ouest-africain. Le 16 juillet 2025, l’aéroport international Gnassingbé Eyadéma (AIGE) a inauguré deux nouvelles aires de stationnement pour avions gros porteurs, construites par la société chinoise Witek pour un budget de 6,5 millions de dollars. D’une surface de 35 481 m², ces parkings Code E permettent désormais de stationner 17 appareils simultanément, contre 15 auparavant. L’amélioration attendue des services au sol passe par une hausse des redevances de stationnement, plus de sécurité et une exploitation optimisée.
Ces infrastructures sont financées et réalisées dans le cadre d’une coopération sino-togolaise, témoignage de l’intégration de Lomé dans le corridor grand logistique africain, soutenu par Pékin. L’opération s’inscrit pleinement dans l’initiative stratégique gouvernementale « Togo 2025 », visant à affirmer la capitale comme hub aérien de premier plan.
Un trafic en pleine résilience
Le trafic aérien enregistrait déjà plus de 1,5 million de passagers en 2024, un record post-pandémie, confirmant la pertinence des investissements entamés depuis l’ouverture du nouveau terminal en 2016, lui aussi financé par la Chine. La présence active d’opérateurs comme ASKY Airlines, en partenariat avec Ethiopian Airlines, contribue à ancrer Lomé dans les circuits continentaux mais aussi intercontinentaux.
La nouvelle aire, dite « au large », privilégie la flexibilité : les passagers seront transportés en navettes par bus, escalier mobile ou passerelles modulaires, optimisant l’usage de l’espace et les temps de rotation.
Une stratégie économique aux retombées multiformes
Sur le plan économique, cette extension allait bien au-delà de la capacité inertielle. L’augmentation des redevances de stationnement génère des revenus supplémentaires pour l’État, via la direction générale de l’ANAC comme l’a souligné son directeur général, le colonel Idrissou Abdou Ahabou. Ces recettes soutiennent ensuite la modernisation de la plateforme et le financement de services de sécurité aérienne essentiels.
La présence d’un hub aérien efficace est un puissant vecteur d’attractivité : il attire les compagnies aériennes, encourage le tourisme d’affaires, les échanges de fret, et allège le coût de logistique dans les échanges régionaux et internationaux. Lomé peut ainsi rivaliser avec d'autres aéropoles de l’UEMOA comme Abidjan, Accra ou Dakar.
Les perspectives régionales et le soutien chinois
L’entrée de Witek, une entreprise chinoise déjà active sur d’autres projets en Afrique de l’Ouest, renforce la présence de la Chine dans les infrastructures aériennes. Ce choix technico-financier traduit la confiance accordée par Lomé aux partenaires extérieurs pour structurer ses axes de développement stratégiques.
À terme, cet investissement s’inscrit dans une dynamique panafricaine de renforcement des hubs régionaux, compatibles avec la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) et la stratégie de développement des corridors logistiques promue par l’Union africaine. Lomé, géographiquement bien connectée, peut servir d'interface entre Afrique de l’Ouest anglophone et francophone.
Pourquoi est-ce important ?
Ce projet aéroportuaire, bien plus qu’une simple extension, constitue un levier structurel pour l’économie togolaise et au-delà. En améliorant les capacités logistiques, Lomé s’inscrit comme un acteur de la chaîne de valeur aérienne régionale. Sur le plan macroéconomique, les revenus générés par l’augmentation des volumétries et des redevances peuvent financer la modernisation continue de l’infrastructure, catalyser l’investissement privé et attirer de nouvelles liaisons internationales.
Pour les pays de l’UEMOA, la montée en puissance de Lomé enrichit la densité du réseau aérien régional : elle réduit les dépendances envers les plates-formes des pays du Nord et affine l’efficacité des échanges intra-régionaux, essentiels à la ZLECAf. En matière de développement, la création d’emplois liés à l’aéroport, les effets de catalyse sur le tourisme, les services associés (hôtellerie, maintenance, catering) et les retombées fiscales renforcent les économies locales et nationales.
Enfin, ce type de projet pose les jalons d’une stratégie nationale ambitieuse, œuvrant à transformer Togo en plateforme logistique et économique continentale. Il s’inscrit dans la constance de Lomé à capitaliser sur ses infrastructures, port, aéroport, zones industrielles, pour s’affirmer comme un cœur névralgique de la croissance ouest-africaine.