JI2A : à Lomé, l'Afrique se mobilise pour une intelligence artificielle souveraine et inclusive
Dr Malick Mouzou Pdt du Coniia
Les points clés :
La Journée de l'Intelligence Artificielle Africaine (JI2A) vise à créer un écosystème panafricain d'innovation en IA.
La santé, l'éducation, l'agriculture et l'énergie sont des secteurs clés de l'intégration de l'IA sur le continent.
L'objectif est de bâtir une IA qui réponde aux réalités africaines tout en ayant un impact global.
Le 3 mars 2025, Lomé a accueilli la Journée de l'Intelligence Artificielle Africaine (JI2A), un événement d'envergure visant à placer l'Afrique au cœur de l'innovation technologique mondiale. Sous l'égide du Conseil International de l’Intelligence Artificielle (CONIIA) et du parrainage du président togolais Faure Gnassingbé, cet événement incarne une volonté politique et technologique claire : faire de l'intelligence artificielle (IA) un vecteur de développement pour le continent africain.
Le projet est ambitieux. La JI2A ne se limite pas à un simple forum, elle aspire à devenir une plateforme stratégique pour favoriser l'essor des startups africaines en IA, soutenir la recherche, et encourager la formation de talents locaux. Parmi les initiatives annoncées, la création d’un Observatoire Africain de l’IA et la mise en place d'un réseau panafricain de centres d'excellence sont des jalons majeurs pour structurer l’écosystème IA en Afrique.
L’IA africaine : une approche contextuelle
Les promoteurs de la JI2A, comme Dr Malik Morris Mouzou, président du CONIIA, insistent sur l'importance de concevoir une IA qui soit « enracinée dans les réalités africaines, mais avec un impact global ». Les défis uniques du continent, tels que les besoins en matière de santé, d'éducation, d'agriculture et d'énergie, sont au cœur des discussions. L’IA offre des solutions potentiellement révolutionnaires pour résoudre des problèmes structurels tels que l'accès limité aux soins de santé ou l'optimisation des rendements agricoles.
L'initiative a été lancée dans un contexte où d'autres nations africaines avancent également dans le domaine de l'intelligence artificielle. En 2024, plusieurs pays comme le Kenya, le Nigéria et l'Égypte ont déjà commencé à explorer des applications de l'IA dans des secteurs spécifiques. En Afrique de l’Ouest, des pays comme le Ghana et la Côte d’Ivoire ont initié des projets pilotes en IA dans des domaines aussi divers que la fintech et l'e-agriculture, ce qui souligne une dynamique régionale vers l'adoption de cette technologie.
Les chiffres clés de l’IA en Afrique
Dépenses en IA : En 2024, l'Afrique a investi environ 400 millions de dollars dans des initiatives liées à l'IA, une augmentation notable par rapport aux années précédentes.
Startups en IA : Le nombre de startups africaines spécialisées dans l'IA est passé de 50 en 2019 à plus de 500 en 2024.
Éducation : Plus de 60% des universités africaines ont introduit des programmes liés à l'IA dans leurs cursus.
Ces chiffres reflètent un écosystème en pleine croissance, où l’Afrique aspire à devenir un acteur technologique majeur. Des événements comme la JI2A et des initiatives telles que la création d’incubateurs dédiés aux technologies émergentes visent à soutenir cette dynamique.
Pourquoi est-ce important ?
L'IA est bien plus qu'une simple avancée technologique pour l'Afrique. Elle représente une opportunité de combler certaines lacunes socio-économiques qui persistent sur le continent. Dans des secteurs comme l'agriculture, l'IA peut optimiser la gestion des cultures, augmenter les rendements et contribuer à la sécurité alimentaire. Dans le domaine de la santé, elle peut améliorer l'accès aux diagnostics médicaux grâce à des applications basées sur l'intelligence artificielle, en particulier dans les zones rurales mal desservies.
Par ailleurs, l'intégration de l'IA pourrait avoir un impact considérable sur l'économie de l'Afrique de l'Ouest. Des pays comme le Nigéria, la Côte d’Ivoire ou le Ghana investissent déjà dans cette technologie pour dynamiser leurs économies, en créant des emplois dans les secteurs de la fintech, des services numériques et de l'e-commerce. L'IA offre des opportunités pour accroître l'efficacité des processus, réduire les coûts et augmenter la productivité, ce qui peut catalyser une transformation économique régionale.