Or Ghanéen : Asante Gold décroche 173 M $, mais à quel prix ?


Points clés :

  • La société Asante Gold a levé 173 M $ (≈ 97,6 M FCFA) via un placement privé pour consolider ses mines de Bibiani et Chirano au Ghana.

  • Parmi les fonds, 163,3 M $ proviennent de reçus de souscription convertibles en actions, avec des fonds bloqués en séquestre jusqu’à une levée totale de 275 M $ .

  • Une part de ce financement (53 M $) servira à rembourser Kinross Gold, ancien propriétaire de Chirano, en augmentant sa participation à 9,9 %, complétée par des obligations convertibles et des billets à ordre.


Au cœur de la ceinture aurifère ghanéenne, Asante Gold vient de réaliser une opération d'envergure. Par le biais d’un placement privé d’un montant total de 173 millions de dollars, la société canadienne vise à consolider ses actifs phares : Bibiani et Chirano. Le Ghana, deuxième producteur d’or en Afrique, voit ainsi ses ressources optimisées, mais l’opération soulève des questions cruciales sur la structure financière et les impacts stratégiques.

L’émission comprend 163,3 M $ sous forme de reçus de souscription, à raison de 1,06 $ par reçu, convertibles en action une fois que la société aura sécurisé un financement global minimum de 275 M $. Jusqu'à cette échéance, les fonds sont laissés en dépôt séquestre, garantissant une rigueur financière et un alignement des intérêts avec les investisseurs institutions menés par BMO Capital Markets, Clarus Securities et Jett Capital Advisors.

Une partie du montant levé, précisément 53 M $, sera allouée au règlement de la dette envers Kinross Gold, ancien propriétaire de Chirano. Cette transaction englobe une augmentation de la participation de Kinross à 9,9 %, ainsi que l’octroi d’instruments financiers sophistiqués tels qu’une obligation convertible et un billet à ordre différé. Cette stratégie permet à Asante de désendetter son bilan sans impacter immédiatement sa trésorerie.

Au-delà de la restructuration, Asante poursuit la modernisation de ses opérations. Les chantiers techniques à Chirano et Bibiani se poursuivent, avec l’ambition de lancer une nouvelle phase de croissance à travers ses projets, notamment Kubi, identifiés comme prioritaires pour la stratégie à long terme de l’entreprise.

L’opération s’inscrit dans un contexte de confiance renouvelée des investisseurs. D’après Ecofin, Asante vise à lever jusqu’à 470 M $, avec pour objectif de porter sa production à 500 000 onces d’or par an d’ici 2028, soutenue par des instruments financiers tels que des dettes senior (150 M $), subordonnées (125 M $) et un contrat de stream de 50 M $.

Cette dynamique financière met en lumière plusieurs enjeux. Le marché a accueilli favorablement cette opération, en témoigne l’activation de la cotation d’Asante sur le marché OTCQX aux États-Unis dès juillet 2025, une vitrine supplémentaire pour attirer les capitaux, notamment nord-américains . Toutefois, l’utilisation de mécanismes complexes (placement séquestre, convertible, stream) pose la question d’un équilibre financier entre ambitions de développement et endurance du cap géologique ghanéen.

Cet appétit pour la consolidation reflète un virage stratégique : Asante entend s’imposer face aux grands acteurs, redessinant le paysage minier ouest-africain. Alors que l’or atteint des niveaux de valorisation élevés, la fiabilité des gisements et la stabilité réglementaire du Ghana confèrent un terreau fertile. Pourtant, il reste essentiel d’assurer que le développement local soit équitable, notamment au travers de retombées positives en termes d’emplois, d’infrastructures et de fiscalité.

Pourquoi est-ce important ?

La levée de fonds d’Asante Gold a un impact de portée (+) sur l’économie ouest-africaine. En consolidant ses actifs, la société envoie un signal fort aux investisseurs : le Ghana demeure une destination attractive. Un financement structuré et accessible renforce la confiance, et pourrait stimuler des opérations similaires dans la sous-région. Les ambitions de production à500 000 onces/an d’ici 2028 peuvent générer des recettes fiscales considérables, contribuer à la balance des paiements et soutenir les devises locales.

D'autres pays de la région, comme le Mali ou la Côte d'Ivoire, observent ces mouvements avec attention. L’entrée des marchés de capitaux dans le financement minier encourage une gouvernance plus transparente. Ces opérations peuvent aussi favoriser la montée en puissance de partenaires locaux et l’essor de clusters industriels, si les autorités veillent à accompagner les entreprises par des cadres attractifs et des mesures de développement local.

Enfin, la réussite de ce virage vers une plus forte discipline financière et opérationnelle pourrait servir d’exemple et inspirer une nouvelle génération de sociétés minières actives en Afrique. La déclinaison de ce modèle, levée structurée, alignement d’intérêts investisseurs-État, valorisation accrue des ressources, contribuera au long terme à construire un secteur minier plus efficiente, plus respectueux des intérêts publics, et plus intégré régionalement.

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