Révolution numérique en marche : comment la 5G transforme l’Afrique

(Crédit image : Unplash/TRG)


Points clés :

La 5G est désormais activée par 48 opérateurs dans 28 pays africains, marquant une adoption forte en juin 2025 selon Ecofin.

La couverture 5G atteint 25 % des zones urbaines en Afrique subsaharienne en 2024, couvrant plus de 26 millions d’abonnés mobile uniques.

D’ici 2030, la 5G devrait contribuer 10 milliards $, soit 6 % de l’impact économique du secteur mobile, avec une croissance tirée par l’industrie manufacturière.


Le continent africain se trouve à un tournant technologique majeur. Florian depuis la pandémie de Covid‑19, les États et opérateurs ont intensifié leurs efforts pour accélérer la connectivité. Longtemps considérée comme hors de portée, la 5G connaît désormais un déploiement accéléré, portée par une volonté politique et des investissements conséquents. En 2024, l’Union africaine des télécommunications recensait 79 opérateurs actifs dans 41 pays investissant dans la 5G, dont 35 avaient déjà lancé des réseaux commerciaux dans 21 pays. Ce déploiement massifié contraste avec les sept réseaux en seulement cinq marchés en juin 2021 .

L’offre s’est encore élargie avec l’arrivée de la 5G commerciale en Afrique du Nord, notamment en Tunisie et en Égypte en 2025, poussant le total à 48 opérateurs actifs dans 28 pays selon les données d’Ecofin en juin 2025. L’impact est réel : en zone urbaine, la 5G couvre désormais 25 % du réseau mobile, contre 73 % pour la 4G, et elle compte déjà plus de 26 millions d’abonnés, sur un total d’environ 600 millions d’abonnés mobiles uniques en Afrique subsaharienne en 2024.

Ce déploiement suscite de fortes espérances économiques. Le rapport de la GSMA anticipe que la 5G contribuera à hauteur de 10 milliards de dollars à l’économie régionale d’ici 2030, soit environ 6  % de l’impact total du secteur mobile. Le secteur manufacturier devrait être le plus bénéficiaire, tirant jusqu’à 30 % des gains via la robotisation, les usines intelligentes et les réseaux automatisés.

Une adoption freinée malgré l’élan

Malgré cette dynamique, plusieurs freins ralentissent l’adoption généralisée de la 5G. Le coût des smartphones compatibles reste élevé : même si certains modèles sont disponibles à 150 USD, une large part de la population ne peut y accéder. L’UAT souligne la nécessité d’interventions publiques et réglementaires pour rendre ces appareils plus abordables et permettre une adoption plus inclusive.

Les cas d’usage pratiques de la 5G dans des secteurs tels que l’éducation immersive, la santé connectée, l’agriculture de précision ou les ports intelligents restent limités. Faute d’applications concrètes, la technologie tend à être perçue comme un luxe réservé aux classes aisées ou aux entreprises avant-gardistes.

Sur le plan infrastructurel, les défis sont multiples : absence de spectre disponible (notamment dans les bandes 3,5 GHz et mmWave), manque de fibre optique pour le backhaul, déploiement coûteux, absence de standards transfrontaliers pour les données, et rareté des collaborations intersectorielles. L’UAT insiste sur la mise en place de régulations et d’incitations pour accélérer le déploiement et faire de la 5G un véritable levier de croissance économique.

Le rôle des initiatives régionales

Dans plusieurs pays, la 5G est déjà utilisée pour des applications industrielles et grand public. Au Nigeria, Kenya, Angola et Afrique du Sud, la 5G Fixed Wireless Access (FWA) se développe rapidement, offrant une alternative rapide à la fibre dans des zones sous-connectées. Cela illustre les usages émergents au-delà de la simple amélioration de débit.

Au niveau des politiques publiques, la GSMA recommande que chaque opérateur reçoive au moins 100 MHz de spectre en bande moyenne et jusqu’à 2 GHz en hautes fréquences d’ici 2030, avec des licences longues durées et des prix de réserve modérés pour encourager l’investissement. Elle met aussi l’accent sur la réduction des taxes sur les téléphones, la simplification des autorisations d’installations d’antennes, et la promotion des énergies renouvelables pour alimenter les réseaux.

Pourquoi est-ce important ?

La montée en puissance de la 5G en Afrique représente bien plus qu’une simple évolution technologique : elle incarne une transformation économique profonde. Pour les pays ouest-africains, comme le Ghana, la Côte d'Ivoire, le Sénégal ou le Nigeria, l’entrée dans l’ère de la 5G ouvre la voie à des modèles de croissance diversifiés, basés sur l’IoT, l’industrie 4.0, les smart cities, et les services intelligents.

La contribution prévue de 10 milliards $ d’ici 2030 démontre l’importance de cette transition pour renforcer la productivité industrielle. Le développement d’écosystèmes numériques performants peut aussi stimuler la création d’emplois, la compétitivité régionale et l’inclusion sociale grâce à des services mobiles à haut débit et à moindre coût.

L’Afrique peut apprendre de cette expérience pour construire une stratégie partagée de connectivité durable. Ce succès dépendra toutefois de décisions politiques fortes : rendre les appareils accessibles aux populations plus larges, promouvoir des usages adaptés au contexte local, sécuriser l’accès au spectre, renforcer l’infrastructure en fibre optique, et encourager une approche régionale concertée.

L’impact de la 5G ne se limite pas aux villes riches, mais peut étendre ses bénéfices à l’ensemble des zones en tirant parti des modèles alternatifs comme le FWA, les mini‑grids numériques ou l’e‑santé. Si l’Afrique parvient à relever ces défis, elle pourrait non seulement réduire la fracture numérique, mais aussi jeter les bases d’un développement plus équitable et endogène, fondé sur l’innovation locale et l’intégration technologique dans tous les secteurs.

Précédent
Précédent

Or Ghanéen : Asante Gold décroche 173 M $, mais à quel prix ?

Suivant
Suivant

Échec colossal : le Nigeria prêt à céder ses raffineries publiques