Mobiliser 52 milliards de FCFA pour doper le financement des PME, le pari osé de NSIA Banque Bénin
NSIA Banque Bénin mise sur un levier régional pour doper le financement des PME (Crédit image : G.A.O)
Les points clés :
Le lancement de la titrisation par NSIA Banque Bénin permet de mobiliser 52 milliards FCFA pour soutenir les PME.
Cette opération s’inscrit dans une stratégie régionale coordonnée, visant à déployer ce mécanisme innovant dans plusieurs pays de l’UEMOA.
En renforçant la structure financière de la banque, l’opération favorise l'émergence d’un financement de long terme, essentiel à la croissance inclusive.
L’annonce de NSIA Banque Bénin de titriser un portefeuille de créances d’un montant de 52 milliards FCFA via le fonds « Keur Samba – NSIA Banque Bénin 2025–2033 » marque une étape majeure dans la montée en puissance de ce mécanisme dans la région UEMOA. Opérée par BOAD Titrisation et agréée par l’Autorité des marchés financiers de l’UEMOA, cette structure s’adresse à trois catégories d’investisseurs via des tranches sénior, mezzanine et junior, respectivement rémunérées à 7 % et 9 %. Au-delà de son enjeu local, cette initiative s’inscrit dans un déploiement plus vaste du groupe NSIA, déjà actif en Côte d’Ivoire, au Togo, en Guinée et au Sénégal .
Une réponse habile aux défis du financement des PME
Dans le contexte économique ouest-africain, les PME font face à une sous‑capacité de crédits long terme. Le portefeuille de NSIA Banque Bénin, s’élevant à 435,9 milliards FCFA à fin juin 2024, en est la preuve. Par cette opération, la banque cherche à dégager des ressources immédiatement réinjectables, tout en s’affranchissant des limites imposées par les ratios prudentiels bancaires .
Depuis 2016, l’UEMOA a vu 13 opérations de titrisation mobiliser 848,8 milliards FCFA, dont une progression marquée depuis 2021. En 2024, l’opération « DOLI‑P 2024–2031 » (160 milliards FCFA) a été la plus volumineuse réalisée, confirmant l’appétit des acteurs financiers et institutionnels pour cette innovation. BOAD Titrisation, pionnière depuis 2011, y joue un rôle essentiel, notamment dans le soutien à l’industrie, aux infrastructures et au développement des PME.
Un dispositif structuré autour de la confiance
La crédibilité de l’opération repose sur une structure tripartite claire. La tranche sénior garantit un rendement stable de 7 %, la mezzanine et la junior offrent 9 %, attirant ainsi différents profils d’investisseurs . Le placement est assuré conjointement par NSIA Finance, AGI et plusieurs SGI, et la période de souscription court du 20 juin au 10 juillet 2025 .
En mobilisant les créances à travers la titrisation, NSIA Banque Bénin libère des capacités de crédit, permettant des financements adaptés aux perspectives de croissance des PME. Dans la région, ces PME représentent 90 % du tissu économique, mais leur accès au crédit long terme reste limité. Cette opération est donc saluée comme une réponse directe aux besoins structurels de financement productif.
Pourquoi est-ce important ?
La titrisation représente une innovation financière stratégique pour dynamiser le financement des PME, pilier essentiel de l’économie régionale. En facilitant l’accès à des ressources long terme, cette opération contribue à renforcer la résilience des entreprises face aux défis macroéconomiques.
L’initiative de NSIA Banque Bénin s’inscrit dans une dynamique d’harmonisation régionale, promue par des institutions comme BOAD Titrisation. Elle envoie un signal fort : les acteurs financiers ouest-africains s’approprient des outils avancés, comparables aux marchés développés, pour structurer leur croissance économique.
Au-delà du Bénin, le modèle titrisation se déploie déjà en Côte d’Ivoire, au Sénégal ou au Togo. Cette coordination permet d’adapter des solutions efficaces aux différents contextes locaux, tout en renforçant l’intégration financière régionale. Ce faisant, la titrisation devient un levier de développement inclusif, soutenant l’entrepreneuriat, l’innovation et la création d’emplois dans un espace en quête d’autonomie financière.
Les retombées attendues sont multiples : amélioration de l’accès au crédit, diversification des placements financiers, professionnalisation du secteur bancaire, et renforcement des marchés de capitaux régionaux. Alors que la sous-région fait face à des enjeux de croissance, cet outil contribue clairement à structurer le marché financier pour une économie ouest-africaine plus robuste et durable.