Pétrole et puissance : la Côte d’Ivoire parie sur l’or noir pour réinventer son économie

Côte d’Ivoire 2030, comment le pétrole redessine les contours de la croissance (Crédit image : Abidjan.net)


Les points clés :

  • La Côte d’Ivoire vise à tripler sa production pétrolière d’ici 2030, passant de ~44 000 à 200 000 barils/jour grâce aux gisements Baleine et Calao.

  • Le pétrole contribue déjà à 8 % du PIB, avec 50 blocs, 28 actifs et des projets gaziers intégrés favorisant l’industrialisation.

  • Infrastructures (pipelines, stockage, clauses locales) et contenu local sont clés pour maximiser les retombées macroéconomiques et sociales.


La Côte d’Ivoire, géant agricole, voit désormais son avenir économique se réécrire autour de ses ressources énergétiques. Alors que le cacao reste le pilier des exportations (30,2 %), les produits pétroliers grimpent à 18,5 %, installant le pays au cœur d’une dynamique de diversification encore plus ambitieuse. Le PIB, estimé à près de 80 milliards $, dont 40 % pour l’UEMOA, repose sur une stratégie combinant tradition et mutation industrielle.

Les découvertes majeures de Baleine (2,5 milliards de barils et 3,3 TCF de gaz) et Calao (1–1,5 milliard de barils) ont changé la donne. L'exploitation de Baleine, entamée en août 2023, a franchi une étape importante avec la mise en route de la phase 2 fin 2024, portée par Eni : la production monte à 60 000 bopd et 70 Mcf par jour. Le gisement Calao, prévu en service dès 2030, promet déjà un impact de long terme.

Des infrastructures pour enraciner la richesse

Porter la production à 200 000 barils quotidiens et 320 Mcf/jour de gaz à horizon 2030 implique puissance et coordination. Plusieurs projets structurants sont en cours : pipelines gaziers entre Abidjan et Bouaké, extension du réseau gaziers à Yopougon, création d’un nouveau quai logistique et modernisation des installations de stockage. Ces décisions soutiennent la stratégie d’intégrer pleinement le contenu local via des clauses fiscales et des obligations de sourcing national.

Un impact économique palpable et multi-sectoriel

La montée en puissance du secteur extractif se ressent déjà dans la croissance du PIB (projetée à 6,5 % entre 2024–2026). En 2030, l’extraction pétro-gazière pourrait représenter jusqu’à 8 % du PIB contre environ 5,2 % en 2021. Ce nouveau moteur économique transplante la Côte d’Ivoire sur le podium des producteurs africains pour devenir un exportateur net de pétrole tout en consolidant son autonomie énergétique, l’objectif étant que le gaz satisfasse près de 70 % des besoins électriques domestiques.

Les retombées sociales sont tout aussi ambitieuses : plus de 23 000 emplois directs et indirects d’ici 2030 promettent d’engendrer un puissant effet d’entraînement sur l’emploi, la formation, et le développement d’une industrie locale de services pétroliers et gaziers. L’exigence d’un contenu local renforcé favorisera la création de centres de service, ateliers, installateurs et fournisseurs, multipliant les opportunités pour les entreprises nationales.

Une stratégie de diversification renforcée

Au-delà du pétrole, la Côte d’Ivoire bâtit une économie plurielle : cacao, or, caoutchouc et noix de cajou forment désormais un portefeuille d’exportation riche et apte à résister aux chocs externes. L’économie ivoirienne, classée robuste dans la zone UEMOA, combine croissance agricole et industrielle pour renforcer sa position de locomotive sous-régionale .

Pourquoi est-ce important ?

L’essor du secteur pétrolier ivoirien change la donne pour toute l’Afrique de l’Ouest. Premièrement, il offre une source d’investissement massivement nouvelle qui, si bien administrée, peut financer la modernisation des infrastructures régionales, l’emploi qualifié et le contenu local. Deuxièmement, ce sont les pays voisins, Ghana, Sénégal, Nigéria, qui pourront bénéficier de connaissances techniques, d’infrastructures de transit et de marchés en expansion. Enfin, Face à la volatilité des marchés agricoles et à la pression climatique qui menace les cultures, le pétrole-gaz assure une diversification nécessaire pour stabiliser l’économie régionale, renforcer la résilience face aux crises et inscrire l’Afrique de l’Ouest dans une trajectoire de développement durable et autonome.

En conjuguant croissance pétrolière, renforcement des capacités locales et diversification agricole, la Côte d’Ivoire trace une voie inspirante pour ses voisins et renforce les fondations d’un futur ouest-africain plus intégré, plus diversifié et plus résilient face aux turbulences mondiales.

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