Côte d’Ivoire : 27 millions d’attaques détectées en 2024
L’un des pays les plus attaqués de la sous-région (Crédit image : Unplash/Ibrahim Youssouf)
Les points clés :
La Côte d’Ivoire a subi plus de 27 millions de tentatives de cyberattaques en 2024, dont 37 % ont visé ses infrastructures industrielles.
Les systèmes liés à l’énergie, l’eau et les industries automatisées figurent parmi les principales cibles.
Le pays amorce une transition vers une cybersécurité proactive à travers la formation, la régulation et la collaboration public‑privé.
La conférence KNext 2025, organisée par Kaspersky à Abidjan en partenariat avec le ministère ivoirien du Numérique, a mis en avant une réalité préoccupante : plus de 27 millions de tentatives d’intrusion ont été détectées en Côte d’Ivoire en 2024. Parmi elles, 20 millions concernaient des attaques générales, 550 000 exploitaient des failles logicielles, 60 000 étaient des tentatives de vol d’identifiants, et 120 000 impliquaient des portes dérobées distantes. De plus, 10 000 attaques visaient directement des applications bancaires et des services de paiement.
Ces chiffres se distinguent par leur ampleur, alors que le marché africain de la cybersécurité affiche une croissance, passant de 0,6 milliard $ en 2024 à un potentiel de plus d’un milliard d’ici 2029. Le paysage ivoirien s’inscrit donc dans un contexte régional où la croissance numérique rapide n’est pas toujours accompagnée de protections adéquates.
L’industrie sous le feu
L’un des enseignements les plus marquants titulés lors du sommet est la menace croissante qui pèse sur les infrastructures industrielles. En 2024, pas moins de 37 % des ordinateurs industriels ivoiriens ont été ciblés par des logiciels malveillants . Dans ces secteurs, la convergence entre technologies opérationnelles (OT) et informatiques (IT) ouvre des brèches inattendues. Les systèmes de gestion énergétique et d’eau, de supervision industrielle ou de production automatisée ne sont plus à l’abri : le risque est tel qu’une attaque pourrait provoquer une paralysie totale de la chaîne de production ou même un danger pour les opérateurs .
Cette situation s’inscrit dans une tendance globale. En Europe, les infrastructures critiques font l’objet de plus de 40 % d’attaques liées au cyberespionnage ou au sabotage. En Afrique de l’Ouest, les incidents sur des réseaux de paiement mobile et des infrastructures énergétiques sont en hausse, illustrant la gravité des menaces.
Une culture cyber à réinventer
Face à cette cyber-vague, la Côte d’Ivoire se doit de transformer sa posture. Kaspersky et les acteurs du secteur plaident désormais pour une approche anticipative : renforcer la visibilité sur les systèmes OT, déployer des politiques strictes de gestion des accès, multiplier les sauvegardes sécurisées, et intensifier la formation pour prévenir les cyber-hameçonnages et les menaces internes.
En Afrique francophone, des initiatives comme le projet Give1 du PNUD visent à sensibiliser les jeunes et les entreprises à ces enjeux, tandis que la Convention de Malabo encourage une harmonisation juridique continentale.
Perspectives africaines
À l’échelle régionale, la Côte d’Ivoire se positionne comme un laboratoire de la stratégie cyber en Afrique de l’Ouest. Tandis que plusieurs pays comme le Togo créent des agences spécialisées (avec le soutien de Cina Lawson et du câble Equiano ), Ouagadougou ou Lomé participent à la formation de cadres et de hackers éthiques grâce à des projets comme HackerLab Bénin.
La montée des menaces incite les institutions à structurer leurs dispositifs cyber, tant sur le plan technique que réglementaire. Les cadres nationaux, appuyés par la coopération régionale (CEDEAO, UEMOA) et l’Union africaine (convention de Malabo), devraient faire de la cybersécurité un pilier de la résilience économique.
Pourquoi est-ce important ?
La cybersécurité est devenue un enjeu stratégique pour la stabilité économique et la compétitivité des nations. En Côte d’Ivoire, la généralisation des attaques met en danger l’activité industrielle, les services publics, la finance numérique et l’emploi. Les initiatives visant à renforcer la résilience cyber sont indispensables pour préserver l’intégrité des infrastructures critiques et la confiance des investisseurs.
À l’échelle ouest-africaine, les efforts coordonnés pour former, légiférer et sécuriser créent les conditions d’un développement numérique pérenne. Si la Côte d’Ivoire accélère la mise en place d’un écosystème robuste, elle inspire les voisins, favorise l’harmonisation et pose les fondations d’une économie connectée mais protégée.
La transformation digitale, portée par la finance mobile, l’industrie 4.0 et les smart city, doit s’accompagner d’une stratégie cybersécurité mature. C’est le gage d’une Afrique numérique souveraine, capable de protéger ses intérêts et d’affronter les défis technologiques à venir.
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