Pourquoi construire coûte de plus en plus cher au Togo (sauf pour le ciment) ?
Les dessous des prix du BTP en 2025 (Crédit image : Go Africa Online)
Les points clés :
Le ciment reste plafonné à 81 000 FCFA/tonne, malgré les coûts logistiques mondiaux.
Le fer et le sable subissent les pressions du marché : transport et devises alourdissent les prix.
La dynamique BTP pousse les marges à la hausse, accentuant les disparités régionales.
En juin 2025, le prix du ciment commercialisé par CIMTOGO est resté stable à 81 000 FCFA la tonne, soit 4 050 FCFA le sac de 50 kg, une mesure validée par le gouvernement togolais pour prévenir la spéculation. Les marques concurrentes comme Fortia et Diamond alignent leur tarification autour de ce seuil, soulignant un cadre réglementaire strict. Cette stabilité contraste avec l’inflation internationale des coûts, particulièrement liée à une hausse de 250 % du carburant depuis 2020, et une envolée des tarifs maritimes impactant l’importation de clinker, gypse et fer à béton.
Les fluctuations dans le transport contrastent avec le fer à béton, entièrement importé, dont le prix dépend essentiellement du diamètre : 450 000 FCFA/tonne pour 8–12 mm, et 550 000 FCFA/tonne pour 14 mm et plus. Le sable, vendu en camions, varie entre 50 000 à 60 000 FCFA pour un camion 6 roues (4–5 m³), et 90 000 à 100 000 FCFA pour un camion 10 roues (8–10 m³). Les écarts reflètent principalement les distances de livraison et les coûts logistiques régionaux.
Un marché BTP renforcé, mais aux marges inégales
Le secteur de la construction au Togo affiche un dynamisme soutenu avec la croissance du logement, des infrastructures routières et des immeubles. Ce développement intensifie la pression sur la disponibilité de sable et de fer, en accentuant la variation des prix selon les zones. Lomé, proche du port, profite naturellement de coûts moindres, tandis que l’intérieur du pays subit une hausse des prix pouvant atteindre 5 à 15 %, à cause du transport et de l’éloignement.
Réglementation vs réalité du terrain
L’État et les cimentiers, notamment CIMTOGO et CIMCO, veillent étroitement au respect du plafonnement à 81 000 FCFA/tonne. Des avertissements officiels ont été lancés en juin 2025 suite à des écarts constatés dans certaines régions . Toutefois, la pression sur le transport et les coûts d’importation continuent d’imposer des défis aux revendeurs et aux ménages.
Perspectives : vers davantage de stabilité ?
Si la régulation étatique a été efficace pour maîtriser les prix du ciment, l’évolution des matières premières (fer et sable) reste fortement tributaire de facteurs exogènes : cours du pétrole, tensions sur la chaîne maritime, variations de change. Une amélioration de la logistique intérieure, un renforcement des capacités locales de production (notamment du sable), et davantage d’investissements dans le transport interne apparaissent comme des leviers essentiels pour réduire les disparités.
Pourquoi est-ce important ?
Le secteur de la construction joue un rôle clé dans le développement économique ouest-africain. Une maîtrise rigoureuse des coûts des matériaux constitue une condition sine qua non pour contenir l’inflation, stabiliser les projets publics et privés, et garantir l’accessibilité du logement. Le Togo, en consolidant une régulation efficace, en surveillant l'évolution des prix du fer et du sable, et en renforçant les infrastructures intérieures, contribue à bâtir un environnement propice à un développement inclusif dans la sous-région. Cette approche concertée entre État, producteurs locaux et partenaires stratégiques pourrait servir de modèle à d'autres pays de l'UEMOA confrontés aux mêmes défis.