Burkina Faso accélère sa souveraineté énergétique : une centrale solaire de 18 MW à Dédougou financée par la BAD
Cette infrastructure sera connectée au réseau national (Crédit image : Africa Intelligence)
Les points clés :
La construction de la centrale solaire de 18 MW à Dédougou bénéficie d’un financement de 6 millions d’euros, dont 2,5 M€ en prêt concessionnel et 3,5 M€ en don remboursable, orchestré par SEFA/BAD.
Ce projet, cofinancé avec la banque néerlandaise FMO et développé par Qair, s’inscrit dans l’initiative Desert to Power, visant à électrifier le Sahel avec 10 GW solaires d’ici 2030.
Un contrat d’achat de 25 ans avec SONABEL garantit la viabilité financière, tandis qu’un cadre environnemental-social rigoureux est intégré au projet.
Dans un contexte où le Burkina Faso cherche à réduire sa dépendance aux importations énergétiques, la mise en service d’une centrale solaire de 18 MW à Dédougou représente un tournant. Enregistrée en tant que l’un des premiers producteurs indépendants d’électricité (IPP) du pays, l’opération combine fonds publics‑privés avec l’appui technique du groupe Qair. Cette infrastructure sera connectée au réseau national via un contrat d'achat d’énergie (PPA) d’une durée de 25 ans avec la société nationale SONABEL, assurant des flux stables et sécurisés pour amortir les investissements.
Annoncé lors d’une cérémonie à Paris le 18 juillet 2025, le projet est financé à hauteur de 6 millions d’euros par le Fonds pour l’énergie durable en Afrique (SEFA), géré par la Banque africaine de développement (BAD), et comprend un prêt concessionnel de 2,5 M€ et un don remboursable de 3,5 M€. En complément, la FMO, banque de développement néerlandaise, apporte des prêts seniors et subordonnés, complétant le montage financier.
Un projet structurant pour la transition énergétique burkinabè
Le projet s’inscrit pleinement dans l’initiative Desert to Power, pilotée par la BAD, visant à générer 10 GW solaires dans 11 pays du Sahel à l’horizon 2030. Dédougou figure parmi les priorités nationales de cette feuille de route énergétique. En capitalisant sur le savoir-faire et l’expérience acquise avec la centrale photovoltaïque de 24 MW à Zano, lancée en 2023 également par Qair, le projet consolide le rôle des IPP dans la fourniture d’énergie fiable et verte au Burkina Faso.
Cette solution énergétique offre plusieurs bénéfices attendus : diversification du mix, amélioration de la sécurité d’approvisionnement, baisse potentielle des coûts de l’électricité, et extension de l’accès aux zones rurales souvent isolées. Le modèle financier est aussi robuste : l’intervention de SEFA pendant la crise Covid‑19 a permis de restructurer le financement initial sans dégrader la faisabilité du projet.
Environnement & inclusion : des normes élevées
Le projet intègre un système de gestion environnementale et sociale dès sa conception, afin de garantir une mise en œuvre respectueuse des communautés locales et du territoire. Ces exigences reflètent les standards stricts appliqués par la BAD et ses partenaires juridiques comme A&O Shearman ou Trinity qui encadrent les contrats.
En s’appuyant sur ce modèle, le Burkina Faso affirme la capacité de ses autorités à conduire des réformes énergétiques inclusives et durables, tout en attirant les investisseurs dans une logique de transition verte.
Pourquoi est-ce important ?
Le projet de Dédougou représente bien plus qu’une centrale solaire : il illustre une rupture stratégique vers une autonomie énergétique renforcée dans une région du Sahel historiquement vulnérable aux chocs énergétiques. En déployant des infrastructures solaires soutenues par des mécanismes financiers innovants, le Burkina Faso construit les bases d’une croissance inclusive, durable et moins dépendante des énergies fossiles.
L’impact sur l’économie ouest-africaine peut être significatif : les modèles de financement mixtes, portés par des IPP, peuvent être reproduits au Mali, au Niger ou en Mauritanie, où la demande énergétique est en croissance continue. L'amélioration de l’accès à l’électricité catalyse la création d’emplois, facilite l’industrialisation légère (atelier, agro-transformation), et soutient les services essentiels (éducation, santé). La réduction des coûts énergétiques stimulerait également la compétitivité des PME et attirerait davantage d’investissements étrangers ou régionaux durables.
L’essor des infrastructures solaires comme celle de Dédougou confirme enfin que la transition énergétique africaine passe par l’alignement entre politique publique, secteur privé éclairé et financements structurants. À terme, ce genre de projet pourrait métamorphoser durablement l’économie régionale, en réconciliant souveraineté énergétique, développement socio-économique et lutte contre le changement climatique.