Ghana : accord historique avec la France, un allégement de dette de 87,7 m€ pour revitaliser l’économie
Cette trajectoire marque un tournant dans la relation entre pays créanciers et débiteurs africains (Crédit image : RFI)
Les points clés :
Le Ghana obtient un allègement de dette de 87,7 m€ auprès de la France, premier accord bilatéral formel dans le cadre du Comité officiel des créanciers (OCC).
L’inflation a chuté de 54,1 % à 13,7 %, les réserves couvrent désormais quatre mois d’importations, et la croissance attendue atteint son plus haut niveau depuis cinq ans.
Ce succès s’inscrit dans le programme du FMI de 3 milliards USD triannuel, dont 2,3 milliards sont déjà débloqués.
Après deux années de négociations, Accra concrétise son premier accord bilatéral significatif en obtenant un allègement de dette de 87,7 millions d’euros auprès de la France, qui devient ainsi le premier pays du Club de Paris à soutenir concrètement le plan de redressement du Ghana. Ce protocole prévoit un rééchelonnement des échéances, une réduction des intérêts et une suspension partielle des paiements, offrant un sursis budgétaire vital à l’État ghanéen. Signé le 25 juillet 2025 par le ministre des Finances Dr Cassiel Ato Forson et William Ross, coprésident de l’OCC, l’accord marque un tournant dans la stratégie de restructuration engagée.
Cette avancée coïncide avec un rebond général de l’économie ghanéenne, désormais soutenue par un programme triennal de 3 milliards USD du FMI, dont environ 2,3 milliards ont déjà été déboursés. L’accord français renforce la crédibilité du plan et allège la pression sur les finances publiques, tout en libérant des marges de manœuvre pour investir dans les secteurs prioritaires comme la santé, l’éducation, l’agriculture et les infrastructures.
Des indicateurs macroéconomiques en nette amélioration
Accra présente aujourd’hui des taux d’inflation réduits à 13,7 % en juin 2025, contre 54,1 % en 2022. Les réserves de change couvrent désormais quatre mois d’importations, ce qui renforce la résilience économique et le taux de couverture extérieure. Le déficit budgétaire au premier semestre n’est que de 1,1 % du PIB, bien inférieur à la prévision de 2,4 %, ce qui permet de réviser le déficit fiscal prévu pour l’année à 3,8 % au lieu de 4,1 %.
Le FMI, pour sa part, a validé de nouvelles décaissements, notamment 367 millions USD lors de la quatrième revue, portant le total versé à ce jour à environ 2,3 milliards USD. Cette phase du programme confirme les progrès réalisés sur la dette et la stabilité macroéconomique, tout en maintenant les réformes structurelles engagées dans la gouvernance et le climat des affaires.
Bilan du processus de restructuration globale
Le Ghana a réussi à échanger ses Eurobonds dans le cadre du Common Framework du G20, avec un accord global de 2,8 milliards USD auprès d’une vingtaine de créanciers, incluant la France, la Chine, la Chine, les États-Unis et le Royaume-Uni. Cet accord permet un allègement sensible de la dette, avec une réduction des significations financières jusqu’à des paiements différés entre 2039 et 2043, à taux compris entre 1 % et 3 %. L’accord français s’insère dans cette dynamique et constitue un signal fort vers d’autres créanciers.
Pourquoi est-ce important ?
Cet accord franco-ghanéen n’est pas seulement symbolique : il ouvre une nouvelle phase pour le continent ouest-africain confronté à des niveaux d’endettement élevés. Il montre qu’un dialogue constructif, combiné à des réformes budgétaires rigoureuses, peut générer un soulagement financier mais aussi restaurer la confiance des marchés.
Pour l’Afrique de l’Ouest, cette dynamique constitue un modèle inspirant : l’accès aux financements multilatéraux combiné à la renégociation de dette bilatérale peut redonner de la marge budgétaire aux États fragilisés. Elle démontre que des pays comme le Ghana peuvent sortir d’une zone de crise en stabilisant leur économie, réduisant l’inflation, et relançant la croissance (de 5,3 % au T1 2025) tout en ramenant le déficit sous contrôle.
Enfin, cette trajectoire marque un tournant dans la relation entre pays créanciers et débiteurs africains. Elle illustre le potentiel d’une restructuration équitable, fondée sur des négociations bilatérales transparentes et qui favorisent les investissements dans les secteurs stratégiques de long terme, tout en préservant la viabilité budgétaire. C’est une leçon de résilience nationale pour toute la sous-région.