Tarifs douaniers américains : une menace pour l'Afrique, une opportunité pour renforcer son secteur financier
Donald Trump inflige des droits de douane sévères (Crédit Image : DW)
Les points clés
Les tarifs douaniers de l'administration Trump, en vigueur depuis avril 2025, visent plusieurs pays africains avec des taux allant jusqu'à 50 %.
Malgré ce contexte, les institutions financières africaines multiplient les initiatives pour diversifier les sources de financement.
La ZLECAf se positionne comme levier stratégique pour amortir les chocs externes et favoriser l’intégration financière régionale.
Le 5 avril 2025, l'administration Trump a mis en place de nouveaux tarifs douaniers, imposant un droit de base de 10 % sur la quasi-totalité des importations aux États-Unis, avec des taux pouvant atteindre 50 % pour certains pays africains. Cette mesure protectionniste vise à réduire le déficit commercial américain, mais elle a des répercussions significatives sur les économies africaines, notamment celles fortement dépendantes des exportations vers les États-Unis.
Par exemple, la Côte d'Ivoire est désormais soumise à un tarif de 21 %, ce qui pourrait affecter ses exportations de cacao et de produits manufacturés. De même, des pays comme le Lesotho et Madagascar, dont les économies reposent sur l'exportation de textiles vers les États-Unis, pourraient voir leur compétitivité diminuer sur ce marché crucial.
Résilience et dynamisme du secteur financier africain
Malgré ces défis, le secteur financier africain montre des signes de résilience et d'innovation. Afreximbank a récemment levé 2,2 milliards de yuans (environ 303 millions de dollars) sur le marché obligataire chinois, avec un taux d'intérêt annuel de 2,99 %, démontrant la capacité des institutions africaines à diversifier leurs sources de financement au-delà des marchés occidentaux traditionnels.
Par ailleurs, la Banque d'Investissement et de Développement de la CEDEAO (BIDC) a approuvé des financements totalisant 230 millions d'euros et 10 millions de dollars pour des projets d'infrastructure et de soutien au secteur privé en Afrique de l'Ouest, bénéficiant notamment au Nigeria, au Bénin et au Niger.
Le secteur de la finance numérique poursuit également sa croissance remarquable. Selon un rapport de la GSMA, la valeur des transactions de mobile money en Afrique a augmenté de 15 % en 2024, atteignant 1 105 milliards de dollars, illustrant la vitalité de l'innovation financière sur le continent et son potentiel d'inclusion financière.
La ZLECAf : un rempart stratégique
La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), entrée en vigueur en 2021, vise à créer un marché unique de 1,3 milliard de consommateurs avec un PIB cumulé de plus de 3 500 milliards de dollars. Elle représente une opportunité historique pour renforcer l'intégration économique du continent et favoriser la croissance des échanges commerciaux entre les nations africaines .Home -
Pour le secteur financier, la ZLECAf offre des perspectives de croissance considérables. L'intégration commerciale nécessite des services financiers transfrontaliers efficaces pour faciliter les paiements, le financement du commerce et la gestion des risques. Des initiatives telles que le Système panafricain de paiement et de règlement (PAPSS), lancé par Afreximbank, visent à simplifier les transactions transfrontalières et à réduire la dépendance à l'égard des devises fortes.
Pourquoi est-ce important ?
L'impact des nouveaux tarifs douaniers américains sur les économies africaines souligne la vulnérabilité du continent aux chocs externes. Cependant, cette situation met également en lumière l'importance de renforcer l'intégration économique régionale et de développer des mécanismes financiers autonomes.
La ZLECAf, en facilitant le commerce intra-africain et en stimulant le développement du secteur financier, offre une voie vers une plus grande résilience économique. En investissant dans des infrastructures financières régionales, en promouvant l'innovation technologique et en soutenant les petites et moyennes entreprises, l'Afrique peut transformer les défis actuels en opportunités de croissance durable.