15ᵉ Semaine de l’entrepreneuriat à Lomé : quand l’innovation de la jeunesse veut réécrire le récit économique
Les points clés :
La 15ᵉ édition de la Semaine de l’entrepreneuriat se tiendra du 17 au 23 novembre 2025 à Lomé, un espace de rencontre entre jeunes innovateurs, chefs d’entreprise et décideurs publics.
Ce rendez-vous vise à positionner le Togo comme hub sous-régional de l’innovation, en s’appuyant sur la digitalisation, l’accompagnement des startups et la mise en place de fonds dédiés.
Plusieurs milliers de participants sont attendus : selon des posts officiels, 5 000 personnes pourraient y prendre part, entre entrepreneurs et investisseurs.
L’organisation de la Semaine de l’entrepreneuriat à Lomé traduit une ambition constante du Togo de renforcer l’écosystème entrepreneurial local. En inscrivant cette 15ᵉ édition dans la stratégie nationale de développement de l’entrepreneuriat, les autorités visent à stimuler une culture entrepreneuriale durable qui ne se limite pas au discours, mais qui traduit des actes : financement, mentorat, simplification administrative.
Depuis ses premières éditions, cette rencontre est devenue un rendez-vous de visibilité, de réseautage et de cooptation pour de nombreux porteurs de projets togolais. Elle permet d’attirer des investisseurs, de mettre en lumière des innovations locales, de déclencher des partenariats et de créer des synergies entre publics et privés.
Une des caractéristiques de cette édition est l’attente prononcée autour de la digitalisation des démarches administratives comme levier de réduction des coûts et des barrières d’entrée. Le Togo espère ainsi rendre plus fluides les formalités relatives à la création et au fonctionnement d’entreprise. 
De plus, l’aspect financement est au cœur de l’équation : le succès de l’initiative dépendra en grande partie de la crédibilité et de l’accessibilité des fonds mis en place pour soutenir les innovations locales. Le secteur public, les institutions de microfinance, les bailleurs et les fonds d’investissement seront observés de près.
Un autre levier attendu est l’intégration régionale : en rassemblant des participants de la sous-région, la Semaine de l’entrepreneuriat peut devenir un trait d’union pour les échanges inter-états et un catalyseur de corridors d’affaires ou d’alliances transfrontalières.
Sur le plan quantitatif, les organisateurs annoncent 5 000 participants comme objectif pour cette édition. Cela inclut des jeunes porteurs de projets, des startups, des investisseurs, des experts et des décideurs. Cet afflux devra être bien géré en termes logistique, politique de contenu, suivi post-événement et valorisation des résultats.
Enjeux, défis et indicateurs de succès
L’enjeu principal est de transformer l’événement en effet durable. Une Semaine bien organisée mais sans suivi rigoureux perd de sa portée. Il faut que des projets amorcés durant cet événement débouchent effectivement sur des créations d’entreprises viables, des financements opérationnels et des montées en compétences réelles.
La structuration de l’écosystème est un défi permanent. Le Togo dispose déjà du Fonds d’Appui aux Initiatives Économiques des Jeunes (FAIEJ), qui joue un rôle crucial dans l’accompagnement des jeunes entrepreneurs. Mais ce fonds et d’autres instruments doivent être complétés par des mécanismes de risque, des cofinancements, des incubateurs, des pôles d’innovation performants, et des dispositifs de suivi rigoureux.
L’alignement politique est aussi essentiel. Pour que cette semaine ne soit pas qu’un symbole, il faut une cohérence entre les annonces faites pendant l’événement et les politiques publiques quotidiennes. Cela implique des réformes réelles, une gouvernance transparente, des incitations fiscales, et une réduction des frictions administratives.
L’inclusion est un autre défi de taille : la Semaine doit se déployer au-delà de Lomé, toucher les jeunes des zones rurales, des milieux moins favorisés, rendre accessible la participation aux inégalement dotés en ressources, et veiller à l’équité de genre.
Un bon indicateur de succès sera le taux de conversion des projets présentés en entreprises opérationnelles dans les 12 à 24 mois suivant l’événement, le montant des financements levés, l’exportation des innovations, la pérennité des startups ainsi créées.
Enfin, la qualité du contenu, les mentors, l’adéquation des panels, la capacité d’attirer des investisseurs crédibles, la facilitation du networking B2B, et la communication (valorisation médiatique) seront autant de facteurs décisifs.
Le contexte régional et les retours d’expériences
Le Togo n’est pas le seul à organiser de tels rendez-vous. Plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest organisent des semaines de l’entrepreneuriat ou des forums sur l’innovation (Bénin, Côte d’Ivoire, Sénégal, etc.). L’enjeu pour Lomé est de se différencier, offrir une valeur ajoutée, un écho régional, une attractivité internationale, plutôt que de répliquer mécaniquement.
L’expérience des pays qui ont réussi à faire de telles semaines des leviers de croissance montre que le suivi est primordial. Par exemple, dans certains pays où un forum d’innovation a été organisé sans structure post-événement, beaucoup de projets restent au stade de concept faute d’accompagnement durable.
L’intégration de thèmes porteurs (transition énergétique, fintech, agritech, économie verte) est un atout pour asseoir la pertinence de l’événement dans l’agenda mondial du développement durable.
L’inclusion des partenaires internationaux (institutions financières, organismes de développement, bailleurs) est souvent un catalyseur de crédibilité. Idéalement, Lomé pourrait attirer des délégations de la CEDEAO, de la Banque africaine de développement (BAD), de l’Organisation des Nations unies, et d’agences de développement bilatérales pour soutenir les projets participants.
Pourquoi est-ce important ?
Parce que dans une économie ouest-africaine marquée par le chômage des jeunes, la faiblesse de l’innovation locale et la dépendance aux importations, un événement d’envergure comme la Semaine de l’entrepreneuriat peut devenir un catalyseur de changement. Il offre une tribune aux jeunes talents, une visibilité aux innovations invisibles, et une voie vers la structuration d’un tissu entrepreneurial autonome.
Pour le Togo, c’est une opportunité de se positionner comme un hub régional de l’innovation, d’attirer des investissements étrangers, de générer des startups exportatrices, et de retenir une jeunesse brillante localement. Cela contribue aussi à diversifier l’économie, réduire la vulnérabilité aux chocs extérieurs, et bâtir une croissance inclusive.
Dans l’espace ouest-africain, cette semaine peut servir de modèle aux pays voisins : montrer qu’un petit pays peut organiser une plateforme régionale efficace, valoriser ses talents et créer des ponts entre start-ups et marchés régionaux. Si Lomé réussit, cela renforcera la coopération régionale, augmentera les flux d’investissement intra-zone, et aidera à transformer la vision de l’Afrique comme simple territoire de consommation en celui de l’innovation créatrice.
La clé est la continuité. Une semaine réussie ne suffit pas ; il faut un suivi, de l’accompagnement, des politiques cohérentes, et un écosystème qui ne repose pas uniquement sur des événements mais sur des structures durables. Si le Togo parvient à tenir ce pari, la 15ᵉ édition de 2025 pourrait marquer le tournant décisif de l’ère entrepreneuriale togolaise.