L’UE engage 618 millions € pour dynamiser la transition énergétique en Afrique : le Togo sur la ligne de départ
Les points clés :
L’Union européenne mobilise un paquet de 618 millions d’euros pour accélérer la transition énergétique africaine via l’initiative Global Gateway.
Ce montant s’ajoute à une enveloppe antérieure de 545 millions d’euros dédiée aux renouvelables en Afrique, portant l’engagement total à plus de 1,16 milliard d’euros en quelques semaines.
Le Togo est ciblé parmi les pays bénéficiaires avec des investissements dans le solaire, l’éolien, le renforcement des réseaux et le stockage d’électricité.
L’annonce d’un nouveau financement de 618 millions d’euros par l’Union européenne pour l’Afrique a été faite dans le cadre du Forum Global Gateway, lors duquel la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a présenté ce soutien comme un levier pour « Scaling Up Renewables in Africa ». Ce financement s’ajoute à une récente enveloppe de 545 millions d’euros, annoncée fin septembre, destinée à la promotion des énergies renouvelables, l’électrification rurale, et la modernisation des réseaux dans plusieurs États du continent.
L’initiative s’inscrit dans le cadre stratégique du Global Gateway, la feuille de route européenne pour des infrastructures durables, numériques et énergétiques dans les pays partenaires. L’Union a déjà adopté 138 projets phares avec l’Afrique entre 2023 et 2025, dans des secteurs tels que l’énergie verte, les corridors de transport, la connectivité digitale et plus encore. Dans le domaine de l’énergie, le volet « Africa-Europe Green Energy Initiative » vise à augmenter la production renouvelable, favoriser l’intégration des marchés électriques et appuyer des réformes réglementaires favorables.
Le soutien « Team Europe » (composé de l’UE, ses États membres et ses institutions financières) est mobilisé pour accompagner ces investissements. Par exemple, la Commission européenne a convenu d’un accord de partenariat avec la Banque africaine de développement pour cofinancer des infrastructures dans l’énergie, le transport et la connectivité. Le rôle de garanties (notamment via l’IFC) est aussi accru pour désamorcer les risques perçus par les investisseurs privés.
La campagne « Scaling Up Renewables in Africa » vise à amplifier les contributions publiques et privées, dans l’objectif de connecter davantage de foyers au réseau électrique propre, de stimuler l’industrialisation verte et de générer des emplois « verts ». Le défi capital est de transformer ce potentiel en réalisations concrètes à l’échelle locale.
Le cas du Togo : opportunités et défis
Le Togo figure parmi les pays explicitement mentionnés comme futurs bénéficiaires du plan de 618 millions €, aux côtés du Kenya, de la Mauritanie, de la RDC, etc. Cela signifie que des projets solaires, éoliens, des renforcement de réseaux de distribution et du stockage d’énergie pourront être financés dans le pays.
Pour le Togo, un tel appui pourrait renforcer ses ambitions de modernisation énergétique, améliorer l’accès à l’électricité, notamment en zones rurales ou périurbaines, et stabiliser les réseaux pour absorber davantage de sources intermittentes (solaire, éolien). Ce soutien (s’il est couplé avec des réformes réglementaires, des incitations aux investissements privés et des capacités de gestion) pourrait accélérer la transition énergétique nationale.
Cependant, pour tirer parti de ce financement, le Togo doit relever plusieurs défis : garantir la mise en œuvre effective des projets, veiller à la transparence des appels d’offres, assurer la maintenance et la pérennité des infrastructures, coordonner les acteurs publics et privés, et renforcer les compétences locales (ingénieurs, techniciens, opérateurs). Sans ces conditions, les risques de retard, de surcoûts ou d’investissement inefficace sont réels.
De plus, la composante interconnexion régionale constitue une opportunité : les réseaux ouest-africains peuvent bénéficier d’une meilleure intégration grâce aux compartiments énergétiques croisés, ce qui favoriserait la stabilité, la solidarité électrique et les échanges multi-pays.
Pourquoi est-ce important ?
Parce qu’il s’agit d’un tournant dans la façon dont le continent africain peut mobiliser des ressources pour sa transition énergétique, non plus de manière marginale mais à grande échelle. Le soutien de l’UE via le Global Gateway constitue un signal fort que la transition verte est désormais une priorité géostratégique, pas uniquement un enjeu moral.
Pour les pays d’Afrique de l’Ouest, dont le Togo, cela crée un contexte propice à l’investissement : des conditions de financement plus favorables, une impulsion politique internationale, et une demande accrue pour des solutions renouvelables adaptées. Ces financements peuvent catalyser des projets pilotes, renforcer la confiance des investisseurs, et déclencher des effets de levier privés.
La transition énergétique est aussi un vecteur de création d’emplois verts, de réduction des importations d’énergie fossile, de stabilité des réseaux, et de réduction de la vulnérabilité aux chocs énergétiques externes (hausse des prix du pétrole, turbulence des marchés).
Enfin, c’est une manière d’avancer vers une autonomie énergétique plus affirmée. En s’appuyant sur ses propres ressources renouvelables (soleil, vent), un pays peut mieux contrôler ses coûts, renforcer sa résilience aux changements climatiques et bâtir un système énergétique plus durable.