Transition solaire : le Togo transforme son paysage énergétique et rural

Les points clés :

  • Un village togolais, Godjémé, est désormais alimenté par une mini-centrale solaire de 30 kW, financée à plus de 105 millions FCFA.

  • La centrale solaire de Blitta, baptisée « Sheikh Mohammed Bin Zayed Solar Power Plant », a été inaugurée en 2021 avec 50 MW, portée à 70 MW en 2023, avec un projet d’extension à 100 MW.

  • Le projet de centrale de Sokodé (62 MWc, 87 GWh/an) et celui de Dapaong (25 MW, 33 600 t CO₂/an évitées) illustrent la montée en puissance du solaire au Togo.


Dans un contexte ouest-africain où l’accès à l’électricité reste un frein majeur au développement rural et à l’industrialisation, le Togo multiplie les initiatives pour basculer vers des sources d’énergie renouvelable. Cette transition énergétique s’articule à la fois autour de grands parcs solaires de plusieurs dizaines de mégawatts et de petites installations décentralisées qui transforment directement le quotidien des populations isolées.

Une victoire pour l’accès à l’énergie rurale : Godjémé

Le village de Godjémé, situé dans la préfecture de Yoto, est désormais alimenté par une mini-centrale solaire d’une capacité de 30 kW : composée de 50 panneaux photovoltaïques et de batteries lithium-ion, cette infrastructure financée par la Banque mondiale (« WACA ResIP ») et l’État togolais à hauteur de plus de 105 millions FCFA permet l’électrification des foyers et l’éclairage public.
Au-delà de l’alimentation domestique, la plateforme facilite désormais des activités de transformation (moudre le maïs, râper le manioc, décortiquer le riz), ce qui réduit la charge financière des familles et stimule l’économie locale.
Ce type de mini-centrale illustre l’approche inclusive adoptée par Lomé : pas seulement grandes centrales, mais aussi solutions adaptées aux villages, permettant une transition énergétique plus équitable.

Le pari solaire à grande échelle : Blitta et au-delà

Au nord de Lomé, à Blitta, a été inaugurée en juin 2021 la centrale solaire photovoltaïque Sheikh Mohammed Bin Zayed de 50 MW d’abord. Elle était conçue pour alimenter plus de 158 333 ménages et offrir une production annuelle d’environ 90 255 MWh.
En 2022/2023, un accord de financement de 25 millions de dollars (environ 15,79 milliards FCFA) a été signé avec l’Abu Dhabi Exports Office pour porter la capacité à 70 MW + stockage 4 MWh, avec un objectif vers 100 MW + 14 MWh à terme.
Cette centrale est présentée comme « la plus grande centrale solaire d’Afrique de l’Ouest » dans sa catégorie. Elle s’inscrit dans la stratégie nationale qui vise 50 % d’énergies renouvelables dans le mix d’ici 2025.
Pour le Togo, un tel investissement représente non seulement un pas vers la sécurité énergétique mais également une réduction massive des émissions de CO₂ et une attractivité accrue pour les investisseurs en énergies propres.

Autres projets structurants : Dapaong et Sokodé

Le Togo ne s’arrête pas là. Le 22 avril 2025 a été lancé officiellement le projet de centrale solaire de Dapaong (région nord) d’une capacité de 25 MW (36 000 panneaux) et capable d’alimenter 29 000 foyers, avec une économie estimée à 33 600 tonnes de CO₂/an.
Parallèlement, un projet à Sokodé de 62 MWc est en cours, avec un financement validé de 17,4 milliards FCFA par la Banque africaine de développement (BAD) et le Fonds pour l’énergie durable en Afrique (SEFA). Cette infrastructure devrait produire 87 GWh/an.
Ces développements montrent que le Togo focalise ses efforts autant sur les grands parcs photovoltaïques que sur la couverture énergétique régionale, volet essentiel pour l’industrialisation, l’agriculture mécanisée et l’intégration régionale.

Enjeux environnementaux et technologiques

La dimension environnementale est centrale dans ces projets. Par exemple, la centrale de Blitta vise à éviter plus d’un million de tonnes de CO₂ sur sa durée de vie.
En plus de l’électricité, les batteries associées aux centrales solaires renforcent la fiabilité du réseau, un enjeu crucial dans les zones rurales souvent exclues ou sujettes à des coupures fréquentes.
Enfin, la diversification énergétique, la réduction de la dépendance aux combustibles fossiles et l’alignement avec les objectifs de l’Organisation des Nations Unies (ODD 7 énergies propres) et de l’ODD 13 (action climatique) placent le Togo dans une trajectoire d’avenir.

Pourquoi est-ce important ?

Pour l’Afrique de l’Ouest, ces projets togolais témoignent de la possibilité réelle de combiner électrification rurale, transition énergétique et création de valeur locale. L’accès à l’électricité reste un verrou majeur au développement rural et à l’agriculture mécanisée, deux piliers pour la croissance inclusive.
Le cas du Togo montre que les stratégies peuvent être différenciées mais complémentaires : mini-réseaux dans les villages, grands parcs solaires pour l’alimentation nationale et l’export. Chaque accident d’investissements solaires devient un catalyseur pour compétences locales, emplois, formation, réduction des coûts d’énergie et développement industriel.
Pour les États voisins, ces exemples sont des pistes à suivre : améliorer l’attractivité des investissements en renouvelables, renforcer l’intégration régionale des réseaux, et inscrire la transition énergétique comme un vecteur clé de croissance, compétitivité et résilience climatique.
En clair, ces avancées signifient que l’énergie propre n’est plus seulement un objectif environnemental, mais un moteur de transformation économique pour les pays ouest-africains.

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