Togo : retour réussi sur le marché UMOA-Titres avec une levée de 27,5 milliards FCFA
Les points clés :
Le Togo a mobilisé 27,5 milliards FCFA le 24 octobre 2025 via une émission régionale de titres publics auprès de UMOA‑Titres, dépassant l’objectif initial de 25 milliards FCFA.
Le taux de couverture a atteint 213,31 % avec un carnet d’ordres de 53,32 milliards FCFA, signe d’une forte demande des investisseurs régionaux.
Cette opération se structure en une émission de Bons Assimilables du Trésor (364 jours) et une OAT à 3 ans, à des rendements de 5,84 % et 7,83 % respectivement, traduisant une compétitivité accrue de la signature souveraine togolaise.
Le 24 octobre 2025 marque une date importante pour le Togo sur le front de la finance publique régionale. Après une absence de plus de deux mois sur le marché de l’Union Monétaire Ouest-Africaine (UMOA), Lomé a opéré un retour hautement remarqué grâce à une émission combinée de Bons Assimilables du Trésor (BAT) à court terme et d’Obligations Assimilables du Trésor (OAT) à moyen terme. Selon l’agence UMOA-Titres, la cible initiale de 25 milliards FCFA a été dépassée et 27,5 milliards FCFA ont finalement été retenus.
L’afflux d’ordres révèle une confiance renouvelée des investisseurs. En effet, le carnet d’ordres avait atteint 53,32 milliards FCFA, soit plus du double de l’offre, conduisant à un taux de couverture supérieur à 213 %. Ce niveau de souscription est particulièrement significatif pour la signature togolaise, qui renoue avec les marchés régionaux dans une période de recomposition financière.
Sur le plan technique, l’opération s’est décomposée comme suit : 8,1 milliards FCFA mobilisés pour le BAT 364 jours à un rendement moyen de 5,84 %, et 19,4 milliards FCFA pour une OAT à 3 ans à un rendement moyen de 7,83 %. Aucun montant n’a été retenu pour l’OAT à 5 ans initialement envisagée, ce qui montre un choix sélectif du Trésor en matière de maturité.
Ce succès intervient dans un contexte où le Togo souhaitait diversifier ses sources de financement, renforcer la liquidité de ses instruments et asseoir sa crédibilité financière dans l’espace UMOA. Le cumul des émissions depuis le début de l’année s’élève désormais à 292 milliards FCFA, pour un objectif annuel de 332 milliards FCFA.
Derrière ces chiffres, plusieurs facteurs expliquent cette dynamique : la stabilisation récente des risques macro-économiques, les réformes en cours pour améliorer l’environnement des affaires au Togo, et une stratégie consciente de retour sur le marché régional aux côtés des autres États membres de l’Union. Ces éléments combinés ont produit un effet « signal » pour les investisseurs.
Cependant, cette réussite n’efface pas les défis : le coût de financement reste élevé, la maturité retenue relativement courte, et la vulnérabilité face aux chocs externes demeure existante. La gestion de la dette, la discipline budgétaire et l’amélioration des fondamentaux économiques seront essentiels pour transformer ce succès ponctuel en véritable ancrage durable.
Pourquoi est-ce important ?
Au niveau de l’économie ouest-africaine, cette émission togolaise revêt plusieurs significations. D’abord, elle illustre que les États membres de l’UMOA peuvent mobiliser des capitaux régionaux avec succès, ce qui renforce l’intégration financière et limite la dépendance exclusive aux marchés internationaux. Pour les investisseurs, elle conforte l’idée que la région devient progressivement un espace de financement dynamique et structuré.
Ensuite, pour le Togo lui-même, cette opération est un signal fort de crédibilité. Le fait de capter plus du double des ordres demandés (taux de couverture > 200 %) améliore la perception de risque pays. Cela peut réduire le coût futur de l’endettement et ouvrir la voie à des financements plus longs ou mieux calibrés. Une signature renforcée est un facteur d’attractivité pour les investisseurs étrangers, les investissements directs étrangers (IDE) et les partenariats stratégiques.
Par ailleurs, cette dynamique intervient dans un contexte plus large de mutation économique : diversification des activités, industrialisation, logistique, urbanisation. Le financement souverain retrouve ainsi un rôle de levier pour accompagner ces transformations. Dans une sous-région où la croissance repose de plus en plus sur la mobilisation interne des ressources, les émissions de titres publics jouent un rôle structurant.
Enfin, d’un point de vue Sénégal, Bénin, Côte d’Ivoire ou Burkina Faso, cet événement renforce l’alignement des États de l’UMOA autour d’un marché régional des capitaux. Cette cohésion permet d’installer un benchmark et des standards partagés, ce qui bénéficie à tous les membres. Les retombées d’un succès togolais ne sont donc pas limitées à ses frontières : c’est un effet d’entraînement pour la sous-région.
En conclusion, l’émission de 27,5 milliards FCFA du Togo sur le marché UMOA-Titres est bien plus qu’une simple collecte de fonds : c’est un marqueur de maturité financière, de confiance renouvelée, et de potentiel concret pour la relance économique ouest-africaine. Pour que ce succès soit durable, il faudra néanmoins poursuivre les réformes, prolonger la maturité des financements et traduire cette confiance en investissements productifs.