Bénin : 116 milliards FCFA de la BAD pour faire des 77 communes de véritables pôles d’attractivité économique


Les points clés :

  • La Banque africaine de développement (BAD) a approuvé un financement de 117 millions d’euros (≈ 116 milliards FCFA) pour le programme d’appui au développement économique des collectivités territoriales (PADECT).

  • Le PADECT couvrira les 77 communes du Bénin sur la période 2026-2031, avec pour objectif de renforcer la gouvernance locale, stimuler l’investissement privé et promouvoir l’égalité de genre.

  • Le financement inclut des mesures pour la digitalisation des communes, le soutien aux PME locales et l’ambition de faire des collectivités territoriales des moteurs de transformation économique.


Au cœur d’un nouvel élan pour l’aménagement du territoire et la dynamisation économique locale, le Bénin s’engage à faire de ses 77 communes des pôles d’attractivité pour les investissements privés, dans un cadre de gouvernance plus moderne et inclusif. Ce projet, structuré sous la bannière du programme d’appui au développement économique des collectivités territoriales (PADECT), vient d’être approuvé par la Banque africaine de développement (BAD) avec un montant de 117 millions d’euros (soit environ 116 milliards FCFA) à déployer sur la période 2026-2031.

Le PADECT s’intègre dans les grandes orientations du gouvernement béninois, notamment la politique nationale de décentralisation et de déconcentration 2024-2033, ainsi que la vision « Bénin 2060 ALAFIA ». Ce financement découle d’un prêt de 110 millions d’euros de la BAD, complété par 7 millions d’euros du Fonds africain de développement (FAD), qui vise à transformer les communes en points d’attraction économique durable.

Sur le terrain, le programme vise à doter les collectivités territoriales de capacités accrues pour exécuter leurs plans de développement communal, améliorer l’accès au financement des PME, notamment par le biais de l’Agence de développement des PME, et garantir une représentation minimale de 30% de femmes dans les instances locales et initiatives financées. Cette dimension genre témoigne d’une volonté forte d’intégrer l’aspect social et économique à la fois.

Le rapport d’évaluation environnementale et sociale du PADECT, publié par le ministère de l’Économie et des Finances du Bénin, détaille les composantes : la création d’un environnement local propice aux entreprises, la transformation numérique des collectivités, et le soutien aux actions climatiques au niveau local. Il montre que les collectivités territoriales auront un rôle accru dans la gouvernance locale, notamment par la mise en œuvre de documents de planification communaux et l’appui à l’investissement local.

Outre l’augmentation de la compétitivité des agents économiques locaux, le PADECT ambitionne de densifier le réseau numérique, d’étendre l’administration électronique des communes, et de faire des collectivités des plateformes numériques pour les entreprises et citoyens. Le Bénin considère ainsi que l’attractivité locale passe désormais par la maîtrise des services numériques, de la gouvernance territoriale et de l’inclusion économique.

Cet effort s’inscrit dans une logique plus large de la BAD : promouvoir un développement territorial qui met à l’honneur la décentralisation, l’entrepreneuriat local, la digitalisation et la résilience climatique. Le choix de travailler à l’échelle des communes traduit la prise de conscience que la croissance économique ne peut être uniquement nationale mais doit s’appuyer sur des territoires compétitifs.

Cependant, pour que ce programme porte ses fruits, plusieurs défis devront être relevés. Il s’agira de veiller à la qualité des projets, de garantir la transparence dans l’octroi des ressources, d’assurer que les communes disposent d’un vrai pouvoir d’investissement, et que les mécanismes de suivi-évaluation soient robustes. Le rapport de soutien environnemental et social souligne notamment la nécessité d’éviter que des sous-projets ne génèrent des impacts négatifs ou des déplacements involontaires de populations.

Pourquoi est-ce important ?

L’investissement de la BAD au Bénin à travers le PADECT marque une étape significative pour l’évolution des économies ouest-africaines. D’abord parce qu’il traduit un basculement de l’approche centralisée vers une dynamique de développement territorial. En renforçant les capacités et l’attractivité des communes, le Bénin ouvre la voie à une croissance plus inclusive, plus répartie géographiquement, et mieux ancrée localement.

Ensuite, cet effort est un catalyseur pour l’écosystème des PME. En facilitant l’accès au financement local, en incluant la digitalisation des services et en garantissant l’égalité de genre, le programme favorise l’émergence d’entrepreneurs et d’emplois dans les territoires. Cela répond aussi aux objectifs de transformation structurelle des économies africaines : passer d’un modèle dominé par l’agriculture et les matières premières à des services, de la transformation et de l’innovation territoriale.

Sur la dimension environnementale et climatique, l’ancrage local permet une meilleure prise en compte des risques, une gouvernance plus proche des populations et une mobilisation de l’action publique locale, ce qui est essentiel dans un contexte de changement climatique et d’impacts territorialisés. Le programme intègre cette dimension par sa troisième composante dédiée aux actions climatiques.

Pour les autres pays ouest-africains, le modèle béninois peut servir de référence. L’idée de transformer les collectivités territoriales en pôles économiques crédibles est un chantier utile dans une région où l’intégration régionale, la décentralisation et la transformation numérique sont des leviers de compétitivité. En favorisant la montée en puissance des territoires, on renforce la résilience économique nationale, on diversifie les moteurs de croissance et on stimule des dynamiques internes plutôt que des dépendances externes.

Enfin, l’enjeu est stratégique pour attirer l’investissement privé. Un territoire local bien structuré, digitalisé et compétitif est un argument pour les investisseurs nationaux et internationaux. En renforçant ses communes, le Bénin améliore son attractivité globale et s’inscrit dans la logique des objectifs de développement durable (ODD) et de l’agenda 2063 de l’Union africaine.

En somme, ce financement de 116 milliards FCFA et le déploiement du PADECT symbolisent une ambition de rupture : celle de faire de chaque commune un acteur de croissance et de compétitivité. Le succès de cette transition territoriale pourrait bien être déterminant pour l’avenir économique du Bénin, et inspirer d'autres États de la zone à entreprendre des changements similaires.

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